Le CRIF rejette l’idée que le RN préside un groupe d’étude sur l’antisémitisme à l’AN
Yaël Braun-Pivet a expliqué que les nominations à la présidence des groupes n'avaient pas encore été confirmées, et que rien n'était encore fait
Ce mercredi, Yonathan Arfi, président du CRIF, s’est alarmé sur Twitter du fait que le groupe d’étude sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale pourrait être présidé par un député Rassemblement national.
« Un groupe d’étude sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale présidé par le RN !? Si cela devait arriver, jamais le CRIF et les institutions juives ne participeront à cette mascarade. Ce serait une ineptie et une manipulation inacceptables », a-t-il écrit, publiant une liste officielle « d’intitulés des 80 groupes d’études retenus et attribution de leur présidence aux groupes politiques ».
Cette liste, qui montre en effet que le groupe d’étude sur l’antisémitisme serait dirigé par un député RN, faisait suite à la tenue d’une réunion de la délégation du Bureau chargée des groupes d’études de l’Assemblée mardi dernier.
Le RN s’est en effet porté volontaire pour présider douze groupes d’études, dont celui sur l’antisémitisme.
« J’appelle les députés et Yaël Braun-Pivet [présidente de l’Assemblée nationale] à tout faire pour empêcher cette perspective, qui ferait perdre toute légitimité à ce groupe d’étude et déshonorerait l’ensemble des participants. La lutte contre l’antisémitisme ne doit faire l’objet d’aucune instrumentalisation politique », a ajouté Yonathan Arfi.
Un groupe d'étude sur l'antisémitisme à @AssembleeNat présidé le #RN !?
Si cela devait arriver, jamais le Crif et les institutions juives ne participeront à cette mascarade.
Ce serait une ineptie et une manipulation inacceptables.
(1/2) pic.twitter.com/fcORUMYgxM— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) November 9, 2022
« J’apprends que le RN est en passe d’obtenir la présidence du groupe de travail de l’Assemblée nationale sur l’antisémitisme… Cela ressemble à un mauvais gag ! », a quant à lui écrit Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié. « Je refuse de participer aux travaux d’un tel groupe et en appelle à Yaël Braun-Pivet pour qu’elle intervienne ! »
J’apprends que le @RNational_off est en passe d’obtenir la Présidence du groupe de travail de l’@AssembleeNat sur l’#antisémitisme…Cela ressemble à un mauvais gag !
Je refuse de participer aux travaux d’un tel groupe et en appelle a @YaelBRAUNPIVET pour qu’elle intervienne !— Ariel Goldmann (@GOLDMANNAriel) November 9, 2022
Yaël Braun-Pivet est néanmoins intervenue dans la foulée – sur Twitter – pour indiquer que la répartition des intitulés devait encore faire l’objet d’une concertation, et que celle-ci ne serait définitivement arrêtée qu’en décembre. La liste postée par Yonathan Arfi n’est ainsi qu’une première version des nominations, qui restent à débattre. La procédure « pour la création et l’attribution des groupes d’études » est toujours en cours, a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Twitter. « Ce processus se poursuit par une phase de concertation », a-t-elle ajouté.
Une prochaine réunion – parmi d’autres – doit ainsi se tenir le 16 novembre prochain. Au final, uniquement « le bureau de l’Assemblée nationale, seul compétent, décidera, le 7 décembre prochain, de la création des groupes d’études et de la répartition des présidences et vice-présidences », a écrit Yaël Braun-Pivet. « Aucune liste ne saurait être considérée comme actée avant ce terme », a-t-elle ajouté.
Outre les deux responsables communautaires juifs, de nombreux députés ont également déploré la possibilité que le groupe soit dirigé par un député RN. Thomas Portes, élu de La France insoumise (LFI), et Sandrine Rousseau, députée Europe-Ecologie-les-Verts (EE-LV), ont également réagi, rejetant cette éventualité.
Le site de l’Assemblée nationale indique que les groupes d’études sont des structures qui rassemblent députés ou sénateurs sur de nombreuses thématiques. « Leur mission est d’assurer une veille juridique et technique sur des questions trop spécialisées pour faire l’objet d’un examen suivi par les commissions permanentes », est-il écrit. Les responsables politiques peuvent ainsi notamment, dans ce cadre, visiter des sites ou auditionner des personnalités.