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Le département d’État US signale un antisémitisme persistant dans les écoles du Qatar

L'enquête annuelle sur la liberté de religion indique que les manuels scolaires qataris continuent à contenir des contenus haineux, ce qui contraste avec les efforts de Doha pour être perçu comme un allié occidental modéré

L'émir du Qatar Tamim bin Hamad à Doha, Qatar, le 13 septembre 2022. (Crédit : Bureau des médias de la présidence égyptienne via AP)
L'émir du Qatar Tamim bin Hamad à Doha, Qatar, le 13 septembre 2022. (Crédit : Bureau des médias de la présidence égyptienne via AP)

L’école préparatoire Talha bin Obaidullah du Qatar, située à quelques kilomètres au nord de la capitale Doha, a organisé en novembre une exposition d’art intitulée « Gaza dans nos cœurs ».

À côté d’odes à Jérusalem en tant que capitale de la Palestine, et d’affiches appelant au boycott de diverses marques pour leurs liens supposés avec Israël, un pan de mur présentait des travaux d’étudiants dans le cadre d’une présentation intitulée « Les attributs des Juifs ». Des phrases placardées sur le mur qualifient les Juifs de « corrompus, assassins de prophètes, trompeurs et arrogants ».

Des photos de l’exposition ont été publiées sur le compte Facebook de l’école, où elles peuvent encore être consultées.

Cette exposition a été mentionnée dans le rapport du département d’État américain sur la liberté religieuse internationale pour l’année 2023, publié il y a deux semaines, comme preuve de l’antisémitisme qui imprègne toujours le système éducatif qatari, et qui a refait surface à de multiples reprises lors d’événements publics depuis le 7 octobre.

« Malgré quelques améliorations dans le programme national du Qatar et dans certains manuels au cours de l’année scolaire 2021-2022, en 2023, le programme national a continué à inclure des contenus intrinsèquement antisémites », peut-on lire dans le rapport.

Le document cite également un autre incident antisémite qui s’est produit dans un établissement d’enseignement public qatari en novembre.

L’école préparatoire et secondaire Mesaieed pour garçons, située au sud de Doha, a diffusé sur X une vidéo filmée lors d’une prière commune organisée dans le hall de l’école. Pendant la prière, un imam a maudit les Juifs, les qualifiant « d’ennemis d’Allah », et a demandé à Allah de « nous accorder le djihad contre les Juifs avec nos âmes, nos richesses et nos paroles ».

Le rapport du département d’État s’appuie sur une étude récemment publiée par l’organisation à but non lucratif IMPACT-se, qui surveille les programmes d’enseignement dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

L’étude, rendue publique en juin, est basée sur l’analyse de 55 manuels scolaires qataris et conclut que les contenus antisémites et anti-israéliens dans le système éducatif qatari persistent malgré quelques améliorations enregistrées au cours de l’année scolaire 2021-2022 par rapport à la période précédente (2016-2020).

En 2020, IMPACT-se a déterminé que le programme scolaire qatari ne répondait pas aux normes internationales en matière d’éducation à la paix et à la tolérance, établies par l’organisation à but non lucratif sur la base des déclarations de l’ONU et de l’UNESCO.

Deux ans plus tard, l’organisation à but non lucratif a constaté que la pétromonarchie du Golfe avait supprimé certains contenus antisémites de ses contenus pédagogiques, qu’elle avait progressé dans la réduction de la haine envers les non-musulmans en général et qu’elle avait atténué l’encouragement au djihad violent. Même le ton utilisé à l’égard d’Israël, qui a fait l’objet d’une attention disproportionnée et a été traité avec une hostilité manifeste, s’est avéré plus modéré, selon le rapport.

Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, et d’autres dirigeants du Hamas dirigent une prière avant d’organiser un dîner de rupture du jeûne du ramadan Iftar au Qatar avec des fonctionnaires qataris et des diplomates internationaux, le 13 avril 2023. (Crédit : Hamas.ps)

Toutefois, les manuels scolaires du ministère de l’Education de Doha pour l’année scolaire 2023-2024, ainsi que de contenus parascolaires provenant d’activités extrascolaires organisées dans les écoles qataries, ont révélé de nombreux exemples de tropes antisémites persistants, ce qui permet de conclure que la position ambiguë du Qatar en tant qu’allié de l’Occident et défenseur du fondamentalisme islamiste est restée inchangée, et que sa rhétorique anti-israélienne s’est parfois accentuée à la suite de l’assaut du Hamas du 7 octobre.

« L’évolution positive des manuels scolaires constatée les années précédentes a atteint un plateau », souligne le rapport de l’organisme de surveillance basé à Londres et à Tel-Aviv.

IMPACT-se a constaté dans son rapport qu’en 2023, les contenus éducatifs qataris « reflétaient encore à bien des égards la même tension générale à laquelle sont confrontés les dirigeants du Qatar : entre les affinités islamistes du Qatar et son désir d’être perçu comme un leader ouvert, neutre et progressiste dans la région du Golfe. Les manuels scolaires apprennent aux enfants qataris à accepter ceux qui sont différents d’eux et prônent la paix. Mais parallèlement, ils relaient des théories antisémites et renforcent le soutien présumé du régime qatari aux groupes militants islamistes ».

Le numéro d’équilibriste du Qatar

La petite monarchie du Golfe, l’un des pays les plus riches du monde, est considérée comme un solide allié de l’Occident. Elle accueille la plus grande base américaine au Moyen-Orient et l’administration américaine l’a désignée comme un « allié majeur non membre de l’OTAN » en 2022.

Parallèlement, la famille régnante qatarie finance le Hamas depuis des années, ainsi qu’une vingtaine d’autres groupes islamistes au Moyen-Orient et en Afrique. On estime que Doha a financé le groupe terroriste palestinien à hauteur de 1,5 milliard de dollars au cours de la dernière décennie, alors qu’il s’armait et s’entraînait en vue du massacre perpétré le 7 octobre, au cours desquelles 1 200 personnes ont été tuées dans le sud d’Israël et environ 250 ont été enlevées et retenues en captivité à Gaza.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken (à gauche) rencontrant l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, au palais de Lusail, à Doha, le 6 février 2024. (Credit : Mark Schiefelbein/POOL/AFP)

La capitale du pays accueille toujours le chef du politburo du Hamas, Ismail Haniyeh, et une grande partie des dirigeants du groupe terroriste en exil, qui ont été logés dans des hôtels luxueux alors que les civils gazaouis doivent supporter les conséquences de la guerre lancée par le Hamas.

La monarchie s’est également positionnée comme l’un des principaux médiateurs entre Israël et le Hamas, en plus de l’Égypte, et a accueilli de nombreux cycles de négociations à Doha, ce qui lui a permis de rehausser son profil diplomatique malgré sa petite taille.

Le rapport IMPACT-se sur les manuels scolaires qataris a révélé que les Juifs sont souvent décrits comme des manipulateurs des affaires mondiales et n’ont aucun lien avec leur terre d’origine. L’État d’Israël est régulièrement désigné comme la « Palestine » sur les cartes des manuels et lors des manifestations scolaires pro-palestiniennes, comme l’illustre un autre rapport publié par le Middle East Media Research Institute (MEMRI) en décembre.

Des supporters agitent le drapeau palestinien et applaudissent avant le match de la Coupe du monde de football entre le Qatar et l’Équateur au stade Al Bayt à Al Khor, le 20 novembre 2022. (Crédit : Ariel Schalit/AP)

Cela contraste avec les efforts de Doha pour être perçu comme un médiateur neutre dans le conflit en cours entre Israël et le Hamas, et son soutien présumé à une solution à deux États, qui présuppose la reconnaissance de l’existence d’Israël.

L’antisémitisme dans les manuels scolaires

La polémique contre les Juifs dans le matériel éducatif est souvent formulée en termes religieux. IMPACT-se a découvert qu’un manuel d’éducation islamique pour la 8e année contenait une leçon axée sur la façon dont les Juifs ont initialement rejeté Moïse et Jésus et concluait que « personne n’est plus mauvais » que les personnes qui « ont été invitées à l’islam et l’ont rejeté ».

Un manuel de religion destiné aux lycéens leur demandait d’éviter de « ressembler » aux Juifs, ce qui était un élément intrinsèque d’une bonne adhésion à l’enseignement islamique.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas rencontre l’émir qatari Tamim bin Hamad Al Thani à Doha le 30 novembre 2021. (Crédit : WAFA)

Un deuxième type d’antisémitisme a été utilisé pour promouvoir un récit nationaliste arabe contre Israël, niant les liens des Juifs avec leur terre ancestrale, présentant l’autodétermination juive comme injustifiable et raciste, légitimant la violence contre les Israéliens et omettant des informations qui favoriseraient la compréhension de l’expérience juive.

Par exemple, un chapitre d’un manuel d’Histoire pour les élèves de Première sur la Seconde Guerre mondiale et l’autobiographie d’Hitler, Mein Kampf, ne mentionnait pas la Shoah, ni les éléments antisémites de l’idéologie hitlérienne.

Selon le rapport, les attentats suicides et les actes terroristes perpétrés par le Hamas et d’autres factions palestiniennes au cours de la Première et la Seconde intifada ont été qualifiés par euphémisme « d’opérations armées » ou « d’opérations militaires » et présentés comme une réaction naturelle à l’oppression israélienne.

Une photo de l’émir qatari Tamim bin Hamad rencontrant Ismail Haniyeh, qui vit à Doha et dirige le bureau politique du Hamas, a été incluse dans un manuel d’Histoire destiné aux élèves de Terminale.

L’émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani (à droite), lors d’une réunion avec le chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyeh (à gauche) et le responsable Khaled Meshaal à Doha, au Qatar, le 17 octobre 2016. (Crédit : communiqué du gouvernement du Qatar)

Dans un exercice tiré d’un manuel de langue arabe, des élèves de Quatrième devaient analyser un poème intitulé « Palestine » qui exhortait les lecteurs arabes à s’engager dans un djihad violent, à « tirer l’épée » et à sacrifier leur vie pour défendre la Palestine et Jérusalem contre « les oppresseurs » et « les bouchers ».

La rhétorique incendiaire que l’on trouve dans les manuels scolaires qataris contraste fortement avec les prises de positions publiques de ses dirigeants et diplomates, qui ont à plusieurs reprises dénoncé l’antisémitisme et vanté la promotion de la tolérance et de la modération par la monarchie.

Dans une déclaration publiée en mai, l’ambassade du Qatar à Washington a condamné l’antisémitisme – et l’islamophobie – et s’est attaquée à une « campagne de désinformation » à son encontre après que Doha a été critiquée pour avoir versé des milliards de dollars de dons à des universités américaines en échange de la promotion de son programme de politique étrangère et du renforcement des attitudes anti-israéliennes dans le monde universitaire.

Malgré l’offensive de charme que mène Doha pour rester dans les bons papiers de Washington, le département d’État américain ne s’est pas privé de souligner les problèmes de la monarchie et les contradictions entre sa rhétorique et ses politiques.

Le rapport sur la liberté religieuse sur l’année 2023 a également révélé qu’au Qatar, un pays d’environ 2,5 millions d’habitants, dont seulement 11 % sont des citoyens, la discrimination est toujours omniprésente à l’encontre des groupes religieux qui ne sont pas officiellement enregistrés, en particulier à l’encontre des bahá’ís. Seuls l’islam sunnite et l’islam chiite, ainsi que huit confessions chrétiennes, sont officiellement reconnus par le gouvernement qatari.

Le judaïsme n’y est pas reconnu, mais le rapport américain indique qu’en septembre 2023, le gouvernement a officiellement autorisé les offices de Yom Kippour à se dérouler ailleurs que dans une résidence privée, sous la direction d’un rabbin en visite.

Les chrétiens n’ont également pas le droit de placer des croix à l’extérieur de leurs églises et de faire du prosélytisme, sous peine de peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison. La conversion de l’islam à une autre religion est définie par la loi comme une apostasie et est illégale, selon le rapport.

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