Le diagnostic précoce de l’autisme déterminant pour les enfants atteints – Étude
Deux-tiers des enfants diagnostiqués avant deux ans et demi gagnent deux à deux points et demi sur l'échelle d'évaluation de l'autisme en termes de gravité du syndrome
Une étude israélienne a établi que le diagnostic précoce de l’autisme était déterminant pour l’avenir d’un enfant souffrant de ce syndrome – une découverte que l’auteur de la recherche a qualifié de « signal d’alarme ».
Selon l’étude réalisée, les deux-tiers des enfants diagnostiqués avant l’âge de deux ans et demi connaîtront de fortes améliorations de leur état. C’est le cas de seulement 23 % des enfants diagnostiqués à un âge plus avancé.
Le professeur Ilan Dinstein de l’université Ben-Gurion, principal auteur de cette étude peer-reviewed, a expliqué que les améliorations de l’état des enfants avaient permis à ces derniers de gagner deux à deux points et demi sur l’échelle qui mesure la gravité de l’autisme dans les deux années qui suivent le diagnostic.
« Nous avons observé une différence très significative, avec des enfants diagnostiqués plus tôt qui ont eu tendance à mieux s’intégrer au niveau social, à témoigner de capacités de communication meilleures », a-t-il confié au Times of Israel « Et remarquer cela devrait avoir un impact très fort sur les politiques mises en œuvre. »
« C’est un signal d’alarme pour les décisionnaires de santé publique qui doivent prendre conscience de l’importance d’un diagnostic précoce. Cela envoie un message fort : celui que nous ne pouvons plus rester en marge alors que l’on perd un temps précieux, un temps où les enfants devraient déjà être pris en charge, tout cela parce que les familles restent dans l’attente d’un diagnostic. »
Dans de nombreux pays, en Israël notamment, si les parents ne se tournent pas d’eux-mêmes vers un neurologue ou vers un psychologue privés, ils peuvent attendre des mois avant d’avoir finalement un diagnostic d’autisme. De plus, apprendre aux parents à identifier les signes de l’autisme n’est pas une priorité majeure et les parents ne remarquent souvent pas ces signaux chez leurs enfants, les empêchant de réclamer plus tôt l’établissement d’un diagnostic.
Dinstein indique que, si nombreux sont ceux qui estiment que l’importance d’un diagnostic le plus précoce possible relève du bon sens, il n’y a pas eu suffisamment de données claires, jusqu’à présent, pour souligner son caractère déterminant et le prouver aux yeux des décisionnaires politiques du secteur de la santé. Ceci parce que les recherches qui ont pu être précédemment effectuées sur l’autisme se sont concentrées sur des enfants qui étaient âgés de trois ou quatre ans quand ils ont été diagnostiqués.
Le centre national Azrieli de recherche sur l’autisme et sur le neurodéveloppement, un projet que préside Dinstein sous l’autorité de l’université Ben-Gurion, a eu accès à des données vastes et rares concernant des enfants qui ont été diagnostiqués à un jeune âge ou plus tard.
Le centre renforce actuellement son travail à l’issue d’un investissement massif, à hauteur de 40 millions de shekels. Ses données suivent des enfants qui peuvent être très jeunes en exploitant une base de données qui contient de très nombreuses informations – recueillies avec le consentement des parents – sur les difficultés et sur les progrès des jeunes Israéliens autistes.
« Nous montrons que le diagnostic précoce et la prise en charge précoce de la maladie ont un impact très fort sur le potentiel à développer des capacités sociales », a noté Dinstein. « Nous pensons que ces améliorations au sens large sont dues à la plus grande flexibilité du cerveau et à la plus grande flexibilité comportementale qui caractérisent la petite enfance. »
« Ces résultats soulignent l’importance du diagnostic et du traitement précoces des troubles du spectre autistique, et ils mettent en évidence la nécessité d’accorder une plus grande priorité à la recherche, chez les enfants, de ce type de trouble avant l’âge de deux ans et demi. Nous pensons que ces améliorations spectaculaires, chez l’enfant, ont un impact à long-terme, et nous explorons actuellement ceci dans des recherches de suivi effectuées sur les mêmes enfants. »
Dinstein a indiqué qu’il espérait que son étude, qui a été publiée dans le journal Autism, aura un impact politique, le ministère de la Santé étant chargé de décider où investir des financements en faveur de diagnostic précoce. « Cela a un impact à très long-terme sur le type de changement que les enfants peuvent connaître », a-t-il insisté.