Le Hamas accuse Abbas de “crimes contre l’humanité” à Gaza
Ismail Haniyeh affirme que l’enclave contrôlée par le groupe terroriste ne sera pas mise à genoux par l’Autorité palestinienne
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Des cadres du Hamas se sont lancés ce week-end dans une guerre des mots contre le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, l’accusant de « crimes contre l’humanité » en raison de son projet de faire pression sur le groupe terroriste pour qu’il cède le contrôle de la bande de Gaza.
Pendant une manifestation organisée par le Hamas à Gaza Ville contre les mesures prises par l’AP, Mahmoud al-Zahar, cadre du bureau politique du Hamas, a déclaré que ces mesures étaient un « crime contre l’humanité ».
« Les criminels de l’AP coupent le courant aux personnes innocentes de la bande de Gaza, alors que Dieu coupe le courant dans leurs cœurs », a-t-il ajouté.
Dimanche, Ismail Haniyeh, ancien chef du Hamas à Gaza qui devrait être bientôt nommé à la tête du groupe terroriste dans le monde entier, a affirmé qu’Abbas était « délirant ».
La semaine dernière, l’AP a informé Israël qu’elle ne paierait plus l’électricité fournie par Israël à la bande de Gaza, alors même que le territoire subit une crise énergétique handicapante.
En avril, l’AP avait déjà baissé de 30 % les salaires de ses employés gazaouis, et réduit les paiements que l’AP verse aux familles gazaouies des « martyrs » et des prisonniers palestiniens.
Le Hamas a saisi le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007 au Fatah d’Abbas, basé à Ramallah, en Cisjordanie.
Depuis, l’AP avait cependant continué à utiliser une grande partie de son budget limité pour payer les infrastructures vitales de l’enclave.
Abbas avait prévenu en avril qu’il prendrait des mesures « sans précédent » pour forcer le Hamas à assumer la responsabilité complète du territoire qu’il gouverne, le cas échéant à céder son contrôle à l’AP.
Les dirigeants de l’AP ont depuis prévenu qu’ils prendraient d’autres mesures si le Hamas ne cédait pas.
Cette nouvelle tentative de l’AP de reprendre pied dans la bande de Gaza a lieu alors qu’Abbas doit rencontrer cette semaine le président américain Donald Trump à la Maison Blanche. Avant ce rendez-vous à Washington, Abbas doit montrer qu’il représente tous les Palestiniens, y compris les Gazaouis.
Dimanche, Haniyeh a déclaré que le Hamas n’avait aucune intention de céder aux demandes d’Abbas, mais que le groupe terroriste était ouvert à la poursuite du dialogue pour se réconcilier avec le Fatah.
Il a cependant ajouté que « quiconque pense qu’il mettra Gaza à genoux délire. Parce que Gaza, sa résistance, ses sacrifices, ses symboles et ses martyrs sont dans le cœur du peuple palestinien. »
Actuellement, les Gazaouis n’ont que quelques heures de courant par jour car l’unique centrale électrique du territoire est à court de carburant.
Le Hamas refuse d’acheter du diesel à l’AP, affirmant que Ramallah lève des taxes trop importantes sur le carburant.
La Banque mondiale a indiqué jeudi que les coupures de courant avaient entraîné une « crise humanitaire » touchant les hôpitaux, les cliniques, l’approvisionnement en eau et d’autres services vitaux, ainsi que les besoins domestiques.
Il n’a pas été précisé si Israël arrêterait de fournir de l’électricité à Gaza, ce qui entraînerait un arrêt presque total de la bande de Gaza.
Israël pourrait continuer à facturer l’électricité qu’il fournit et à prendre l’argent des impôts qu’il collecte pour l’AP.
En 2016, le budget global de l’AP était de 4,14 milliards de dollars, sur lequel 1,65 milliards (environ 40 %) a été versé à la bande de Gaza.
Parallèlement, le Hamas continue à imposer des taxes élevées aux Gazaouis, tout en allouant ces revenus à sa branche armée pour lutter contre Israël. Les responsables de l’AP ont estimé que le Hamas avait gagné plus d’un milliard de dollars en impôts prélevés.