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Le journaliste juif qui a fait vivre l’alunissage de 1969 aux foyers américains

Jules Bergman, un charismatique journaliste de télévision, a couvert l'ensemble des 54 vols spatiaux habités de la NASA

NEW YORK (JTA) — Dans les années 1960, les astronautes Neil Armstrong, Buzz Aldrin et John Glen étaient connus dans tous les foyers, idolâtrés comme des personnalités divines par un public fasciné par les aventures spatiales de la NASA.

Mais il faut aussi se souvenir de Jules Bergman qui était tout aussi connu alors qu’il n’est jamais allé dans l’espace.

Le charismatique journaliste a couvert l’ensemble des 54 vols spatiaux habités de la NASA. Il a notamment couvert Apollo 11, qui le 20 juillet 1969, il y a 50 ans, est devenu le premier vaisseau spatial habité à alunir.

Journaliste spécialiste de longue date de la science pour ABC News, Bergman a été le premier correspondant de la chaîne désigné pour couvrir l’aventure spatiale à temps plein. Cela l’a rendu « presque aussi célèbre que les astronautes dont il parlait », a écrit le New York Times dans sa nécrologie en 1987.

Bergman, qui a grandi à New York City, a pris le sujet tellement au sérieux qu’il a passé presque autant de temps que les premiers astronautes au Centre spacial Kennedy de Cape Canaveral, en Floride. Il a dit qu’il voulait donner aux téléspectateurs « non pas une discussion obscure sur la science, mais des informations de terrain sur des découvertes, qui changeaient la vie des êtres humaines au quotidien ».

https://youtu.be/zFnvqnh_91Y

Walter Cronkite, le sympathique présentateur vedette de CBS, était peut-être le « visage » le plus connu du programme spatial, mais Bergman, peu souriant avec ses cheveux sombres, était certainement le mieux préparé.

Il a participé à plusieurs simulations pour montrer aux spectateurs les défis et les conditions du voyage dans l’espace, y compris être soumis à 5 G – cinq fois la force de gravité. Il a effectué les exercices de routine que les astronautes de la NASA ont accomplis pour se préparer au voyage dans l’espace et il a passé un programme entier de 12 heures dans un harnais identique à celui porté par des astronautes pour mesurer les constantes vitales.

« Je sais qu’il était incroyablement passionné par la NASA et toute l’exploration spatiale. Cela se ressent quand on le voit », a déclaré son neveu, Mark Bergman, au JTA dans un entretien téléphonique mercredi.

L’héritage du journaliste continue bien après sa mort en 1987, à l’âge de 57 ans. Dix ans plus tôt, Bergman avait été diagnostiqué d’une tumeur cérébrale non-maligne et il avait été opéré pour retirer plusieurs tumeurs. Il souffrait aussi de crises d’épilepsie. L’Association nationale des journalistes médicaux a attribué un prix d’excellence à Jules Bergman pour ses reportages. On peut voir des images de Bergman dans les films d’Hollywood « Apollo 13 » et les « Figures de l’ombre », et d’innombrables documentaires.

Même s’il n’a pas parlé publiquement de son identité juive, il était peut-être le seul Juif dont l’image publique était si étroitement liée avec le début du programme spatial.

Judith Resnick est devenue, quant à elle, la première Américaine juive à aller dans l’espace en 1984. Deux ans plus tard, elle est montée dans la Navette spatiale Challenger, qui s’est disloquée peu après le décollage, la tuant elle et le reste et l’équipage.

Bergman était très largement admiré pour son travail, mais il avait aussi une mauvaise réputation auprès de ses collègues.

« Il était la personne la moins aimée dans le programme, mais il faisait son travail et il était vraiment bon, a déclaré Jack King, qui servait comme officier des affaires publiques de la NASA, dans le cadre d’un documentaire en trois parties de PBS « A la recherche de la lune », qui est diffusé ce mois.

Le journaliste George Alexander n’a pas non plus mâché ses mots.

« Il y avait plusieurs ‘divas’ dans la chaîne, et Jules Bergman en était un véritable exemple, a déclaré Alexander dans le documentaire. Jules voulait que vous sachiez qu’il aurait pu devenir astronaute ».

Le neveu de Bergman était conscient de sa réputation, même s’il a dit que son oncle était « toujours très gentil » avec lui.

« C’était un gars intelligent qui faisait ce que personne d’autres ne faisait, alors il devait bien y avoir des jalousies de ses concurrents et d’autres personnes dans son domaine d’activité », a-t-il dit.

https://youtu.be/0rBA0iAE8T4

Il s’est souvenu que de son oncle lui a donné la possibilité, et à d’autres membres de sa famille, d’avoir un aperçu sur un monde auquel peu avaient accès, les invitant dans la zone de presse au centre spatial Kennedy et au studio ABC de New York.

« Chaque fois qu’il faisait un reportage, c’était énorme, a déclaré son neveu. Un moment de pause pour le dîner à table, et nous nous taisions tous pour l’écouter ».

Bergman était tellement enthousiaste sur l’aviation qu’il a obtenu une licence de pilote et il a écrit un livre sur le sujet « Tout le monde peut voler ». Il a remporté un Emmy award pour son documentaire « Zoom sur un incendie » mais aussi de nombreux prix de journalisme.

Dans son travail de journaliste, il a couvert les moments de succès du programme spatial, mais aussi ses tragédies. En janvier 1967, il a annoncé la triste nouvelle que trois astronautes étaient morts sur la rampe de lancement alors qu’un incendie s’était propagé dans le vaisseau Apollo 1.

« Ils sont morts à T moins 10 minutes dans une simulation de compte-à-rebours de lancement, a-t-il dit, désespérément bloqués à l’intérieur de la navette spatiale ».

Mais il a aussi été témoin des triomphes. Quand Armstrong et Aldrin sont devenus les premiers hommes à alunir, Bergman a décrit le moment pour beaucoup des 650 millions de gens dans le monde qui regardaient la télévision.

« Ce qui se passe maintenant est que, selon le programme Aldrin et Armstrong, et nous avons toutes les raisons de penser qu’ils respectent le programme, ils sont en train de dîner, comme des millions d’autres Américains, a déclaré Bergman, s’autorisant un rare petit rire. Qui peut imaginer un endroit plus inhabituel que la lune pour deux Américains qui dînent ? ».

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