Le judoka star, contraint de perdre un combat, ne veut plus représenter l’Iran
Saeid Mollaei, qui a fui en Allemagne après les pressions de Téhéran pour qu'il perde sa demi-finale et évite d'affronter un Israélien, combattra sous la bannière olympique

Le judoka iranien Saeid Mollaei, qui a fui en Allemagne cette semaine après que les autorités iraniennes l’ont contraint de perdre un combat pour éviter d’affronter un rival israélien aux championnats du monde de judo à Tokyo, a déclaré dimanche qu’il ne représenterait plus les couleurs de l’Iran. Il combattra désormais sous la bannière olympique, a-t-il fait savoir.
« J’aime énormément l’Iran, mais remporter une médaille est ce qui compte le plus pour moi », a-t-il confié lors d’un entretien avec la chaîne Iran International, basée à Londres, diffusé dimanche, sa première déclaration publique depuis son départ des championnats du monde mercredi.
Mollaei a fui en Allemagne après s’être plaint auprès du président de la Fédération internationale de judo, Marius Vizer, que le comité olympique iranien lui avait ordonné de perdre sa demi-finale contre le Belge Matthias Casse pour qu’il n’ait pas à affronter l’Israélien Sagi Muki en finale.
Ce dernier a fini par remporter l’or plus tard dans la journée.
Dans l’entretien de dimanche, Saieb Mollaei a démenti les informations selon lesquelles il demandait l’asile, indiquant qu’il habitait déjà en Allemagne.

« Je ne m’installe pas en Allemagne. Je n’ai pas demandé l’asile et je ne suis pas réfugié. Je possède un appartement en Allemagne », a-t-il assuré selon des traductions réalisées par des médias en langue hébraïque.
Mais l’ancien n°1 mondial ne représentera plus l’Iran en compétitions internationales ou aux Jeux olympiques en raison de l’interdiction d’affronter des Israéliens.
« Après que [le judoka israélien] Sagi Muki est arrivé en finale, l’Iran a fait pression sur moi pour que je perde intentionnellement ma demi-finale [contre Casse] », a-t-il dit à la chaîne Iran International.
« Mais je suis venu pour me battre pour de vrai, pas pour faire semblant…. Je participerai aux Jeux olympiques sous la bannière olympique », a-t-il fait savoir.
Cette affaire met en exergue une politique iranienne en vigueur depuis longtemps qui consiste à exiger de ses athlètes de haut niveau qu’ils n’affrontent jamais des Israéliens, le régime de Téhéran considérant Israël comme un ennemi dont il appelle à la destruction.

Au vu de cet incident, le chef de la Fédération internationale de judo, Marius Vizer, qui avait déjà mis en garde l’Iran contre les combats truqués afin d’éviter de combattre contre des Israéliens, aurait menacé d’interdire le pays aux JO — dans tous les sports — si Saieb Mollaei refusait d’affronter Sagi Muki.
Vizer a par ailleurs annoncé une réunion d’urgence cette semaine pour déterminer si Mollaei et sa famille ont bien été victimes de coercition ou de menaces politiques, ce qui pourrait déboucher sur des sanctions contre la fédération iranienne de judo.
De son côté, l’agence de presse iranienne Fars a accusé Mollaei d’avoir planifié sa défection, citant l’entraîneur de judo iranien Majed Zarian : « Tout a été réglé à l’avance. Quelqu’un en Iran a dû l’aider. »