Israël en guerre - Jour 348

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Le parti travailliste estime qu’Israël devrait « renvoyer » les Palestiniens lors de la prochaine guerre

En contraste avec les positions pacifistes du parti, l'ex-général Amiram Levin appelle à l'agrandissement des implantations et assure qu'Israël "a été trop gentil en 67"

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Amiram Levin (C) à un rassemblement anti-corruption à Tel Aviv le 2 décembre 2017. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Amiram Levin (C) à un rassemblement anti-corruption à Tel Aviv le 2 décembre 2017. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Dans ce qui ressemble à un appel au nettoyage ethnique, un général de l’armée israélienne à la retraite, qui cherche à devenir un visage clef du parti travailliste, a déclaré que si les Palestiniens continuent à violer les accords conclus avec Israël, l’armée devrait les « démanteler » dans une prochaine guerre, et les forcer à être transférés « de l’autre côté du Jourdain ».

Amiram Levin a critiqué les politiques de gauche, adhéré à l’expansion des implantations juives, et appelé au rejet des frontières de 1967, dans des extraits d’une interview accordée à Maariv qui sera publiée vendredi.

« Les Palestiniens sont à l’origine de l’occupation. Ils n’ont pas accepté les frontières prévues par le Plan de Partition [après la guerre d’Indépendance en 1948] et ont lancé la guerre [en 1967]. Nous étions en droit de prendre la Judée et la Samarie », a-t-il dit, en référence à la Cisjordanie.

« Nous devons entamer des négociations qui ne nous ramènent pas aux frontières de 1967 », a déclaré Levin, au sujet des frontières en vigueur avant la Guerre des Six Jours, qui, selon les négociateurs, serviront de base à la partition des territoires dans le cadre d’un futur accord de paix.

« Nous donnerons [aux Palestiniens] une carotte, sous la forme d’un état, et s’ils n’en veulent pas, nous les démantèlerons », a-t-il dit. « J’ai déjà dit, à plusieurs reprises par le passé, que lors de la prochaine guerre, ils ne seront plus là, nous les renverrons de l’autre côté du Jourdain. C’est comme cela qu’il faut se battre. Nous avons été trop gentils en 67. »

Levin a fait campagne en juillet pour la direction du parti travailliste, et est considéré comme l’un des experts en sécurité par le nouveau chef du parti Avi Gabbay. La semaine dernière, pour asseoir sa position officieuse, Levin a accompagné Gabbay lors d’une visite à la frontière gazaouie, avec des élus du parti travailliste.

Le président de l’Union sioniste Avi Gabbay (au centre] visite la frontière à Gaza avec Amiram Levin (deuxième à droite) et d’autres membres de son parti, le 21 novembre 2017. (Crédit : autorisation)

Avec ses atouts militaires, Levin pourrait polir la crédibilité du parti sur la sécurité, un domaine généralement considéré comme le point fort de la droite.

Gabbay a refusé de réagir à cette interview accordée à Maariv, à la demande du Times of Israel.

Le général à la retraite, qui a dirigé le Commandement du nord, l’unité d’élite Sayeret Matkal, et a été directeur adjoint de l’agence d’espionnage du Mossad, a déclaré dans l’interview qu’il était en faveur de la fin du contrôle israélien sur les millions de Palestiniens qui vivent en Cijsordanie, mais pas par sollicitude pour les Palestiniens.

« Ils ne méritent rien », dit-il. « Le problème est que le fait de les contrôler nous corrompt ; c’est une menace et je vais sauver notre société. »

Mais les extraits de l’interview ne révèlent pas la façon dont Levin imagine l’émergence d’un état palestinien. Il a indiqué qu’Israël devrait étendre son contrôle sur certaines régions de Cisjordanie pour limiter le territoire d’un futur état palestinien.

« Je ne peux pas imaginer que [Israël] sera applaudi pour le démantèlement des implantations. Des gens y vivent, c’est leur maison, et nous les y avons envoyés. Au contraire, c’est grâce [aux résidents des implantations] que nous gardons le contrôle de certains blocs d’implantation dans le cadre d’un futur accord de paix. La Ville de David sera pour nous », a-t-il dit. « Aujourd’hui, Jérusalem est divisée. La plupart des quartiers [palestiniens] ne sont pas inclus. Je compare cela aux frontières de 1967, nous devons nous étendre et les zones que nous agrandissons seront pour nous. »

« Je ne suis pas de gauche sur ces questions », a-t-il affirmé.

Les propos de Levin ont été vigoureusement rejetés par les députés arabes.

Le député Jamal Zahalka, de la Liste arabe unie, a déclaré que ces propos « révèlent le vrai visage du parti travailliste, qui prend la relève du Likud de droite ».

« C’est un parti qui tente d’être extrémiste pour obtenir du pouvoir », a ajouté la député Hanin Zoabi (Liste arabe unie).

Depuis qu’il a pris la tête du parti au mois de juillet, Gabbay a cherché à mettre la barre à droite pour tenter de grossir les rangs et a fait un certain nombre de commentaires se distanciant des positionnements historiques des Travaillistes.

Le chef de l’Union sioniste Avi Gabbay dirige une réunion de sa faction au parlement israélien le 20 novembre 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La semaine dernière, Gabbay a déclaré que garder une Jérusalem « unie » sous la souveraineté israélienne était plus important que de parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens.

S’exprimant jeudi auprès de la chaîne Hadashot, Avi Gabbay a salué la reconnaissance par le président américain Donald Trump, vingt-quatre heures auparavant, de Jérusalem en tant que capitale de l’Etat juif et a indiqué que plus de 90 % des Israéliens « désirent avec ardeur une Jérusalem unie ».

Au vu de cela, a-t-il dit, « Jérusalem unie est même plus important que la paix ».

« Jérusalem unie, c’est le symbole d’Israël. Mes parents sont arrivés en Israël [depuis le Maroc] et ils ont attendu à l’aéroport pendant cinq jours pour pouvoir venir à Jérusalem », a dit Gabbay, qui est né et qui a grandi dans cette ville.

Même si le statut de Jérusalem en tant que capitale d’Israël est accepté par les partis des deux côtés de l’échiquier politique, le ton du discours de Gabbay a contrasté avec celui du parti travailliste pacifique, qui a été pendant longtemps le porte-étendard de la recherche d’un accord de paix avec les Palestiniens.

Au mois d’octobre, il a indiqué qu’il n’évacuerait pas les implantations en Cisjordanie dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens, et les a décrites, quelques jours plus tard « le visage dévoué du sionisme ».

Levin lui-même semble pencher vers la droite. En décembre 2015, il s’est montré en faveur de l’ONG Breaking the Silence, qui récolte des témoignages sur les violences que les soldats israéliens infligeraient aux Palestiniens.

« L’armée doit encourager Breaking the Silence, et ceux qui parlent sans craindre l’armée et la société israélienne », avait-il écrit à l’époque.

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