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Le Premier ministre du Qatar dit avoir œuvré à la libération des otages dès le début

Le cheikh al-Thani a expliqué que le rôle de Doha consistait à tenter de "préserver la vie de personnes innocentes, mettre fin à un conflit, épargner une catastrophe humanitaire"

Le Premier ministre du Qatar, l'émir Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, s'adressant à la session d'ouverture du Forum de Doha, dans la capitale qatarie, le 10 décembre 2023. (Crédit : Salim Matramkot/AFP)
Le Premier ministre du Qatar, l'émir Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, s'adressant à la session d'ouverture du Forum de Doha, dans la capitale qatarie, le 10 décembre 2023. (Crédit : Salim Matramkot/AFP)

Le cheikh Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, Premier ministre du Qatar et principal médiateur dans le dossier des otages entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas, a rencontré le magazine Le Point au Forum de Doha pour une interview publiée mi-décembre.

Il a tout d’abord rappelé le rôle qu’il essaye de se donner dans le conflit actuel : « Préserver la vie de personnes innocentes, mettre fin à un conflit, épargner une catastrophe humanitaire. »

Face à la non poursuite de la trêve le 1er décembre dernier, et s’il n’y a plus de discussions au même rythme qu’en novembre, avant la pause dans les combats, il s’est montré optimiste au sujet d’un nouvel accord à venir. « Je ne dirais pas que les pourparlers ont échoué, c’est plutôt l’accord qui a capoté, alors que nous approchions de la fin de sa mise en œuvre », a-t-il déclaré. « Le domaine couvert par l’accord n’était pas aussi vaste qu’on aurait pu l’espérer. Le désaccord final portait sur la définition des femmes otages qui restaient. C’est ce qui a vraiment mis fin à tout. Pas vraiment une fin, d’ailleurs, je dirais plutôt une pause. C’est regrettable. Nous pensions que les parties auraient plus confiance dans le processus ; nous espérions qu’elles nous donneraient plus de temps pour trouver une solution à ce désaccord et conclure un compromis. Le processus lui-même a abouti à la libération de 109 otages. Cela montre que la négociation peut conduire non seulement à des libérations, à ramener les gens en sécurité chez eux, mais qu’elle peut également contribuer à atténuer les souffrances humaines à Gaza. »

Tout en condamnant explicitement les attaques du 7 octobre, il a affirmé que le retour des otages capturés ce jour-là dans le sud d’Israël était l’une des priorités fixées par l’émirat.

« Dans la situation actuelle, l’intensité de la campagne militaire rend notre travail très compliqué et très difficile », a-t-il expliqué. « Mais les instructions que nous avons reçues de l’émir étaient très claires dès le premier jour de la guerre : nous concentrer sur la récupération des otages. Nous avons commencé à trouver un moyen de les faire sortir. Nous n’acceptons pas ce qui s’est passé avec l’attaque du 7 octobre, qui ne doit être ni justifiée ni sortie de son contexte. Les otages, a fortiori les civils innocents, ne portent aucune culpabilité ; ils ne doivent pas être punis. C’était notre position dès le départ. »

« De fait, nous avons commencé les pourparlers dès le deuxième jour de la guerre », a-t-il ajouté, regrettant que, « malheureusement, les Israéliens n’étaient pas engagés dans le processus à ce moment-là, puis ils ont fini par accepter d’y participer, ce qui nous a conduits à la trêve. Aujourd’hui, pour que tous les otages soient libérés, il faudra certainement des allers-retours dans la discussion pour identifier quel sera le ratio d’échange ».

Des Palestiniens déplacés arrivant dans un camp de tentes de fortune à Rafah, dans la bande de Gaza, le 28 décembre 2023. (Crédit : Hatem Ali/AP Photo)

Alors que les dirigeants israéliens affirment régulièrement que la campagne militaire et la pression qu’elle fait peser sur le Hamas sont nécessaires pour libérer les otages, le dirigeant qatari a expliqué « ne pas être d’accord avec cet argument » : « C’est le contraire qui a permis à la négociation de se dérouler. Les négociations étaient beaucoup plus faciles avant le début des hostilités et leur intensification. La campagne militaire ne fait que compliquer notre travail. Les hostilités changent la situation sur le terrain, ce qui pousse les parties à modifier leurs exigences. Nous avons pu l’observer tout au long des pourparlers : plus la guerre s’intensifie, plus les exigences de la partie adverse deviennent élevées », a-t-il déclaré.

Selon lui, la riposte israélienne, avec « le nombre de personnes tuées, l’ampleur des destructions à Gaza – ressemble plus à une vengeance qu’à une simple riposte ou à un besoin de restaurer la dissuasion ». « La plupart des personnes tuées sont des femmes et des enfants, qui n’ont rien à voir ni avec le Hamas ni avec ses attaques », a-t-il dit – des affirmations difficilement vérifiables. « Pourquoi les punir pour quelque chose qu’ils n’ont pas fait ? Nous voyons malheureusement que cela continue et nous constatons que le fait d’appeler à un cessez-le-feu reste une question controversée au sein de la communauté internationale. »

Mohammed ben Abdulrahman al-Thani s’est aussi dit « déçu » de la décision des États-Unis de mettre récemment leur veto au dernier projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu.

Il a également appelé à une solution politique à deux États, « plus possible et nécessaire que jamais », alors qu’il serait « de plus en plus évident qu’il n’y aura jamais de paix et de sécurité tant qu’un territoire sera occupé, tant que des colons extrémistes se comporteront de la sorte ».

La violence en Cisjordanie a explosé depuis les massacres du 7 octobre.

Alors qu’il lui était demandé si le Hamas représentait un obstacle à la paix, il a répondu que, selon lui, « une fois que la paix sera possible, quiconque sera un obstacle à la paix devra s’effacer. Quiconque sera un obstacle à une solution juste et pacifique devra se retirer. C’est valable pour les deux côtés ».

Il a par ailleurs justifier le rôle du Qatar à Gaza avant la guerre, alors que son pays a été à maintes reprises accusé de financer le Hamas et le terrorisme. « Soyons clairs : pour financer Gaza. Notre accord avec les Israéliens consiste à payer les salaires de fonctionnaires à Gaza, à verser des subventions aux familles vivant sous le seuil de pauvreté – qui reçoivent de notre part un don de 100 dollars par famille et par mois – et à acheter des hydrocarbures aux Israéliens pour faire fonctionner l’électricité de Gaza. Cet accord a été appliqué depuis huit ans. Malheureusement, il a toujours été utilisé à mauvais escient dans les médias, où certains le présentaient comme un financement du Hamas. Cela n’a jamais été le cas. Tout était très transparent, très légal, coordonné avec les Nations unies, avec le gouvernement israélien et aussi en partenariat avec les États-Unis, qui ont une visibilité sur tout », a-t-il dit. Il ajoute que le gouvernement israélien avait, à peine quelques jours avant le 7 octobre, demandé au Qatar de poursuivre les paiements, alors que le Qatar « avait clairement fait savoir, depuis des années, que cette situation ne pouvait pas durer ».

A LIRE – 7 octobre : les préparatifs tenus secrets par le Hamas et son isolement depuis

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, a déclaré mardi que les otages israéliens retenus à Gaza ne seront libérés que selon les « conditions » du Hamas. Il a en outre annoncé que le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, était ouvert à la mise en place, à l’issue de la guerre, d’un seul gouvernement palestinien dans ce territoire et en Cisjordanie, siège de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

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