Le problème du dérèglement climatique négligé par le gouvernement ne va pas disparaître
Le chef de l'ONG environnementale Adam Teva VeDin dit que le gouvernement actuel est le "le pire [gouvernement] pour l'environnement dans l'histoire du pays"
La Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) a suggéré mercredi que le dérèglement climatique était probablement une des causes du rassemblement extrêmement rare d’un grand nombre de raies manta venues donner naissance au large de la côte méditerranéenne d’Israël, alors que la saison de reproduction se déroule habituellement au printemps et à l’automne.
Mardi, l’Israel Electric Corporation (IEC) a signalé un autre phénomène rare, et donc problématique : des milliers de méduses, que l’on voit habituellement en été, se sont massées autour des filtres qui amènent l’eau de mer dans une centrale électrique du sud d’Israël pour la refroidir.
L’arbre de Judée, ou Cercis siliquastrum, qui fleurit habituellement en février dans ma région, a commencé à fleurir le mois dernier.
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Les scientifiques ont prévenu que les effets du dérèglement climatique – dû à la poursuite de la combustion de combustibles fossiles par l’humanité – seraient amplifiés par le phénomène naturel El Niño, qui vient de refaire surface et devrait durer entre un et trois ans.
Le phénomène El Niño est caractérisé par un réchauffement anormal des eaux de surface de l’océan Pacifique central et oriental, poussant de l’air plus chaud dans l’atmosphère et influençant les conditions météorologiques dans le monde entier.
Mais indépendamment d’El Niño, le problème du dérèglement climatique persistera bien après la fin de la guerre actuelle contre le groupe terroriste du Hamas, ainsi qu’après la crise liée à la refonte du système judiciaire, qui a été la préoccupation majeure du gouvernement actuel depuis son entrée en fonction il y a un an, jusqu’au déclenchement de la guerre à la suite des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier.
Non seulement le gouvernement actuel n’a rien fait pour la politique environnementale, mais il l’a même fait reculer.
Amit Bracha, directeur général de l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva VeDin, d’habitude si discret, l’a décrit comme « le pire [gouvernement] pour l’environnement dans l’histoire du pays ».
En effectuant un rapide sondage auprès des environnementalistes, le Times of Israel a constaté qu’aucun d’entre eux n’avait une opinion positive sur la politique environnementale menée au cours de l’année écoulée, ni sur la ministre de l’Environnement, Idit Silman.
Parmi les mesures combattues par le lobby vert en 2023, sans grand succès, figurent des initiatives gouvernementales visant à affaiblir le contrôle environnemental du processus de planification, qui est censé supprimer les obstacles bureaucratiques et réglementaires ; une augmentation de la taxe d’achat sur les voitures électriques au 1er janvier pour la troisième année consécutive, ainsi qu’une nouvelle réduction du financement des stations de recharge supplémentaires ; ou encore l’annulation d’une taxe qui s’était avérée efficace pour réduire l’usage de plastique jetable.
Le plastique à usage unique n’est pas recyclable. Il finit dans les décharges, dans la mer et in fine dans le corps humain. Mais les puissants représentants de la communauté ultra-orthodoxe à la Knesset ont fait valoir que cette taxe était une atteinte à leur mode de vie [et ont eu gain de cause].
Parmi les changements qui n’ont pas eu lieu l’année dernière, citons l’adoption d’une loi sur le climat – que la coalition avait promis de faire passer dans les six mois – et l’introduction d’une taxe sur le carbone, sujet qui avait fait l’objet de discussions sous le gouvernement précédent, mais qui a été abandonné par le gouvernement actuel.
La taxation du carbone est perçue par un nombre croissant de pays comme un moyen de réduire les émissions à l’origine du réchauffement de la planète. Les entreprises israéliennes devront bientôt s’acquitter d’une telle taxe aux frontières de l’UE, car elle n’existe pas en Israël.
« L’année 2023 devrait être l’année la plus chaude« , a déclaré la SPNI en Israël. « Les rapports d’experts, et même le résumé des conclusions de la dernière conférence des Nations unies sur le climat (COP28), indiquent clairement les mesures à adopter : Arrêter les combustibles fossiles, en faveur des énergies renouvelables, tout en protégeant les écosystèmes. Et malgré cela, Israël continue dans la direction opposée : plus de combustibles fossiles et une détérioration des écosystèmes ».
La contribution d’Israël aux émissions de gaz à effet de serre est relativement minime, mais si tous les petits pays continuaient à faire comme si de rien n’était, l’absence d’action aurait un impact cumulatif sur le changement climatique.
La réduction des émissions profite en outre, également à la nature car elle réduit la pollution, qui tue actuellement quelque 2 500 Israéliens chaque année et nuit à la qualité de vie.
La taille d’Israël n’a cependant rien à voir avec la nécessité de se préparer aux répercussions du dérèglement climatique, qui se font déjà sentir et s’aggraveront encore bien après la fin de la guerre actuelle contre le Hamas.
Israël connaît un réchauffement deux fois plus rapide que la moyenne mondiale et est mal préparé aux phénomènes climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les incendies de forêt, les fortes précipitations, les inondations et la sécheresse.
En juin, des centaines de milliers de personnes ont été privées d’électricité alors que les températures dépassaient les 40 degrés Celsius dans de nombreuses régions du pays, ce qui a entraîné une énorme demande en électricité dans les foyers et les entreprises où l’air conditionné était allumé.
Le ministre de l’Énergie, Israël Katz, n’est resté en poste qu’un an. Il vient d’échanger son poste avec celui du ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, dans le cadre d’un système de rotation qui reflète sans doute le manque d’intérêt du Premier ministre Benjamin Netanyahu à placer quelqu’un d’expérimenté à la tête de l’un ou l’autre des deux ministères.
Témoignant d’un manque plus généralisé de sensibilisation – ou d’intérêt – pour l’environnement, une commission présidée par Limor Son Har-Melech (Otzma Yehudit), a décidé en mai de ne pas allouer un centime de la première tranche d’intérêts d’un fonds souverain à l’énergie renouvelable. Ce fonds est alimenté par les taxes prélevées sur les entreprises qui exploitent les ressources naturelles, y compris les combustibles fossiles. Selon Adam Teva VeDin, dont le recours en justice doit être examiné le 15 janvier, cette décision est contraire à la loi sur les fonds souverains, qui stipule que le gouvernement doit indiquer le montant des sommes provenant du fonds qui seront investies dans les énergies renouvelables.
« Cela montre bien qu’il [le gouvernement] ne considère tout simplement pas l’énergie propre et indépendante comme une priorité nationale », a déclaré Tami Ganot, vice-présidente de Adam Teva VeDin.
Au lieu de comprendre que les énergies renouvelables sont plus propres, meilleures pour la planète et moins chères que les combustibles fossiles, au lieu de fournir les bonnes motivations (les entreprises de panneaux solaires ont fait faillite) et de réduire les formalités administratives, le ministère des Finances a récemment gelé 200 millions de shekels, que le ministère de l’Environnement avait en grande partie affectés à des projets d’adaptation au changement climatique.
Le Trésor a affirmé que cette réduction visait à débloquer des fonds pour la guerre en cours. En réalité, les discussions à ce sujet ont commencé avant l’assaut meurtrier du Hamas le 7 octobre, au cours duquel 1 200 personnes ont été brutalement assassinées, la plupart des civils, et 240 ont été kidnappées et emmenées en otage dans la bande de Gaza.
Le ministère des Finances semble par ailleurs considérer le fonds de maintien de la propreté du ministère de l’Environnement, d’un montant d’environ 3,2 milliards de shekels, comme sa propre machine à sous, et ce, pas seulement en temps de guerre. La dernière tentative de pillage du fonds a été gelée après les protestations des autorités locales.
Les experts en environnement notent que les responsables du ministère de l’Environnement continuent de considérer tout investissement dans l’environnement comme un coût, plutôt que comme quelque chose qui contribue à la santé des écosystèmes et à la qualité de vie.
Cela explique pourquoi ils ont refusé que des objectifs climatiques précis soient ancrés dans la loi dans le cadre d’un projet de loi sur le climat qui a été adopté en première lecture à la Knesset en septembre.
« Les implications budgétaires de l’inaction ne sont jamais discutées », a indiqué Tami Ganot. « Nous devons passer en mode d’urgence pour nous adapter au dérèglement climatique. Nous savons qu’il adviendra, mais nous ne savons pas exactement comment ni quand il frappera, et nous ne pouvons pas nous permettre d’être surpris. Aujourd’hui encore, des routes sont fermées en raison des inondations et des plages en raison de la pollution. Nous ne cessons d’être surpris, mais cela coûte déjà de l’argent et des vies« .
Interrogé sur ses réalisations pour 2023, le ministère de l’Environnement a déclaré que son projet de loi visant à mettre fin au déversement de déchets de construction dans les zones ouvertes avait été adopté en première lecture à la Knesset et qu’il investissait massivement dans la création d’installations de tri et de traitement des déchets dans tout le pays, y compris dans la zone frontalière de Gaza, qui doit être réhabilitée à la suite de l’attaque du Hamas. Il a indiqué que la faisabilité d’une tarification du carbone était examinée dans le cadre des discussions sur le budget 2024.
Le ministère de l’Énergie a déclaré avoir approuvé plusieurs politiques visant à promouvoir les énergies renouvelables, les transports publics et la transition vers les bus électriques. Il a inclus le projet de loi sur le climat et la loi sur les infrastructures nationales (accusée d’affaiblir le contrôle environnemental sur la planification) parmi les victoires, affirmant que cette dernière accélérerait les projets d’infrastructures nationales dans les domaines de l’énergie et des transports de masse.
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