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Opinion

Électricité: Les pannes montrent l’incapacité à se préparer au dérèglement climatique

Des dysfonctionnements et une mauvaise planification ont entraîné des coupures pour 300 000 Israéliens alors que les températures dépassaient les 40°C

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un homme vérifiant une boîte à fusibles lors d'une panne de courant. (Crédit : Jovanmandic/iStock at Getty Images)
Un homme vérifiant une boîte à fusibles lors d'une panne de courant. (Crédit : Jovanmandic/iStock at Getty Images)

Des centaines de milliers de personnes ont été privées d’électricité vendredi après-midi en raison d’une puissante vague de chaleur qui a fait grimper les températures à plus de 40°C dans de nombreuses régions du pays, provoquant une demande massive d’électricité dans les foyers et les entreprises qui tentaient d’utiliser l’air conditionné.

Les responsables de la production et de la distribution de l’électricité en Israël se sont, comme on pouvait s’y attendre, rejetés la faute les uns sur les autres.

Le ministre de l’Énergie, Israël Katz, a reproché au gouvernement précédent, tombé il y a 5 mois, de ne pas avoir approuvé la construction de nouvelles centrales électriques au gaz, dont deux ont été approuvées par le gouvernement actuel la semaine dernière.

La Compagnie israélienne d’Electricité (IEC), le fournisseur national d’électricité, a rejeté la faute sur l’Independent System Operator (ISO), qui supervise la planification des infrastructures et est chargé de garantir la résilience des systèmes d’alimentation et de transmission.

Le directeur-général de l’ISO, Shaul Goldstein, a répliqué en accusant le PDG de l’IEC, Meïr Spiegler, de malveillance et de ne pas comprendre le fonctionnement du système.

Des dysfonctionnements distincts se sont produits vendredi dans deux centrales électriques du sud d’Israël.

D’autres faisaient l’objet de travaux de maintenance pour les préparer à l’été.

Même les panneaux solaires n’ont pas fonctionné, en raison de la brume épaisse qui accompagnait la canicule.

Ce fut une débâcle gênante.

Des Israéliens profitant de la plage lors d’une chaude journée d’été, à Tel Aviv, le 2 juin 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Cette fois-ci, heureusement, la canicule est passée rapidement et personne n’a été blessé.

Mais la catastrophe est imminente, et ce depuis un certain temps déjà.

Dû au dérèglement climatique, les jours de canicule en Israël deviennent de plus en plus intenses et de plus en plus longs.

Les décès prématurés dus à l’exposition à des chaleurs extrêmes et les hospitalisations liées aux conditions météorologiques sont déjà en augmentation.

Si les différents organismes chargés de faire fonctionner les climatiseurs du pays ne se ressaisissent pas, le nombre de décès liés à la chaleur augmentera.

On n’arrive à rien quand tout le monde s’en mêle

Il existe une pléthore d’organismes responsables de l’électricité en Israël.

Le ministère de l’Énergie détermine les objectifs d’approvisionnement et doit veiller à ce qu’ils soient atteints.

L’Autorité de l’électricité, un organisme relevant de ce ministère, s’occupe des réglementations et des incitations financières, que le ministère des Finances est chargé de financer ou non et dans quelle mesure.

Illustration : Un employé de l’Israel Electric Corporation en train de réparer une panne dans les réseaux électriques, le 29 août 2020. (Crédit : Yossi Aloni/FLASH90)

Une réforme structurelle du secteur inefficace de l’électricité a été lancée en 2018. Elle a transféré les responsabilités de planification de l’infrastructure électrique de l’IEC à l’ISO nouvellement créé.

Elle a laissé à l’IEC la responsabilité de mettre en œuvre le plan de l’opérateur de système indépendant.

Lorsqu’il s’agit d’améliorer l’infrastructure électrique pour qu’elle puisse résister au dérèglement climatique, il faut également tenir compte du ministère de l’Intérieur, responsable des autorités locales, du ministère de l’Agriculture, du Conseil national de planification des infrastructures, connu sous son acronyme hébreu Vattal, de l’Autorité foncière israélienne et des organisations environnementales qui surveillent tous les développements d’un œil aguerri, comme la Société pour la Protection de la Nature en Israël (SPNI).

Non seulement l’ISO a mis du temps à se mettre en place, mais la coordination inter-institutionnelle – qui n’a jamais été un point fort en Israël – est devenue plus compliquée, avec davantage d’organisations censées travailler ensemble et se coordonner.

À cela s’ajoute un autre mal typiquement israélien : l’excès de bureaucratie.

La paperasse

Israël s’efforce de mettre en place deux nouvelles centrales électriques alimentées par des combustibles fossiles, tandis que les progrès en matière d’énergies renouvelables sont dérisoires.

L’État a promis aux Nations unies que, d’ici à 2030, 30 % de son électricité serait produite à partir de sources renouvelables, principalement le soleil. Cependant, il est loin d’atteindre le rythme nécessaire à la réalisation de cet objectif.

Vue du projet « Halutziot », qui comprend la construction d’une centrale solaire de 55 mégawatts en tant que co-entreprise des communautés de la nouvelle région pionnière, dans le sud d’Israël, le 16 novembre 2017. (Crédit: Moshe Shai/Flash90)

La population d’Israël et sa demande en électricité ne cessent d’augmenter.

Mais selon la réforme de l’électricité de 2018, toutes les installations énergétiques devront être connectées au réseau national afin de garantir – ironiquement, compte tenu des événements de vendredi – que personne ne soit privé d’électricité.

Le problème est que le réseau est obsolète et incapable d’absorber davantage d’électricité. Les citoyens qui souhaitent installer des panneaux solaires sur leur toit se voient répondre qu’il n’y a aucun créneau pour les raccorder. Pendant ce temps, les entreprises d’énergie solaire licencient leurs employés.

Dans un document d’orientation, l’Autorité chargée de l’électricité a prévu que pour atteindre son objectif de 30 % d’énergies renouvelables, il faudrait construire six nouveaux postes de commutation (pour passer de la haute tension de 400 000 volts à la moyenne tension de 160 000 volts), près de 100 sous-stations (pour passer de 160 000 volts à une tension encore plus faible) et poser 1 600 kilomètres de câbles de transmission, soit une longueur suffisante pour traverser le pays plus de trois fois.

Le document indique que l’achèvement d’une nouvelle sous-station peut prendre dix ans en raison du temps nécessaire à la planification et à l’obtention des permis pour le terrain. La construction d’une ligne à haute tension peut également prendre dix ans en raison de la nécessité d’acquérir des terrains, de planifier, d’obtenir des permis et de construire.

Elle a cité d’autres difficultés telles que la concurrence pour les terrains et l’opposition du public aux pylônes et aux lignes à haute tension situés à proximité des habitations ou dans des sites pittoresques.

Ainsi, lorsque la demande d’électricité augmente, le système n’est pas en mesure de la satisfaire.

Nombreux sont ceux qui pensent que le stockage de l’énergie solaire produite lorsque le soleil brille, et le fait de ne l’injecter dans le réseau qu’en dehors des heures de pointe en utilisant des lignes sous-utilisées, pourraient constituer une alternative à l’expansion du réseau.

Mais le stockage de l’énergie solaire n’existe pratiquement pas dans le pays, alors que son installation coûterait beaucoup moins cher que l’extension du réseau.

Jo Tyndall, la directrice de la Directive sur l’environnement de l’OCDE, à gauche, et Idit Silman, la ministre de l’Environnement, à Jérusalem, le 31 mai 2023. (Crédit : Michael Dimenstein/GPO)

La semaine dernière, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié un rapport cinglant sur les médiocres performances environnementales d’Israël au cours de la dernière décennie, appelant à l’adoption d’une loi sur le climat comportant des objectifs juridiquement contraignants en matière de réduction des émissions et de production d’énergie renouvelable.

Les ministères des Finances et de l’Énergie s’opposent toutefois à de tels objectifs contraignants, ce qui freine les efforts visant à adopter une loi sur le climat, y compris le projet actuel de la ministre de l’Environnement, Idit Silman.

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