Israël en guerre - Jour 430

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Pour les militants israéliens, l’optimisme n’est pas de mise après la COP28

Un Israélien qualifie le sommet de Dubaï de "victoire du statu quo" ; un avocat déplore que les "intérêts financiers de l'industrie des combustibles fossiles aient pris le dessus"

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, à la fin du sommet des Nations unies sur le climat COP28, le 13 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. (Crédit : AP Photo/Kamran Jebreili)
Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, à la fin du sommet des Nations unies sur le climat COP28, le 13 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. (Crédit : AP Photo/Kamran Jebreili)

Y a-t-il des raisons d’être optimiste pour l’avenir de la planète suite à la conférence internationale sur le climat – la COP28 -, qui s’est terminée en début de mois ?

L’événement fastueux qui s’est tenu à Dubaï – pays qui doit une partie de sa richesse au pétrole – a illustré le mantra mille fois répété par le défenseur américain du climat, John Kerry, selon lequel il faut travailler avec les grands émetteurs pour se débarrasser des combustibles fossiles.

C’est en effet leur combustion qui est à l’origine du réchauffement climatique qui fait des ravages sur les systèmes météorologiques et la biodiversité.

Mais, à l’instar du sommet climatique de l’an dernier, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, ce sont les grands producteurs de pétrole et de gaz qui ont sans aucun doute eu le dessus, les Saoudiens étant parmi ceux qui ont le plus manoeuvré en coulisses pour maintenir un statu quo que l’on sait ô combien problématique.

Le président de la COP28, Sultan al-Jaber, et John Kerry, envoyé spécial du président américain pour le climat, s’expriment à l’issue du sommet de l’ONU sur le climat COP28, le 13 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. (Crédit : AP Photo/Kamran Jebreili)

Le président de la conférence de Dubaï, qui mènera les initiatives mondiales en matière de climat pour l’année à venir, est aussi le directeur de la compagnie nationale des pétroles d’Abou Dhabi. La conférence de cette année a battu le record du nombre de lobbyistes de l’industrie pétrolière et gazière présents – 2 456 exactement selon The Guardian – soit quatre fois plus qu’à Charm el-Cheikh. Alors que la conférence touchait à sa fin, le chef du puissant club des producteurs de pétrole, l’OPEP, aurait demandé à ses membres de ne pas accepter que la déclaration finale comporte d’engagements à éliminer ou même réduire progressivement l’utilisation des combustibles fossiles.

La conférence de l’an prochain aura lieu en Azerbaïdjan, pays dont les exportations sont composées à 90 % de pétrole et de gaz.

Compte tenu du rôle des grandes compagnies pétrolières, il n’est guère surprenant que la déclaration finale de la COP28, qui n’est pas juridiquement contraignante, ait été critiquée pour sa faiblesse.

Au terme de discussions dramatiques sur la formulation à retenir, la déclaration appelle à « s’éloigner » du charbon, du pétrole et du gaz, bien que ce ne soit pas « l’élimination progressive » espérée par beaucoup, et qu’elle contienne de nombreux points aveugles. Dans un geste qui reflète parfaitement l’immobilisme de l’action climatique mondiale, elle mentionne le terme de combustibles fossiles pour la toute première fois depuis le début des COP.

Des militants manifestent contre l’utilisation des combustibles fossiles lors du sommet des Nations unies sur le climat COP28, le 13 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. (Crédit : AP Photo/Peter Dejong)

Comme l’expliquait Ayelet Rosen, responsable au ministère israélien de la Protection de l’environnement, lors d’une conférence de presse cette semaine, « le succès de la COP dépend des attentes ».

Tous les participants à cette conférence de presse, à commencer par l’ex-député de la Knesset Dov Khenin, à la tête du Forum présidentiel sur le climat, ont convenu que si l’ensemble des pays étaient tenus de revoir à la hausse leurs objectifs climatiques et de les soumettre à l’ONU d’ici le début 2025, cela permettrait aux militants écologistes israéliens de faire pression davantage pour des changements politiques.

Pour l’heure, Israël s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 27 % d’ici 2030, par rapport à 2015.

Rosen, qui dirige au ministère le service en charge des accords multilatéraux sur l’environnement et qui a assisté aux négociations, a ajouté : « Au fil des ans, les négociations ont perdu de leur importance et la grande réunion de la société civile, des fournisseurs de solutions et des déclarations promues par la présidence – qui ne sont pas juridiquement contraignantes mais ouvrent la voie à des activités futures – a en revanche pris de l’importance. C’est peut-être tout ce que l’on peut espérer d’une COP avec 197 pays tenus de se mettre d’accord par consensus.

Ayelet Rosen, responsable des accords multilatéraux sur l’environnement au ministère de la Protection de l’environnement. (Shlomi Amsalem, Bureau de presse du gouvernement)

Israël devait envoyer une importante délégation à la COP de cette année. Mais suite à l’attaque massive du groupe terroriste Hamas, dans le sud d’Israël, le 7 octobre, et la guerre qui s’en est suivie, il a été conseillé aux Israéliens d’éviter les voyages non essentiels dans de nombreuses régions, à l’étranger, à commencer par la majeure partie du Moyen-Orient.

Seule une vingtaine de responsables israéliens se sont finalement rendus à Dubaï.

Parmi eux, l’entrepreneur en énergie solaire Yossi Abramowitz. S’exprimant en tant que militant écologiste, et non en sa qualité d’homme d’affaires, Abramowitz a déclaré lors de la conférence de presse de cette semaine que la COP28 signait la victoire du statu quo.

Pour continuer à gagner des milliards de dollars grâce au pétrole et maintenir 7 000 milliards de dollars de subventions mondiales aux combustibles fossiles, les Émiratis « avisés » ont cherché à donner l’image d’un progrès en faisant venir un nombre record de participants, explique-t-il.

Image illustrative d’un oléoduc. (Stephen Barnes, iStock chez Getty Images)

En outre, ils ont promis d’abonder de 30 milliards de dollars un nouveau fonds pour le climat, supposément destiné à atteindre certains objectifs mais qui en fait détourne l’attention de la nécessité de réduire les combustibles fossiles, ajoute Abramowitz.

A l’image d’autres intervenants de cette conférence de presse, il a souligné l’accent mis par les Émiratis sur ce qu’il a qualifié de « technologies messianiques », présentées par les producteurs de pétrole comme des solutions au changement climatique, comme par exemple l’énergie nucléaire, l’hydrogène vert (hydrogène alimenté par des énergies renouvelables) ou le captage et le stockage du carbone – en éliminant le carbone de l’atmosphère et en l’enfouissant profondément dans la terre ou la mer. « J’ai parlé avec le scientifique en chef de l’un de ces fonds pour le climat, qui m’a dit que lorsqu’ils seront économiquement viables, il sera trop tard », assure Abramowitz.

« Pour l’heure, il semble que les seuls intérêts financiers de l’industrie des combustibles fossiles l’aient emporté », a déclaré Tami Ganot, directrice générale adjointe de l’ONG de défense de l’environnement Adam Teva V’Din.

« A en croire ce que disent les scientifiques et les calamités climatiques qui se produisent dans le monde entier, nous ne sommes toujours pas à la hauteur de la tâche. »

La vice-directrice générale d’Adam Teva VDin Tammy Ganot. (Crédit : Adam Teva VDin)

L’envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères pour le climat, l’ambassadeur Gideon Behar, a dit vouloir voir le côté positif des résultats de la COP28.

Soit la réaffirmation de la nécessité de maintenir le réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère pré-industrielle (le monde s’est déjà réchauffé de 1,4°C), de l’engagement de « s’éloigner » des combustibles fossiles, de la volonté de tripler l’approvisionnement en énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030, sans oublier la création d’un fonds d’aide aux pays en développement pour faire face aux menaces climatiques et celle d’un système d’alerte précoce pour les catastrophes climatiques dans tous les pays.

La session a été organisée via Zoom par le professeur Alon Tal, titulaire de la chaire de politique publique de l’Université de Tel Aviv.

Gédéon Behar. (Autorisation)

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