Le rassemblement hebdomadaire pour les otages fait le lien entre la Shoah et le 7 octobre
À l'occasion de la Journée internationale de la Shoah, la co-fondatrice du Forum des familles des otages rappelle que depuis le 7 octobre, "plus jamais ça, c'est maintenant"
Des milliers de personnes ont participé samedi au rassemblement hebdomadaire à Tel Aviv pour la libération des otages à Gaza, qui tombait cette semaine le 27 janvier, Journée internationale de commémoration de la Shoah.
Le rassemblement s’est déroulé séparément d’une manifestation anti-gouvernement qui avait lieu ailleurs à Tel Aviv.
Le rassemblement, la 16ème manifestation consécutive sur la « Place des Otages » de Tel Aviv depuis le 7 octobre, a débuté par une prière pour la sécurité et le bien-être des soldats de l’armée israélienne à Gaza.
Le rassemblement a eu lieu après la mort de 24 soldats à Gaza en une seule journée dans l’effondrement de deux bâtiments. La foule a été invitée à observer une minute de silence en leur mémoire et en celle de toutes les autres victimes israéliennes de la guerre qui a éclaté le 7 octobre.
Sivan Cohen Saban, organisatrice de l’événement et co-fondatrice du Forum des familles des otages et disparus, qui organise les rassemblements hebdomadaires, a lu une lettre du major Eli Levy, un commandant de 24 ans d’une compagnie du 202e bataillon de la Brigade des Parachutistes, qui figurait parmi les victimes à Gaza. « Nous ne reviendrons pas tant que tous les otages ne seront pas rentrés, même si cela nous prend deux ans », a-t-elle déclaré en citant une lettre que Levy avait écrite.
Cohen Saban a rappelé l’expression bien connue « plus jamais ça » en rapport avec la Shoah. Elle a déclaré que pour les Israéliens après le 7 octobre, « plus jamais ça, c’est Achshav [maintenant] ». Elle a ensuite présenté un message filmé d’Iga Sofiaja Bonkiene, dont la famille a sauvé des Juifs de Lituanie de la Shoah.
« Je sais que c’est difficile contre le [groupe terroriste palestinien du] Hamas, mais de la même manière que nous avons aidé les gens contre les nazis, vous pouvez vous aussi aider et sauver les otages en donnant des informations ou de toute autre manière », a déclaré Bonkiene.
Yossef Avi Yaïr Engel, fils de deux survivants de la Shoah et grand-père de l’otage libéré Ofir Engel, a dressé une liste de ce qu’il considère comme des parallèles entre ce qui est arrivé aux victimes de la Shoah et aux victimes des massacres du 7 octobre.
« À l’époque, comme aujourd’hui, il y avait une nation déterminée à tuer les Juifs. Alors, comme aujourd’hui, le monde reste silencieux », a-t-il déclaré, citant l’action en justice intentée contre Israël devant la Cour internationale de justice de La Haye pour « génocide », une allégation qu’Israël et ses alliés rejettent.
Janina Rosciszewska, une Polonaise de 92 ans dont les parents et le frère ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah, a demandé au Hamas de libérer les otages qu’il détient.
Dans un message filmé diffusé devant les milliers de personnes rassemblées Place des Otages à Tel Aviv, elle a demandé au Hamas de libérer les otages enlevés en Israël le 7 octobre, au nom de tous les Justes parmi les nations, titre officiel d’Israël pour les sauveteurs non-juifs des Juifs du génocide.
« Ils n’ont rien fait, ils ne sont pas plus responsables d’être nés juifs que moi d’être née polonaise », a dit Rosciszewska, qui a été reconnue, avec ses parents et son frère, Juste parmi les nations en 1990.
Les Rosciszewski sont responsables de la survie de la famille Bierzyński, dont ils ont hébergé les membres dans leur maison de Dolina Będkowska, près de Cracovie.
Le message de Rosciszewska intervient à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, qui coïncide avec le 16ème rassemblement consécutif sur la place pour le retour des otages.
Ye’ela David, sœur d’Eviatar David, prise en otage lors du festival de musique Supernova le 7 octobre, a parlé des conditions dans lesquelles les jeunes hommes sont détenus en otages par le Hamas à Gaza, en disant : « Nous entendons des témoignages sur le traitement inhumain… la tentative de transformer ces personnes en coquilles vides. Y compris par le biais d’abus sexuels », dit-elle.
Faisant référence à la Shoah, elle déclare : « Nous disons ‘plus jamais ça’ chaque année, ce qui signifie que cette catastrophe ne pourra jamais se répéter ; Il y a 113 jours, ça s’est produit chez nous. »
« Je ne peux plus chanter l’hymne national ‘être une nation libre dans notre pays' », a-t-elle déclaré au public, affirmant qu’elle ne se sentait plus en sécurité dans son propre pays. « Je n’entends plus les mots ‘détruire le Hamas’ avant d’entendre ‘rendre les otages’. Si nous ne les récupérons pas, cela constituera à jamais une tache morale sur le caractère de ce pays », a-t-elle ajouté.
Yair Samerano, frère de l’otage tué Jonathan Samerano, dont le corps est toujours détenu à Gaza, s’est aussi exprimé.
Il a imploré Benjamin Netanyahu de signer un accord pour le retour des otages, y compris le retour d’Hisham al-Sayed et d’Avera Mangistu, retenus captifs à Gaza depuis 2014 et 2015, ainsi que les corps des soldats Oron Shaul et Hadar Goldin, qui ont été tués lors de la guerre de Gaza en 2014 et dont les dépouilles n’ont jamais été restituées.
Samerano a terminé son discours par un plaidoyer en faveur de la cohésion nationale, demandant au public de ne pas utiliser d’épithètes telles que « bibiste » et « traîtres de gauche ». « Cela nous fait mal », a-t-il dit, « notre pouvoir réside dans notre unité ».
La famille Samerano a récemment été la cible de manifestants antigouvernementaux, qui auraient crié sur la mère de l’otage lors d’un rassemblement la semaine dernière, l’accusant d’être une acolyte de Netanyahu.
Des membres du Forum des otages et des familles ont critiqué le Premier ministre pour avoir déclaré lors d’une conférence de presse plus tôt dans la soirée que les manifestations en Israël réclamant un accord pour libérer les otages ne font qu’amener le Hamas à augmenter ses exigences.
« Les familles ont rencontré les dirigeants du monde, ont mené des efforts pour le transfert de médicaments aux otages, ont amené le président de la Cour pénale internationale en Israël et ont mobilisé les médias et les influenceurs les plus puissants du monde pour soutenir Israël et les otages », a déclaré le Forum dans une déclaration.
« Nous attendons du Premier ministre qu’il se souvienne qu’il est un élu dont le rôle est de corriger les erreurs [du 7 octobre], et non de réprimander ceux dont les membres de la famille ont été kidnappés », ajoute-t-il.