Le terroriste Marwan Barghouthi dénonce des mauvaises conditions de détention
Considéré comme le successeur potentiel de Mahmoud Abbas, ce leader du Fatah dit avoir été déplacé après avoir ostensiblement exhorté l'Autorité palestinienne à combattre Israël
Marwan Barghouthi, l’un des leaders du Fatah, a demandé à un tribunal israélien de le retirer de l’aile d’isolement d’une prison où il a été transféré le mois dernier, alléguant de mauvais traitements de la part des gardiens et de mauvaises conditions, dont le fait d’être menotté et nu pendant les fouilles de sa cellule.
Barghouthi, qui est considéré comme un futur candidat de premier plan pour diriger l’Autorité palestinienne (AP), a été arrêté par Israël en 2002 et purge cinq peines de prison à perpétuité pour avoir planifié trois attentats terroristes pendant la Seconde Intifada, lors desquels cinq Israéliens ont été tués.
Il affirme avoir été maltraité par des gardiens et avoir été placé à l’isolement pendant cinq jours à la prison d’Ayalon après la publication, début décembre, d’une déclaration en son nom appelant les forces de sécurité de l’AP à lutter contre Israël, a rapporté le site d’information Walla.
Sa femme, Fadwa Barghouthi, a réfuté tout lien de son époux avec cette déclaration.
Selon le recours de Barghouthi, déposé par l’avocat des droits civils Me Avigdor Feldman, des gardiens de prison sont venus dans sa cellule à la prison d’Ofer, lui ont menotté les bras et les jambes et l’ont forcé à marcher dans une position douloureuse lors de son transfert à la prison d’Ayalon.
Il a également affirmé que le directeur de la prison lui avait donné un coup de poing et l’avait menacé, avant son transfert. « Je vais te mettre en pièces. »
Barghouthi a allégué que les conditions de détention étaient excessivement dures, notamment qu’il était maintenu nu et menotté lors de fouilles trois fois par jour.
Il a affirmé que les fenêtres de sa cellule étaient scellées, rendant l’obscurité si grande qu’il était difficile d’aller aux toilettes.
Barghouthi s’est également plaint de ne pas avoir reçu suffisamment de nourriture, précisant qu’il avait reçu trois petites tranches de pain, un yaourt, deux cuillères de haricots et trois cuillères de riz.
Les gardiens auraient également pris son matelas ; il aurait été forcé de dormir à même le sol.
L’Administration pénitentiaire israélienne (IPS) a déclaré en réponse au reportage qu’elle opérait dans le strict respect des règles et des procédures.
« Une réponse au recours sera donnée par les voies habituelles », a indiqué l’IPS.
Barghouthi, 64 ans, est souvent présenté comme l’un des principaux candidats à la succession de l’octogénaire Mahmoud Abbas à la tête de l’AP.
Il est particulièrement apprécié par la jeune génération, qui le perçoit comme n’étant pas entaché par la corruption de l’AP et sa collaboration avec Israël.
Son épouse avait annoncé en août le lancement d’une campagne internationale pour la libération de son mari, et il a été rapporté en décembre qu’il pourrait faire partie des prisonniers libérés en échange des otages israéliens enlevés à Gaza lors du massacre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.
Selon un récent sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, Barghouthi l’emporterait largement sur les deux candidats de son propre parti, le Fatah, et sur le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ce qui en fait un choix attrayant pour une grande partie de l’électorat palestinien.
Les Palestiniens n’ont pas connu d’autre dirigeant qu’Abbas depuis qu’il a pris le pouvoir en 2004 à la suite du décès de Yasser Arafat, même si son mandat a officiellement expiré en 2009. Les élections prévues ont été annulées à maintes reprises, la dernière fois en 2021 par le chef de l’AP, qui avait reproché à Israël d’avoir prétendument refusé d’autoriser les Palestiniens de Jérusalem-Est à voter. Les observateurs estiment plutôt qu’Abbas a évité d’organiser des élections pendant des années craignant une défaite contre un Hamas de plus en plus populaire.
La déclaration de Barghouthi survient dans un contexte de crise de la surpopulation carcérale en Israël et alors que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déployé des efforts considérables pour évincer la commissaire en chef de l’IPS, Katy Perry.
Le parti de Benny Gantz, HaMahane HaMamlahti, a fait valoir que cette mesure était contraire à l’accord conclu avec le Likud, qui sous-tend l’actuel gouvernement d’urgence.
Elle survient également à la suite des critiques formulées à l’encontre de l’administration pénitentiaire après le passage à tabac d’un prisonnier de sécurité palestinien le mois dernier.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.