Les familles d’otages marquent la Journée internationale de commémoration de la Shoah : « Plus jamais, c’est maintenant »
Les descendants des survivants du génocide dont les proches sont retenus en captivité à Gaza se sont entretenus en visioconférence sur les similarités qui existent, selon eux, entre les atrocités nazies et celles du Hamas
A la veille de la Journée internationale de commémoration de la Shoah, le forum des Familles des otages et le groupe MediaCentral, une organisation à but non-lucratif de Jérusalem, se sont associés pour organiser un événement particulier sur Zoom. A cette occasion, trois membres des familles d’otages ont évoqué les similarités qui existent entre les événements horribles qui sont survenus le 7 octobre et les atrocités qui avaient été commises par les nazis pendant la Shoah.
Les intervenants, lors de cette visioconférence qui s’est tenue vendredi, étaient des survivants de la Shoah ou des descendants de survivants dont les proches ont été kidnappés le 7 octobre, quand les terroristes du Hamas avaient envahi le sud d’Israël, tuant 1 200 personnes et enlevant 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza.
Michael Kuperstein, 82 ans, survivant et grand-père de Bar Kuperstein, 22 ans, qui a été enlevé au festival de musique électronique Supernova, à Reim, a longuement parlé des similarités « frappantes », a-t-il dit, entre les nazis et le Hamas. Il a évoqué deux entités « fascistes » et il a fait part de sa déception profonde face à la communauté internationale, en particulier face à la Cour internationale de justice qui, selon lui, n’ont pas fait assez pour s’attaquer à la menace posée par le Hamas.
Bar travaillait à la rave, où il intervenait comme personnel médical bénévole. Sa grand-mère était parvenue à lui parler par téléphone peu après le début des tirs de barrage de roquettes qui avaient couvert le lancement de l’assaut du Hamas sur le sol israélien, et Bar avait expliqué qu’il tentait de fuir le site de la fête, avec les autres personnes présentes. Cela avait été le dernier contact entre le jeune homme et sa famille. Des témoins avaient fait savoir, plus tard, que lorsque les terroristes avaient commencé à ouvrir le feu sur la foule, Bar avait fait le choix de rester, d’aider à soigner et à évacuer les blessés. Sa tante avait découvert plus tard une vidéo diffusée par le Hamas où Bar apparaissait sur le sol, les mains nouées derrière le dos.
La famille n’a reçu depuis aucun signe de vie du jeune homme.
Yosef Avi Yair Engel, fils de survivants de la Shoah, grand-père d’Ofir Engel, 17 ans, un otage qui a été remis en liberté, a indiqué qu’il souhaitait recadrer le débat sur la guerre entre Israël et le Hamas autour des atrocités qui ont été commises par le groupe terroriste et non sur l’état actuel de destruction de la bande de Gaza.
« Nous le demandons à tous et dans le monde entier », a dit Engel. « Pensez au 7 octobre. Ne pensez pas à ce qui a commencé le 8 octobre seulement. Le 7 octobre a été, pour moi en particulier… une journée de Shoah. Une journée de Shoah ».
Engel a ajouté que « lorsque les journalistes m’interrogent sur les enfants à Gaza, ils se focalisent sur le 8 octobre et ils oublient ce qui s’est passé, le 7 octobre ».
Son petit-fils, Ofir, a été kidnappé alors qu’il se trouvait chez sa petite amie, au kibboutz Beeri, avec le père de cette dernière, Yossi Sharabi, âgé de 53 ans. Tous les deux étaient ensemble jusqu’à la libération d’Ofir, à l’issue de 54 jours de détention. Le 16 janvier, il a été annoncé que Yossi avait été assassiné par le Hamas après avoir passé 102 jours dans les geôles du groupe terroriste. Son frère, Eli Sharabi, est encore à Gaza.
Tous les représentants du Forum des Familles des otages ont convenu du fait que le slogan « Plus jamais, c’est maintenant » avait aujourd’hui plus de pertinence que cela n’avait jamais été le cas dans le passé.
Autre participant à la visioconférence, Yosi Shnaider, petit-fils de survivants de la Shoah et cousin de Shiri Bibas, 32 ans, qui a été enlevée au kibboutz Nir Oz avec ses deux petits garçons, Ariel, 4 ans et Kfir, âgé de seulement neuf mois à ce moment-là. La famille est encore retenue en captivité dans l’enclave côtière. Shnaider a raconté l’histoire de sa grand-mère qui avait échappé aux nazis, et il a attiré l’attention sur l’impact qu’avait eu la Shoah sur les survivants du génocide, exprimant son inquiétude face aux conséquences psychologiques et physiques de cette détention pour ses proches.
« Beaucoup de gens qui sont revenus de la Shoah – vous pouviez voir combien ils étaient différents… avec tout le fardeau qu’ils avaient porté sur les épaules », a-t-il noté.
Shnaider a ajouté que Kfir et le reste de la famille souffriront probablement de problèmes de santé permanents dorénavant – en particulier les deux jeunes enfants qui sont actuellement en pleine croissance, en plein développement.
Kfir Bibas est le plus jeune otage à être retenu en captivité. Son anniversaire a été célébré en date du 18 janvier dans tout le pays et à l’étranger, au cours de cérémonies solennelles. Le père, Yarden Bibas, 34 ans, a été enlevé séparément du reste de sa famille. Les parents de Shiri, Margit Shnaider Silberman et Yosi Silberman, ont été tués pendant l’attaque meurtrière du Hamas.