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Les institutions juives veulent faire barrage au Rassemblement national

Ce barrage républicain n’exclut pas le Nouveau Front populaire, mais maintient ses distances avec la France insoumise, parti régulièrement accusé d'antisémitisme

Des piles de tracts de campagne imprimés pour les élections législatives françaises dans une imprimerie, à Marseille, dans le sud de la France, le 18 juin 2024. (Crédit : Jérémy Paoloni/AFP)
Des piles de tracts de campagne imprimés pour les élections législatives françaises dans une imprimerie, à Marseille, dans le sud de la France, le 18 juin 2024. (Crédit : Jérémy Paoloni/AFP)

Avec qui faire barrage une nouvelle fois contre le Rassemblement national (RN) ? La question semble torturer le camp présidentiel depuis dimanche soir alors que la vague nationaliste a submergé la France. Le parti d’extrême droite a recueilli 33,4 % des suffrages au premier tour des législatives, loin devant l’union des gauches rassemblées au sein du Nouveau Front populaire (NFP) (28 %) et l’actuelle majorité (21 %).

Si le NFP a clairement appelé à barrer la route à l’extrême droite en retirant ses candidats arrivés en troisième position dimanche soir, la macronie a hésité jusqu’à la fin du dépôt des candidatures du second tour ce mardi à 18h – en dépit d’un communiqué de presse appelant à voter pour les partis républicains. En effet, au sein du parti présidentiel, il n’existe pas de ligne claire entre le ni-ni de l’aile droite (c’est-à-dire pas une voix ni pour le RN ni pour la France insoumise), ou le barrage absolu au Rassemblement national voulu par la gauche du camp macroniste.

Ce cas de conscience s’est imposé aussi aux institutions juives de France.

Depuis que Marine Le Pen, la fille de Jean-Marie Le Pen, a pris la tête du parti en 2011, elle a entrepris une tentative de dédiabolisation du parti pour gagner le soutien du grand public. Elle a assuré avoir pris ses distances avec la rhétorique antisémite de son père et l’a exclu du parti en 2015. Elle s’est ensuite focalisée sur les musulmans, qui représentent 11 % de la population française, et qu’elle considère comme une menace pour le pays.

Cependant, bien que Marine Le Pen ait publiquement dénoncé l’antisémitisme, son proche entourage et nombre de ses partisans sont largement accusés de défendre des positions antisémites, homophobes et xénophobes de manière disproportionnée, selon les experts.

Le RN est un parti héritier du Front national, une formation cofondée en 1972 par un ancien Waffen SS, et qui accueillit de nombreux ex-« collabos » en son sein.

Le 27 juin dernier, un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme expliquait que 34 % des sympathisants du RN considèrent que « les Juifs ont trop de pouvoir ». Ils sont 51 % à penser qu’ils ont « un rapport particulier à l’argent » et autant à les soupçonner de doubles allégeances.

Mais aux yeux de beaucoup de Juifs de France, le principal danger aujourd’hui ne s’appelle plus Le Pen, mais Mélenchon. Si l’insoumis en chef joue avec l’antisémitisme depuis sa défaite à la présidentielle de 2017, les attentats du 7 octobre ont marqué un tournant radical. Son mouvement a refusé – à maintes reprises – de qualifier le Hamas de terroriste. Et face à l’explosion d’antisémitisme en France, avec une augmentation de 300 % des actes contre la communauté juive enregistrée au premier semestre 2024, Jean-Luc Mélenchon a osé qualifier le phénomène de « résiduel », sans compter toutes les sorties ambiguës où il pesait chacun de ses mots.

Ces prises de positions ont creusé le fossé entre le mouvement d’extrême gauche et les Français de confession juive. Au début du mois de juin, l’hebdomadaire Le Point révélait, dans un sondage commandé à l’Ifop par l’American Jewish Committee (AJC), que 92 % des Français juifs considèrent LFI comme le parti qui contribue le plus à l’antisémitisme.

Mais aujourd’hui, la France insoumise n’est pas en position d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale dimanche soir. L’équation pour les institutions juives est donc de sensibiliser au danger de l’extrême droite, qui elle est aux portes du pouvoir, en invitant à la constitution d’un barrage républicain avec toutes les forces politiques du pays, y compris le Nouveau Front populaire, exclusion faite de LFI dans la plupart des cas.

L’appel de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) est assez clair sur ce point : « Au second tour, le 7 juillet, la Licra appelle à n’apporter aucune voix au RN. » Le communiqué ajoute qu’il ne faut pas glisser dans l’urne le bulletin des « candidats qui cherchent à fracturer la nation, à opposer les citoyens les uns aux autres et à plonger la République dans le chaos ». Allusion subtile à la France insoumise largement accusée de « bordéliser » l’Assemblée.

De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) prône une ligne « ni RN, ni LFI », estimant mardi que « face à la menace d’une majorité absolue du RN, LFI ne fait pas partie de la solution mais du problème ». « Le front républicain doit battre le RN sans compromission avec LFI », affirme sur X le Conseil représentatif des institutions juives de France selon qui « seule une ligne républicaine claire permettra dimanche d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir ». « La perspective d’une majorité absolue du RN constitue une menace pour la République » car « jamais dans l’Histoire, les projets populistes ou nationalistes n’ont été un rempart face à la montée de l’antisémitisme et de la haine », ajoute l’institution.

Mais le Crif estime aussi que « les provocations antisémites et sa stratégie du chaos, en alimentant les peurs des Français, ont fait du rejet de LFI le carburant électoral de la montée du RN ».

« La présence de Rima Hassan aux côtés de Jean-Luc Mélenchon dimanche soir (lors de son intervention lors de la soirée électorale, ndlr) témoigne une fois de plus de la stratégie communautariste et clientéliste de LFI », ajoute-t-il.

Rima Hassan n’est pas concernée par ces élections et elle ne joue aucun rôle au sein de LFI. Elle a été élue députée européenne au dernier scrutin.

Jean-Luc Melenchon (au centre), leader du parti de gauche La France Insoumise (LFI), membre de la coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP), entouré de l’avocate franco-palestinienne et députée européenne Rima Hassan (Centre- droite) et du député LFI Manuel Bompard (centre-gauche) prononçant un discours après l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives, à La Faïencerie, à Paris, le 30 juin 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)

Patrick Klugman, avocat du Crif, ajoute : « Il y a à ce stade un péril dominant : que le RN prenne le pouvoir. Tous ceux qui ont la France et la République au cœur doivent tout faire pour l’en empêcher. Votez pour qui vous voulez sauf pour eux. (Bon, évidemment, si c’est un candidat LFI fumeux, je comprendrai le vote blanc). »

Dans un fil publié sur son compte X, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a lui annoncé « ressortir les gants, les pinces à linge, mais faire notre devoir ». L’UEJF précise : « Les partis républicains, Les Républicains, Ensemble, doivent se retirer en cas de triangulaire lorsque le RN peut l’emporter, sauf face à des LFI dont les positions manifestement antirépublicaines ou antisémites nous empêchent de les considérer comme barrages républicains. » « Sans rien pardonner ni avoir une once de complaisance envers la propagation de l’antisémitisme par La France insoumise, nous appelons clairement aujourd’hui à une mobilisation massive pour éviter l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national », ajoute l’UEJF dans son message.

Jusqu’à vendredi, des militants de l’UEJF sillonneront la France « dans les circonscriptions où des candidats RN manifestement xénophobes, complotistes, pro-Poutine ou antisémites se présentent ».

Le collectif 7 octobre, fondé au lendemain du 7 octobre pour lutter contre l’antisémitisme, a aussi publié un appel au barrage sur son compte X : « Le Rassemblement national (Front national) est aux portes du pouvoir. Ce parti prône le rejet de l’autre. Ce parti parle de préférence nationale (La France aux Français). Ce parti présente des candidats à la députation qui tiennent des propos ouvertement racistes. Ce parti met en danger notre République. Cette République qui nous protège TOUS. Les partis républicains doivent prendre leurs responsabilités. Faire bloc contre le RN. Protéger notre République. On a 6 jours. » Le collectif ajoute : « L’arc républicain ne peut se construire qu’avec des républicains. Un républicain ne met pas de cibles dans le dos d’une communauté. Un républicain défend les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité qui ont fait la France. »

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