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Analyse

Les Israéliens toujours à la recherche de réponses après l’assassinat d’Abu Khdeir

« Il est de notre devoir » de faire une introspection, affirme Yoaz Hendel, à la tête d’un think tank de tendance droite

Les participants à un rassemblement anti-racisme à Jérusalem brandissant des pancartes qui disent : « Assez de violence. Oui à la co-existence," 7 juillet 2014. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash 90)
Les participants à un rassemblement anti-racisme à Jérusalem brandissant des pancartes qui disent : « Assez de violence. Oui à la co-existence," 7 juillet 2014. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash 90)

WASHINGTON (JTA) – Pour beaucoup d’Israéliens, les yeux sont tournés vers le Sud, où se déroule un nouveau conflit avec le Hamas.

Pourtant, les pensées sont également dirigées vers l’intérieur, explorant le sentiment de solidarité nationale suite à l’enlèvement et l’assassinat de trois adolescents, quelque peu brisé par l’assassinat d’un quatrième.

Les médias israéliens regorgeaient ces derniers jours de récrimination et d’auto-récrimination sur l’assassinat brutal de Muhammad Abu Khdeir, l’adolescent palestinien de Jérusalem Est qui a été brûlé vif la semaine dernière.

Le meurtre a manifestement été commis en représailles à l’enlèvement et assassinat des trois adolescents israéliens – Naftali Fraenkel, Gil-ad Shaar et Eyal Yifrach, le 12 juin.

« Une lutte nationale ne justifie pas des actes de terrorisme », ont écrit Shimon Peres et Reuven Rivlin, présidents entrant et sortant, lundi dans un article d’opinion commun pour le quotidien Yediot Aharonot.

« Les actes de terreur ne justifient pas la vengeance », écrivent-ils. « La vengeance ne justifie pas la destruction, le pillage et la désolation. Même devant la rage et la frustration, la violence et la douleur, les choses peuvent être faites différemment. Les choses doivent être faites différemment. »

La police israélienne a informé que trois jeunes juifs ont avoué l’assassinat de Khdeir et trois autres sont en garde à vue.

Leeat Granek, une spécialiste du deuil au département de santé publique de l’Université Ben-Gourion, a déclaré qu’une manifestation publique de la douleur peut rassembler les nations tout comme attiser la colère. Dans le sillage de l’assassinat des trois Israéliens, les deux phénomènes sont évidents. D’abord dans le rassemblement autour des parents des adolescents assassinés puis dans les appels à la vengeance.

« Le pays s’est réuni dans le deuil, des cercles de prière », dit-elle. « De la même manière que cette douleur commune peut rassembler le pays, elle peut intensifier la colère, la rage. »

Yoaz Hendel, un ancien responsable de la diplomatie publique au bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui dirige à présent l’Institut de stratégies sionistes, de tendance droitiste, a publié sur Facebook un post largement débattu suite à l’assassinat Khdeir, avant l’arrestation des suspects. Hendel pestait contre les fauteurs de troubles juifs qui, galvanisés par les meurtres des adolescents israéliens, attaquaient des Arabes dans le centre de Jérusalem.

« C’est incroyable à quel point quelques centaines de juifs racistes peuvent causer tant de dégâts à un pays tout entier », a écrit Hendel en hébreu. « Les résultats de l’enquête sur la mort de l’enfant sont déjà sans importance. Après les images de la foule en criant: ‘Mort aux Arabes’, le mal est fait. »

Hendel affirme au JTA que les Israéliens devaient assumer la responsabilité de renfermer des extrémistes, même si ceux-ci représentent un phénomène marginal.

« Il est de notre devoir de le faire un ‘Hesbon nefesh’ », a déclaré Hendel, utilisant le terme hébreu pour introspection, « afin de ne pas permettre ce phénomène de juifs racistes agissant ici comme le Ku Klux Klan, loin du rêve sioniste ».

Elizabeth Tsurkov, une auteure et militante israélienne de gauche, accuse les politiciens d’attiser les flammes de la rhétorique de la vengeance. Elle donne pour exemple la déclaration de Netanyahu du 30 juin suite à la découverte des corps des trois adolescents enlevés, dans laquelle il cite un poème de Haïm Nahman Bialik écrit après un pogrom.

« Cette vengeance pour le sang d’un bébé et d’une jeune fille n’a pas été encore forgée par Satan … », a déclaré Netanyahu, citant le poème, avant de continuer dans ses propres termes : « Ni la vengeance pour le sang de ces trois jeunes purs, qui se trouvaient sur leur chemin vers la maison pour retrouver leurs parents, et qui ne les verront plusr. »

Ces déclarations encouragent les racistes anti-arabes, selon Tsurkov.

« Il est clair que ce genre de rhétorique justifie l’attaque de personnes non impliquées dans le combat », dit-elle.

Mais Hendel a rejeté les affirmations selon lesquelles la société israélienne dans son sens large était coupable, notant les condamnations de l’assassinat de Khdeir de tout le spectre politique.

Hendel a dû affronter des critiques en ligne, opposés à ses condamnations de la violence anti-arabe. Dans un suivi envoyé le 4 juillet, il s’adresse à un commentateur qui lui avait dit : « Vous n’êtes pas mon frère, et nous n’appartenons pas au même peuple. »

« Croyez-moi, j’aurais souhaité qu’il en soit ainsi », a répondu Hendel. « Mais je suis coincé avec vous ».

Muhammad Abu Khdeir (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Muhammad Abu Khdeir (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

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