Les ministres se vendent auprès du public, avec l’argent du contribuable
Une modification des critères de campagnes gouvernementales permet à Miri Regev, Naftali Bennett et à d'autres de parler de leurs bilans, et cela commence à sonner un peu faux
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Vous avez remarqué une augmentation significative du nombre de messages publicitaires du gouvernement et des voix-off des ministres à la télévision et à la radio ? Vous ne savez pas tout. Depuis mai 2015, les ministères ont dépensé 142 millions de shekels (40,5 millions de dollars) pour la radio, la presse écrite et la publicité en ligne, selon Ifat Bakarat Pirsum, l’observatoire des médias, dans une enquête réalisée pour Globes.
Selon un récent reportage de Hadashot sur les annonces à la radio du gouvernement, la ministre de la Culture Miri Regev a dépensé le plus l’année dernière, avec six campagnes pour un coût de 576 833 shekels (164 809 dollars), suivi du ministre des Sciences, de la Technologie et de l’Espace Ofir Akunis, qui a dépensé 568 081 shekels (162 308 dollars), et du ministre de l’Education Naftali Bennett 286 300 shekels (81 800 dollars).
Le reportage ajoute qu’un total de 1,85 million de shekels (535 714 dollars) a été dépensé par divers ministres du gouvernement en publicités radiophoniques au cours de l’année dernière.
Selon une enquête de l’Ifat, Regev et Akunis, ainsi que le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan et le ministre de l’Intérieur Deri, ont acheté au total 37 heures de temps d’antenne radio; Regev à elle seule a utilisé près de 18 de ces heures.
השרה מירי רגב מזמינה את כולם ליהנות מפסטיבלים בחנוכה – מתחת לב…
מתחת לבית ובחינם.שבוע טוב, בשורות טובות וחג שמח.
Posted by Miri Regev מירי רגב on Saturday, December 16, 2017
L’augmentation de la publicité gouvernementale est d’autant plus troublante que Regev a récemment été nommée à la tête de LAPAM, l’agence de publicité du gouvernement.
Bon nombre de ces messages d’intérêt public sont créés par les 100 membres du personnel de LAPAM, dont les bureaux sont situés à Tel Aviv.
Jusqu’à il y a quelques années, les ministres du gouvernement n’étaient pas autorisés à participer aux campagnes électorales, mais le procureur général Avichai Mandelblit a créé de nouveaux critères au cours de la dernière année qui ont aboli ces restrictions, permettant aux ministres du gouvernement de diffuser maintenant leurs dernières réalisations sur une base régulière.
Selon les critères, les ministres peuvent participer eux-mêmes à la publicité radiophonique pour les événements auxquels le public est invité. Ils peuvent également acheter des annonces dans les journaux, mais ne peuvent pas apparaître sur une photo dans une annonce de journal.
C’est une question que Stav Shaffir, membre de la Knesset, a dit vouloir soumettre au Comité de transparence de la Knesset, en soulignant que les ministres utilisent des fonds publics pour financer leurs campagnes politiques.
« Ce n’est pas ce que le public aurait voulu », a-t-elle dit.
Le magazine indépendant The Seventh Eye, qui examine de près les questions des médias et de la transparence, a également écrit au sujet de cette augmentation de la publicité gouvernementale, en publiant une lettre que l’avocat Shahar Ben-Amir et la personnalité des médias Oded Kramer ont écrit, exigeant que Mandelblit change les critères puisque la publicité gouvernementale utilise les fonds publics pour des publicités personnelles qui font la promotion des politiciens et de leur notoriété.
Pour l’instant, cependant, il semble que Regev, en tant que chef du LAPAM, soit responsable de ce domaine contestable des dépenses publiques. Le nouveau PDG de l’agence est l’ancien porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Boaz Stambler, qui a récemment témoigné devant la police dans l’affaire de corruption Bezeq.
Stambler a refusé de parler au Times of Israel dans le cadre de cet article.
Le porte-parole de Regev n’a pas non plus répondu à des questions précises sur les changements apportés aux critères de la publicité gouvernementale, sauf pour dire que la participation des ministres à la publicité gouvernementale à la radio s’est faite selon les critères établis par le procureur général en la matière.
Gadi Margalit, l’ancien PDG de LAPAM, qui est aujourd’hui directeur général de la municipalité de Haifa, n’a pas souhaité non plus répondre aux questions du Times of Israel sur l’augmentation de la publicité gouvernementale.
Margalit avait pourtant parlé à The Marker en janvier, expliquant qu’il s’attendait à ce que le budget du LAPAM – qui est généralement basé sur deux ans – diminue considérablement, étant donné que le gouvernement avait décidé de réduire le budget de 40 %.
Selon The Marker, quelque 34 % du budget LAPAM le plus récent consacré à la publicité gouvernementale a été utilisé pour des publicités télévisées, dont 23 % dans la presse, ainsi que pour des publicités Google et des campagnes Facebook.
La télévision et les vidéos YouTube ne montrent pas d’images des ministres du gouvernement et sont utilisées pour informer le public de diverses campagnes publiques.
Selon l’Ifat, le ministère des Transports a dépensé 19,5 millions de shekels (5,57 millions de dollars) pour des campagnes sur l’achat de cartes de transport polyvalentes, des rappels pour ne pas rouler à bicyclette électrique sur le trottoir et et pour ne pas traverser la rue en regardant son smartphone ou en rêvassant avec des écouteurs sur les oreilles.
La deuxième place revient au ministère de la Justice, qui a dépensé 14 millions de shekels (4 millions de dollars) pour des messages d’intérêt public sur l’infraction criminelle consistant à télécharger des contenus sexuels illégalement et à favoriser l’accessibilité des entreprises pour les personnes handicapées.
Le ministère de l’Éducation est arrivé en troisième position avec 11,9 millions de shekels (3,4 millions de dollars) avec « Give Me Five ! » encourageant les étudiants à suivre cinq matières au baccalauréat, dont une sur l’apprentissage de l’anglais avec un caméo de Nadav Guedj, candidat israélien du dernier Eurovision.
Il y a eu également des campagnes du ministère des Finances pour comparer les polices d’assurance automobile et l’importance de comparer les achats lors de la Pâque juive, du ministère du Tourisme sur les merveilles des voyages en Israël, et du bureau du Premier ministre (avec le comédien Adi Ashkenazi) sur la mise à disposition d’informations gouvernementales en ligne.
Même la Knesset est entrée dans le jeu, avec une campagne montrant comment la démocratie fonctionne, en utilisant un chien.
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