Les raffineries de pétrole de Haïfa en tête de la liste noire des sociétés environnementales polluantes
Le ministère de l'Environnement affirme que son contrôle annuel vise à accroître la transparence pour les investisseurs et le grand public
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le ministère de l’Environnement a publié mardi son cinquième rapport annuel sur les sociétés polluantes, répertoriant les entreprises ayant le pire impact sur leur environnement ou qui ne respectent pas la réglementation, et a pointé du doigt un complexe pétrolier de Haïfa, en tête de ce triste palmarès.
L’indice d’impact environnemental 2016 a examiné plus de 100 usines et 1 000 stations-service sur la conformité aux réglementations environnementales et leur impact sur l’environnement. Il comprenait la « Liste rouge » du ministère – les dix premières entreprises qui ont accumulé le plus de points pour un mauvais comportement lors des inspections réalisées en 2015.
Les points sont attribués en fonction de trois facteurs : l’impact d’une entreprise sur l’environnement, le manque de conformité aux lois environnementales et à la réglementation, et enfin la gestion environnementale.
Au sommet de la liste noire, Oil Refineries Ltd avait 487 points, suivie de la Raffinerie de pétrole Paz Ashdod (366), de Gadiv Petrochemical Industries (362), Carmel Olefins (335), Rotem Amfert Negev (311), Hadera Papers (309) , Adama Agricultural Solutions (299), Dead Sea Works (265), la centrale de Rutenberg d’Israël Electric Corp (261) et la Dead Sea Magnesium (256).

« L’indice est le premier outil du genre à offrir des informations provenant d’une source gouvernementale sur les niveaux de risque environnemental des entreprises et fournit aux investisseurs des entreprises publiques une indication simple et directe de leur niveau de risque », a déclaré le ministère dans un communiqué.
La pire société polluante, ORL (Oil Refineries Ltd), a non seulement dépassé la liste, mais a également affiché une augmentation de 27 % de son score par rapport à l’année précédente, et ce, « en raison des violations dans la surveillance et l’application de la loi », a indiqué le rapport.
En 2015, le ministère a publié 29 avertissements à ORL pour avoir dépassé ses émissions autorisées d’oxydes d’azote, de carbone organique, de monoxyde de carbone et de particules au cours de la période 2012-2015.
Le ministère a noté que Gadiv Petrochemical Industries et Carmel Olefins, respectivement au troisième et quatrième rang, sont également des filiales d’ORL.

Le ministre de l’environnement Zeev Elkin a déclaré dans un communiqué que l’indice fournit aux citoyens israéliens un panorama des entreprises qui représentent les plus grandes menaces.
« Nous permettons à chaque citoyen d’Israël et à chaque investisseur d’avoir une image complète des entreprises qui sont dangereuses pour l’environnement en Israël, avec des informations fiables et accessibles, a déclaré Elkin. Le ministère de l’Environnement travaille à accroître la transparence environnementale à plusieurs niveaux et appelle les investisseurs à évaluer les risques d’une entreprise, en utilisant cette information environnementale afin d’aider les sociétés publiques à réduire leur impact négatif sur l’environnement. »
Le ministère a noté qu’il avait optimisé à hauteur de 45 % ses méthodes de surveillance et d’application, qui ont permis de détecter les violations de l’environnement.
La firme ORL a déclaré dans un communiqué qu’elle s’était fixée pour objectif stratégique la protection de l’environnement et qu’elle mène un dialogue sérieux et permanent avec toutes les parties concernées, tout en décrivant également certains paramètres de l’indice comme étant « absurdes », selon la Deuxième chaîne.
« L’indice publié ne tient pas compte des investissements énormes et de la tendance à l’amélioration des sites. De plus, l’indice place au même niveau les usines industrielles géantes et les petits ateliers, et compare de façon absurde leur influence sur l’environnement. »
La société a déclaré qu’au cours de la dernière décennie, elle avait investi 1,3 milliard de shekels dans le domaine de la protection et de la sécurité de l’environnement, entraînant une baisse de 90 % de ses émissions depuis 2009.
L’Association des fabricants d’Israël a réagi quant à elle à ce rapport avec un communiqué ferme, précisant : « à notre regret, l’index présenté ici est manipulé et ne représente pas correctement l’amélioration constante des indices environnementaux de l’industrie israélienne. L’industrie du pays a investi des centaines de millions de dollars au cours de la dernière décennie et fonctionne aujourd’hui selon les normes les plus élevées au monde. »
La municipalité de Haïfa s’est plainte que le gouvernement n’avait pas de plan général pour prévenir la pollution dans la baie de la ville, et, par conséquent, mettait en danger près d’un million d’habitants de la région, selon la Deuxième chaîne.
« Nous demandons une fois de plus au gouvernement de se réveiller et d’agir pour supprimer le complexe d’ammoniac de la baie de Haïfa, et d’arrêter tous les projets polluants, et surtout l’expansion de la firme ORL – avant le prochain rapport. »

Depuis des années, la municipalité fait pression auprès du gouvernement pour qu’il déménage un réservoir massif d’ammoniac utilisé par l’industrie locale des engrais. Selon la mairie, si ce réservoir provoquait un accident, il pourrait faire des dizaines de milliers de victimes. Résultat, la Cour suprême a statué en mai que le réservoir devait être fermé d’ici fin juillet.
Le rapport fait aussi état des efforts de certaines sociétés comme Paz Lubricants and Chemicals, une usine de Haïfa, qui affiche une amélioration de 58 % par rapport au dernier indice pour passer de la 12e à la 47e firme sur la liste.
La compagnie de carburant Sonol a également réussi à réduire son score de 90 % au cours des deux dernières années, a déclaré le ministère.
Rotem Amfert Negev a fait la une des journaux le week-end dernier, après l’effondrement d’un mur de soutènement de l’un de ses bassins d’évaporation d’acide, qui a fait se déverser environ 100 000 mètres cubes de déchets toxiques dans Nahal Ashalim, un wadi du sud du désert de Judée.
Dimanche, le ministère a déclaré qu’il ouvrait une enquête criminelle sur l’incident, qui, selon des experts, a causé des dégâts dont il faudra des années pour les effacer.
