Les suspects accusés d’abus à Sde Teiman en résidence surveillée jusqu’à leur procès
Accord entre la défense et le parquet pour prolonger la détention provisoire des 5 suspects, l'enquête de la police sur les abus sexuels présumés d'un détenu palestinien touchant à sa fin
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Cinq réservistes de Tsahal, soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’un terroriste palestinien détenu au centre de détention de Sde Teiman, dans le sud d’Israël, ont été assignés à résidence ce mardi.
Cette décision intervient alors que la police militaire devait conclure son enquête sur cette affaire d’abus très médiatisée et déposer des actes d’accusation à l’encontre des suspects, sous réserve d’une audience.
Dix soldats du centre de détention de Sde Teiman ont été arrêtés le 29 juillet. Ils ont été soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’un policier du Hamas arrêté dans la bande de Gaza plusieurs semaines auparavant, à l’aide d’un objet. Le ministère public n’a pas demandé le maintien en détention des cinq autres soldats, en raison de nouvelles informations sur l’affaire.
L’enquête sur les soldats a été lancée après que le terroriste présumé a été transporté de la base à l’hôpital avec des signes de sévices graves, y compris à l’anus.
Selon Tsahal, les soldats sont soupçonnés de sodomie aggravée (un chef d’accusation équivalent au viol), de lésions corporelles dans des circonstances aggravées, d’abus dans des circonstances aggravées et de conduite indigne d’un soldat.
Certains des suspects sont également soupçonnés d’agression et de perturbation du travail de fonctionnaires publics, a indiqué Tsahal.
Des images, diffusées par la Douzième chaîne la semaine dernière, montrent des soldats à Sde Teiman prenant à part l’un des détenus, qui était allongé sur le sol, face contre terre, puis l’entourant de boucliers anti-émeutes, possiblement pendant qu’ils commettaient les abus. Le détenu a ensuite été emmené pour être soigné de ses graves blessures.
Les procureurs militaires ont indiqué mardi qu’ils souhaitaient prolonger la détention des cinq suspects restants jusqu’au 22 août.
De son côté, la défense a déclaré qu’elle était parvenue à un accord avec le parquet pour prolonger la détention provisoire des suspects, mais en les assignant à résidence.
L’accord entre l’accusation et la défense devait être présenté aux juges d’un tribunal militaire lors d’une audience sur la détention provisoire plus tard dans la journée de mardi.
Les réservistes ont été arrêtés par des officiers de la police militaire masqués sur la base de Sde Teiman, dans le sud d’Israël, le 29 juillet. Suite à ces arrestations, une foule d’activistes et de législateurs d’extrême droite ont fait irruption dans la base et ont manifesté, avant de déferler sur la base de Beit Lid où les suspects étaient détenus et interrogés.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Sde Teiman a accueilli plus d’un millier de détenus de Gaza soupçonnés d’activités terroristes. La grande majorité d’entre eux étaient soupçonnés d’avoir participé au pogrom perpétré par le Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours duquel les terroristes ont assassiné près de 1 200 personnes et pris 251 otages, pour les emmener dans la bande de Gaza.
Les terroristes et autres suspects sont généralement détenus dans un premier temps dans les centres de détention des bases de Tsahal à Anatot et Ofer, avant d’être remis à l’administration pénitentiaire israélienne (IPS). La loi permet de détenir les prisonniers pendant 45 jours avant de les libérer ou de les remettre à l’IPS.
Tsahal a annoncé en mai qu’elle enquêtait sur des allégations de mauvais traitements et de torture de détenus à Sde Teiman, après avoir reçu des rapports faisant état de graves mauvais traitements infligés aux prisonniers.
Ces rapports font état d’abus généralisés sur les prisonniers, notamment de contraintes physiques extrêmes, de passages à tabac, de négligence des conditions médicales, de punitions arbitraires et de bien d’autres choses encore.