L’ex-otage Karina Ariev se concentre sur l’échec du 7 octobre, selon sa sœur aînée
Sasha Ariev parle du désir de Karina de rendre hommage à ses amies tuées à Nahal Oz, tandis que Shlomi Berger, père de l'ex-otage Agam, parle de son désir de revenir à la normale
Lorsque Karina Ariev, libérée des geôles du Hamas, est rentrée chez elle cette semaine dans le quartier de Pisgat Zeev à Jérusalem, elle voulait avant tout se remettre de cette épreuve. Elle essaye notamment de comprendre ce qui s’était passé sur la base militaire de Nahal Oz le 7 octobre 2023, le jour où elle a été prise en otage par le groupe terroriste palestinien.
« Il est plus difficile de parler de ce jour-là que des quinze mois de sa captivité », a déclaré Sasha Ariev, la sœur aînée de Karina, qui s’est faite la porte-parole de sa famille pendant toute la durée de la captivité de sa cadette.
Karina, l’une des cinq tazpitaniyot – soldates de surveillance – libérées après plus de quinze mois de captivité, a été prise en otage à l’aube du 7 octobre, en même temps qu’Agam Berger, Daniella Gilboa, Liri Albag et Naama Levy. Beaucoup d’autres de ses camarades ont été tuées.
Selon les dernières informations, les cinq tazpitaniyot ont été retenues en otage à Gaza par un haut responsable de la branche armée du groupe terroriste palestinien du Hamas.
Sasha n’a pas précisé si sa sœur avait été retenue en otage avec les autres pendant toute la durée de leur captivité, mais a confirmé que Karina et Daniella avaient été détenues ensemble.
Karina avait parlé pour la dernière fois à ses parents à 7 heures du matin. Ils sont ensuite tombés sur une vidéo du Hamas diffusée sur Telegram, dans laquelle Karina, le visage blessé et ensanglanté, était l’une des trois jeunes femmes allongées dans une jeep, entourées d’individus parlant en arabe.

Elle s’était engagée dans l’armée un an auparavant, le 7 octobre 2023, et avait été affectée à la base militaire de Nahal Oz, à la frontière de Gaza, pendant neuf mois.
« Elle était l’une des soldates de surveillance les plus expérimentées, tout comme Daniella », a déclaré Sasha.
« Elles étaient chargées de former les nouvelles recrues. »
Parmi les nouvelles recrues, on comptait Naama, Liri et Agam, arrivées quelques jours plus tôt à la base de Nahal Oz.
Elles faisaient toutes partie de l’équipe chargée de la surveillance des communications sur la base militaire située à proximité du kibboutz Nahal Oz, et faisaient partie de l’équipe de soldates qui suivaient les images des caméras placées sur la barrière de sécurité qui avait été franchie par les terroristes.
Ce matin-là, alors que la base était envahie par les terroristes du Hamas, les officiers d’état-major et les tazpitaniyot se retranchèrent dans la salle de guerre.
Au total, vingt personnes ont été tuées. Une enquête sur les circonstances des décès des soldates de surveillance en poste à Nahal Oz le 7 octobre aurait révélé qu’elles ont été tuées par un gaz toxique qui a provoqué une suffocation et une perte de conscience quelques minutes après après y avoir été exposées.
Sept soldates de surveillance ont été enlevées de la base de Nahal Oz, dont Ori Megidish, qui a ensuite été secourue par l’armée israélienne en octobre 2023 ; Noa Marciano, qui a été tuée en captivité ; Karina, Daniella, Liri et Naama, qui ont été libérées cinq jours avant Agam.

Alors que les tazpitaniyot sont chargées de fournir des informations en temps réel aux soldats sur le terrain – ce qui leur a valu le surnom des « yeux de l’armée » – les membres de cette unité entièrement féminine estiment qu’elles n’ont pas été prises au sérieux par sexisme.
Selon les récits des soldates, aucune mesure n’a été prise par les officiers supérieurs qui ont reçu les rapports, et les informations ont été ignorées par les responsables du renseignement, qui les ont jugées non pertinentes.
« Même avant le 7, le travail était compliqué, c’était dur », a témoigné Sasha.
« Entre la distance avec la maison, le travail compliqué de surveiller les écrans et le fait de savoir que les supérieurs ne l’écoutaient pas. »

Ce qui rendait le service de Karina supportable avant le 7 octobre, c’était ses camarades et l’environnement que les soldates s’étaient créé.
Karina n’arrête pas de parler de ce qui s’est passé ce jour-là, de se demander comment une horde de terroristes avait pu envahir la base, selon Sasha.
« Elle n’arrête pas d’y penser, elle veut savoir comment cela s’est produit, comment cela a pu avoir lieu », a déclaré sa sœur.
« Elles n’ont pas cessé d’en parler pendant leur captivité, et de répéter que personne ne les avait écoutées. »
« C’est une expérience différente, de savoir ce que c’est que d’être une soldate de surveillance, d’avoir effectué de nombreuses gardes », a-t-elle ajouté.
Maintenant que Karina a été libérée et est rentrée chez elle, elle se concentre sur la lutte pour obtenir la libération du reste des otages. Elle connaît les noms des soldats qui ont été pris en otage dans les chars à Nahal Oz, « et c’est l’une des choses qui la fait souffrir », a souligné Sasha.
« Ils ont été pris en otage le même jour, et ils sont toujours là-bas. »
Elle s’attache également à perpétuer le souvenir de ses camarades tombées ce jour-là à Nahal Oz.

« Elle savait qu’elles avaient été exécutées lorsqu’elle a été emmenée en captivité ; elle a vu ce qui s’est passé. Et cela l’a beaucoup préoccupée. Elle veut rencontrer leurs parents, leur parler et leur dire qu’elle a survécu pour elles, pas seulement pour elle-même. Elle ne peut s’empêcher de leur rendre hommage encore et encore. Elle parle d’elles tout le temps. »
Ce qui est rassurant, c’est que Karina est prête à leur parler, a précisé sa sœur, âgée de 25 ans, étudiante en neurobiologie à l’université hébraïque de Jérusalem, qui a interrompu ses études et son travail ces derniers mois pour diriger les efforts de sa famille visant à exhorter le gouvernement à conclure un accord pour la libération des otages.
« Elle a dit qu’elle avait attendu ce moment pour témoigner de ce qui lui était arrivé », a déclaré Sasha.
« L’important, c’est que nous écoutions ce qu’elle a à nous dire. »
Karina a également effectué son service militaire, qui s’est achevé au cours de ses quinze mois de captivité.
« Maintenant, elle doit apprendre à faire ses propres choix, ce qu’elle n’a pas fait à l’école, à l’armée ou en captivité. »
Le défi est maintenant de revenir à une vie normale.
« Nous ressentons l’étreinte de toute la nation », a-t-elle ajouté.
« On nous envoie des cadeaux et de la nourriture, on vient nous faire enlacer, et Karina doit s’y habituer. Elle n’arrête pas de demander : ‘Quoi ? Pourquoi ? Pourquoi me font-ils des cadeaux ?’ »
Le retour à une vie normale
« La réadaptation à la vie normale est un processus », a souligné Shlomi Berger, le père de l’ex-otage libérée Agam, qui a été relâchée cinq jours après les quatre autres soldates de surveillance.
Deux semaines après le retour de sa fille en Israël, Shlomi a qualifié de miracle le fait qu’elle soit revenue en relativement bonne santé physique, comparé à l’état d’émaciation dans lequel se trouvaient les trois otages masculins libérés samedi dernier.

« C’est un miracle, mais elle s’en est vraiment bien sortie, surtout quand on voit les hommes qui ont été libérés Shabbat dernier, ils ressemblaient à des survivants des camps de concentration », a-t-il déclaré.
« Des séances de rééducation l’attendent. Elle n’a pas beaucoup marché et elle doit renforcer son corps, c’est donc son prochain défi. »
L’autre défi, a-t-il ajouté, est de permettre à Agam de reprendre une vie normale.
« Ces filles doivent réapprendre à se rendre au centre commercial et au magasin du coin, et faire face aux gens qui voudront les serrer dans leurs bras et les embrasser », a-t-il expliqué.
« Elles veulent être anonymes. »
C’est un changement qui s’opère lentement, a souligné Shlomi, en commençant par des promenades nocturnes à l’extérieur de leur domicile de Holon, lorsqu’il y a moins de monde.
« Nous arriverons au moment où elle ira où elle veut », a-t-il déclaré.
« Nous devons tous reprendre une vie normale. »

Alors qu’Agam donne peu à peu des détails sur les quinze derniers mois, Shlomi a exprimé sa surprise face à la détermination de sa fille, qui a raconté à ses parents avoir jeûné à Yom Kippour et à Tisha BeAv, et même obtenu un autre type de farine pour Pessah afin de respecter la tradition de ne pas manger de levain pendant cette fête.
« Je n’arrivais pas à y croire », a déclaré Shlomi, ajoutant que les cinq tazpitaniyot tenaient des carnets et un calendrier qu’elles n’ont pas été autorisées à ramener en Israël.
« Elles essayaient de garder leur identité et de respecter les jours de fête et le Shabbat. »
La famille d’Agam avait entendu d’autres anciens otages libérés en novembre 2023 parler du virage religieux d’Agam comme d’un moyen de renforcer sa propre détermination en captivité et avait suivi l’exemple de leur fille.
« Nous avons choisi la foi », a-t-il déclaré.
« C’est ce qui nous a permis de tenir le coup. »
Pour l’instant, a dit Shlomi, ils se concentrent sur sa rééducation et le font ensemble.
« Aujourd’hui, nous accompagnons Agam, main dans la main, jusqu’à ce que nous puissions la laisser s’envoler », a-t-il déclaré.
Selon Sasha, un retour simple à la vie normale n’est pas possible.
« Karina est de retour, et notre famille est au complet, mais il y a des otages qui ne sont pas revenus, donc je ne vais pas reprendre ma vie comme si de rien n’était juste parce que ma sœur est de retour », a expliqué Sasha.
« Il a fallu tellement de temps pour que ce cessez-le-feu soit mis en place, et je vais continuer à me battre et à lutter pour que toutes les étapes du cessez-le-feu soient respectées. »
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