Libye : les Européens font pression sur le maréchal Haftar
"En Libye, il n'y aura pas de victoire militaire. La solution ne peut être qu'une solution politique", a dit le ministre français des Affaires étrangères
La France, l’Italie et l’Allemagne ont fait pression samedi sur le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est de la Libye, lui demandant d’arrêter son offensive sur Tripoli et de revenir au processus de paix conduit par les Nations unies.
« Il y a un principe fondamental. En Libye, il n’y aura pas de victoire militaire. La solution ne peut être qu’une solution politique », a martelé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l’issue d’une réunion avec ses homologues du G7 à Dinard (nord-ouest de la France).
Sans citer directement le maréchal Haftar, qu’il connaît bien et auquel il a rendu plusieurs fois visite dans son fief de Benghazi (est), le ministre français a déploré des « initiatives intempestives ».
La France est accusée d’ambiguïté sur ce dossier.
Jeudi, les forces pro-Haftar ont lancé une offensive pour prendre la capitale Tripoli où siège le gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. Sarraj a ordonné à ses forces et milices alliées de les repousser.
Jean-Yves Le Drian a rappelé que les deux rivaux n’étaient pas loin d’un accord lors de leur rencontre en février à Abou Dhabi.
« Il faut maintenant qu’ils surmontent les difficultés du passé dans l’intérêt du peuple libyen », a insisté le ministre français des Affaires étrangères.
« Il importe que toute la communauté internationale soit sur cette ligne » de la solution politique, a-t-il ajouté alors que les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Égypte soutiennent Khalifa Haftar.
La France est « sur la même ligne que l’Italie », a-t-il ajouté, alors que sa voisine transalpine paraît régulièrement irritée par les initiatives de la France dans son ancienne colonie.
Son homologue italien Enzo Moavero Milanesi a aussi insisté sur l’unité de vues des ministres du G7 sur la question libyenne. « Personne n’est prêt à accepter le fait accompli militaire », a-t-il dit devant des journalistes.
Interrogé sur de possibles sanctions contre Khalifa Haftar s’il persistait dans ses intentions, M. Milanesi a répondu : « nous avons dit assez clairement quelle était notre position et nous espérons qu’il (Haftar) en tiendra compte. Dans le cas contraire, nous verrons ce qui peut être fait ».
Son homologue allemand Heiko Maas a aussi mis l’accent sur la nécessité de convaincre le maréchal Haftar de revenir à plus de retenue.
« Nous devons utiliser les moyens de pression (existants) sur les acteurs libyens, spécialement le (maréchal) Haftar pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’escalade militaire », a déclaré le ministre allemand.