Israël en guerre - Jour 340

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Analyse

Une intolérable « impuissance » de l’armée face aux colons

La destruction d’un poste de l’armée à Yitzhar la semaine dernière souligne la nécessité de répondre différemment à la violence juive en Cisjordanie

Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Un habitant masqué de Yitzhar, en Cisjordanie, lance des pierres avec une fronde, le 19 mai 2013. (Crédit : Mendy Hechtman/Flash90)
Un habitant masqué de Yitzhar, en Cisjordanie, lance des pierres avec une fronde, le 19 mai 2013. (Crédit : Mendy Hechtman/Flash90)

“Impuissants” – voilà un mot répété en boucle la semaine dernière.

Les réservistes de l’armée israélienne en poste dans l’implantation de Yitzhar, dans le nord de la Cisjordanie, ont été réveillés à l’aube par un groupe de jeunes maraudeurs et d’adultes, qui les ont sommés de quitter immédiatement leurs tentes s’ils ne voulaient pas que leur matériel militaire et la position qu’ils tenaient soient brûlés sur le champ.

Comme l’ont rapporté la quasi-totalité des médias, les soldats se sont retrouvés
« impuissants » face aux menaces. Ébahis, sans ordres clairs, ils se sont exécutés. Leur matériel a été saccagé. Et l’armée, de manière similaire au fléau continu que représentent les attaques du « Prix à payer », s’est révélée incapable de contenir les éléments les plus radicaux d’une communauté qu’elle est censée protéger.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit.

En décembre 2011, plusieurs centaines de jeunes Juifs israéliens ont bloqué la route 55 près de Qalqilya, jeté des pierres sur les voitures, ouvert de force les portes de la Jeep du commandant de la brigade régionale, lancé des pierres à l’intérieur du véhicule, légèrement blessé le colonel Ran Kahana et son adjoint avant de prendre d’assaut la base de la brigade Efraïm, crevant des pneus et répandant de la peinture sur leur passage.

Comment sont-ils entrés ? Par la porte principale. Ils ont simplement lancé la charge et les soldats armés, tellement peu préparés à maîtriser les leurs, se sont écartés.

Plusieurs dynamiques sont ici à l’œuvre.

En premier lieu, la société israélienne continue à traiter ses soldats comme des enfants. Ce ne sont pas des garçons ou des filles. Ni quand ils prennent part à des échanges de prisonniers, ni quand ils sont envoyés sur le champ de bataille pour protéger des civils et encore moins quand ils doivent tenir une position en Cisjordanie. Ce sont des adultes. Ils portent des mitrailleuses. Ils ne devraient pas être perçus comme impuissants et ne devraient pas se considérer comme tels.

Ensuite, la relation entre l’armée et la police ne fonctionne pas. En théorie, les choses se passent ainsi : le district Shai de la police israélienne, fondé en 1994 et qui s’occupe de l’ensemble de la Cisjordanie, fonctionne en binôme avec l’armée, le Shin Bet et l’administration civile, mais s’occupe en priorité de l’ensemble des tâches policières pour les civils israéliens de Cisjordanie, à l’exception de Jérusalem et de sa périphérie.

Et pourtant, si le district Shai fait bien son travail de protection des civils juifs, il s’est révélé étonnamment incompétent pour juguler la criminalité juive.

De 2005 à 2013, il a lancé 992 enquêtes après des accusations de violence israélienne contre des Palestiniens ; jusqu’à présent, seuls 7,8 % des cas ont conduit à une mise en examen, selon l’organisation humanitaire Yesh Din.

De manière assez facilement compréhensible, l’armée préfère que la police et le Shin Bet s’occupent de ces enquêtes.

Mais l’inefficacité des poursuites, et la manière dont les criminels hésitent de moins en moins à s’en prendre à l’armée-même, signifient qu’une restructuration du district Shai est nécessaire, ou bien que l’armée, comme elle l’a fait récemment à Yitzhar, doit faire appel à la police aux frontières pour éradiquer la criminalité juive en Cisjordanie.

Le député Elazar Stern (Hatnua), un ancien général militaire, a applaudi la décision exceptionnelle de l’armée, juste après l’attaque de la semaine dernière, de faire stationner une unité de la police aux frontières dans la yeshiva Od Yossef Chai de l’implantation.

Elazar Stern (gauche) avec Amnon Rubinstein à la Cour suprême (Crédit / Kobi Gideon/Flash 90)
Elazar Stern (gauche) avec Amnon Rubinstein à la Cour suprême (Crédit / Kobi Gideon/Flash 90)

« Ce n’est pas juste le moment de faire de beaux discours sur la nécessité pour la police et l’armée de remplir leurs rôles », a écrit Stern vendredi sur sa page Facebook.

« Bien sûr, ils ont besoin de faire cela, mais l’accomplissement de leur rôle ne peut être fait que si la communauté de Yitzhar est considérée comme un lieu d’où proviennent les attaques et est géré de manière adéquate : avec des barrages routiers à l’entrée (il est évident pour moi que certains habitants merveilleux et loyaux de Yitzhar en paieront le prix, mais il n’y a pas le choix) ainsi que des enquêtes dans Yitzhar et, si nécessaire, des arrestations, même en plein milieu de la nuit, comme ce serait le cas pour n’importe quel autre endroit où existent des soupçons de terrorisme contre les citoyens d’Israël et les soldats de l’armée. »

Il a aussi prévenu que, si rien n’était fait, le climat actuel pourrait dégénérer en bain de sang.

Dans une interview donnée dimanche, le chef d’état-major de l’armée Benny Gantz a qualifié la violence des extrémistes juifs de menace à la sécurité nationale.

Le ministre de la Défense Moshe Yaalon s’est montré tout aussi sévère. « De mon point de vue, il s’agit de terrorisme. Et nous devons traiter ces événements comme des actes terroristes. C’est un phénomène insupportable, de la plus haute gravité, et nous devons y mettre fin. »

Yaalon a fait le lien entre la violence contre des soldats et celle contre des Palestiniens innocents.

Ce n’est pas la première fois qu’il fait une telle connexion – il considère depuis longtemps les attaques du « prix à payer » comme une forme de terrorisme.

Mais le déploiement de la police aux frontières à Yitzhar marque un nouveau mode d’action, qui s’est longtemps fait attendre.

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