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L’Irak dévoile un projet routier et ferroviaire du Golfe à la Turquie

Le projet, évalué à 17 Mds de $ par le gouvernement irakien, en est au stade embryonnaire : le premier coup de pelle de ce corridor de 1 200 km n'a pas encore été donné

Le président chinois Xi Jinping participant à une réunion avec le Premier ministre russe, à Pékin, le 24 mai 2023. (Crédit : Alexander Astafyev/SPUTNIK/AFP)
Le président chinois Xi Jinping participant à une réunion avec le Premier ministre russe, à Pékin, le 24 mai 2023. (Crédit : Alexander Astafyev/SPUTNIK/AFP)

L’Irak a présenté samedi un ambitieux projet de construction d’une route et d’une voie ferrée reliant le Golfe à la Turquie, deux ouvrages destinés à placer sur la route des transports mondiaux un pays qui sort de plusieurs décennies de conflits.

Le projet, évalué à 17 milliards de dollars par le gouvernement irakien, en est au stade embryonnaire : le premier coup de pelle de ce corridor de 1 200 km n’a pas encore été donné.

Selon le souhait de Bagdad, la route et le chemin de fer devront être réalisés en coopération avec des pays de la région – le Qatar, les Émirats arabes unis, le Koweït, la Syrie, Oman, la Jordanie, la Turquie, l’Iran et l’Arabie saoudite – dont des représentants étaient invités samedi à la présentation de cette « Route du développement » dans la capitale irakienne.

« Nous voyons dans ce projet durable un pilier de l’économie qui ne sera plus fondée sur le pétrole », a déclaré le Premier ministre, Mohamed Chia al-Soudani, à l’ouverture de la réunion.

« C’est un lien qui servira les voisins de l’Irak et la région et (qui contribuera) à l’intégration économique », là où le Golfe joue un rôle majeur dans le transport maritime mondial, a-t-il ajouté.

Chaque pays qui le souhaite « pourra réaliser une partie du projet », a expliqué la commission des Transports du Parlement irakien qui estime que le projet pourrait être achevé « d’ici trois à cinq ans ».

« Interdépendance » 

« La Route du développement va doper l’interdépendance entre les pays de la région », a assuré dans son intervention l’ambassadeur turc à Bagdad, Ali Riza Güney, sans préciser à quelle hauteur son pays, partenaire économique essentiel de l’Irak, comptait contribuer financièrement.

Ravagé par des décennies de guerre et une corruption omniprésente, l’Irak, pourtant riche en hydrocarbures, a un énorme problème d’infrastructures.

Truffées de nids de poule, mal entretenues, ses routes sont dans un état lamentable. Et celles qui relient Bagdad au nord traversent certaines zones où des cellules du groupe État islamique sont toujours actives de manière sporadique.

Al-Soudani martèle que la réhabilitation du réseau routier est l’une de ses priorités, avec la mise à niveau du réseau électrique, tout aussi défaillant.

Le corridor routier et ferroviaire doit permettre à l’Irak de capitaliser sur sa position géographique et faire de ce pays une charnière du transport de marchandises et de personnes entre le Golfe et la Turquie, puis l’Europe.

Le projet prévoit la construction d’une quinzaine de gares le long du tracé, notamment à Bassora (sud), Bagdad et Mossoul (nord), jusqu’à la frontière avec la Turquie.

Manque de « fluidité » 

De grands travaux sont déjà en cours pour développer les capacités du port commercial et industriel de Fao, sur les rives du Golfe, où les marchandises seront déchargées avant d’emprunter la nouvelle route ou le rail.

Le Golfe, bordé notamment par l’Iran et l’Arabie saoudite, est une zone de transport maritime majeure, surtout pour les hydrocarbures extraits dans les pays de la région.

Mais Zyad al-Hachémi, consultant irakien en transport international, s’interroge sur la viabilité du projet irakien, pointant son manque de « fluidité ».

« Les clients préfèrent transporter leurs marchandises directement d’Asie vers l’Europe sans passer par un processus de chargement et déchargement », entre les porte-conteneurs et la route ou le rail, dit-il.

Le transport est l’un des secteurs-clefs de l’économie mondiale. Et bien d’autres projets colossaux mettent, eux aussi, les flux au cœur de leur ambition, à l’image des « Nouvelles routes de la soie », lancées en 2013 par le président chinois Xi Jinping.

Officiellement appelé « la Ceinture et la Route », ce projet qui rassemble 130 pays vise à développer les infrastructures terrestres et maritimes pour mieux relier la Chine à l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

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