L’Iran dit avoir le « devoir de se défendre » après les frappes israéliennes, mais ne promet pas de riposte
Selon le NYT, Israël a frappé la base secrète de Parchin, les défenses aériennes S-300 près de l'aéroport de Téhéran, tout en cherchant à minimiser les pertes ; 4 soldats iraniens auraient été tués

L’Iran a déclaré samedi qu’il était obligé de « se défendre » après qu’Israël a mené des frappes sur des cibles militaires dans l’ensemble de la République islamique, en représailles au barrage de missiles balistiques tirés par Téhéran sur le pays le 1er octobre.
« L’Iran a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers », a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué, citant l’article 51 de la charte des Nations unies. Toutefois, le régime ne souhaite pas forcément réagir immédiatement.
Israël a indiqué qu’il était prêt à faire face à une possible riposte iranienne, mais a mis l’Iran en garde contre cette éventualité. « Si le régime iranien commettait l’erreur d’entamer un nouveau cycle d’escalade, nous serions obligés de répondre », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, samedi matin, après la fin de la mission baptisée Opération « Jour de Rédemption » qui a duré quatre heures.
L’agence de presse de l’État iranien, Tasnim, a indiqué que quatre soldats auraient été tués lors des frappes de la nuit. Aucun autre détail n’a été fourni.
Selon deux responsables iraniens cités par le New York Times, l’un des sites visés était la défense aérienne S-300 de l’aéroport international Imam Khomeini, près de Téhéran. (Israël aurait pris pour cible un système de défense aérienne S-300 de fabrication russe près du site nucléaire iranien de Natanz en avril).
Au moins trois bases de missiles du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran, ont été visées par les frappes, selon les responsables anonymes, dont l’un est membre du CGRI.
The IDF releases a video showing F-15 fighter jets heading out to carry out last night's strikes in Iran. pic.twitter.com/9BAjeSBP5H
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) October 26, 2024
Les drones israéliens ont également visé la base militaire secrète de Parchin, située dans la banlieue de Téhéran, ajoute l’article du New York Times, citant les responsables qui affirment qu’un drone a touché le site et que d’autres ont été abattus.

Israël affirme depuis des années que l’Iran mène des activités liées à son programme d’armement nucléaire à Parchin, où l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état en 2016 d’activités liées aux armes nucléaires avérées.
Il n’y a pas eu de confirmation de la cible spécifique à Parchin, cependant, un chercheur de l’Institut international d’études stratégiques a déclaré qu’il s’agissait d’une usine liée à la fabrication de missiles.
One of the first confirmed Israeli targets:
Iran's new solid-propellant rocket motor plant in Parchin, inaugurated only in 2021. https://t.co/gV0rovvoCM pic.twitter.com/dFC0uQEv6a— Fabian Hinz (@fab_hinz) October 26, 2024
Une attaque sans précédent
L’opération israélienne, qui a touché des cibles situées à quelque 1 600 kilomètres, a constitué une attaque sans précédent par son ampleur, sa durée et le fait qu’Israël en ait immédiatement reconnu la responsabilité.
Toutefois, Israël n’a pas visé les installations nucléaires ou pétrolières, répondant ainsi aux pressions de l’administration du président américain Joe Biden. Les États-Unis, quant à eux, ont approuvé l’attaque israélienne en tant qu’acte d’autodéfense et ont clairement indiqué qu’ils étaient prêts à aider Israël à se défendre contre une riposte iranienne.

Le Washington Post, citant une source informée, a déclaré que l’attaque avait été conçue pour minimiser le nombre de victimes et permettre à Téhéran de démentir tout dégât majeur, afin d’éviter une escalade entre les deux pays.
Selon un article d’Axios, Israël aurait indirectement averti l’Iran avant ses frappes aériennes de ne pas riposter, afin d’éviter une spirale vers un conflit plus large. Le message israélien aurait été transmis à l’Iran par l’intermédiaire de plusieurs tiers, dont le ministre néerlandais des Affaires étrangères. « Les Israéliens ont fait savoir à l’avance aux Iraniens ce qu’ils allaient attaquer de manière générale et ce qu’ils n’allaient pas attaquer », a indiqué l’une des sources.

L’Iran a en effet semblé minimiser la portée des frappes israéliennes, une source citée par les médias d’État ayant démenti l’annonce de Tsahal selon laquelle des dizaines d’avions de combat avaient pris part à l’attaque de représailles.
« Les rapports alléguant que 100 avions militaires israéliens ont participé à l’attaque sont également de purs mensonges, Israël cherchant à exagérer sa faible attaque », a déclaré la source citée par l’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim.
Tasnim affirme également que les avions israéliens n’ont pas pénétré dans l’espace aérien iranien pendant les frappes et qu’ils n’ont causé que des dégâts limités.

Des images publiées par la chaîne de télévision Al Araby TV, financée par le Qatar, disent montrer les dégâts causés par les frappes israéliennes sur une usine à Shamsabad, au sud de Téhéran.
مشاهد أولية لآثار القصف الإسرائيلي على شمس آباد جنوب #طهران #إيران pic.twitter.com/cWcyUolfg2
— التلفزيون العربي (@AlarabyTV) October 26, 2024
Selon des informations non vérifiées diffusées sur les réseaux sociaux, trois ouvriers auraient été tués dans l’usine, qui serait impliquée dans le développement et la production de drones militaires.
Tsahal a déclaré avoir visé avec précision des sites militaires stratégiques, notamment des sites de fabrication et de lancement de drones et de missiles balistiques, ainsi que des batteries de défense antiaérienne.
Washington et Londres ont déclaré qu’ils soutenaient le droit d’Israël à se défendre, notamment à la suite de l’attaque iranienne du 1er octobre, tout en appelant l’Iran à la désescalade. Les pays arabes ont également appelé à la désescalade, et nombre d’entre eux ont reproché à Israël ses actions déstabilisatrices.
Des vagues de frappes

Des rapports faisant état d’explosions près de Téhéran ont commencé à émerger vers 2h15, heure locale, et l’armée israélienne a rapidement publié un communiqué confirmant qu’elle attaquait, en réponse à « des mois d’attaques continues du régime iranien contre l’État d’Israël ».
Les frappes ont été menées en plusieurs vagues sur plusieurs heures, dans diverses régions d’Iran, la République islamique fermant son espace aérien pendant toute la durée de l’opération et ne semblant guère en mesure de la contrer. Des frappes ont été signalées dans les régions de Téhéran, Karaj, Ispahan et Chiraz.
La première vague d’attaques visait vraisemblablement les capacités de défense aérienne de l’Iran, à la fois pour garantir la liberté d’action de Tsahal lors des sorties de samedi et pour préparer le terrain en vue d’autres frappes, si le régime iranien venait à riposter. Alors que la campagne était en cours, les médias d’État syriens ont rapporté qu’Israël avait frappé plusieurs sites militaires dans le sud et le centre du pays, une mesure qui pourrait être prise pour permettre à l’armée de l’air israélienne d’opérer plus librement en Iran.
Les vagues suivantes ont frappé des sites de fabrication de drones et de missiles balistiques – ceux qui ont été utilisés dans les attaques iraniennes directes contre Israël le 14 avril et le 1er octobre – ainsi que des sites utilisés pour lancer de tels projectiles.

Tsahal a déclaré à 6 heures du matin que l’opération avait été menée à bien, que « tous les objectifs avaient été atteints » et que tous les avions étaient rentrés sains et saufs. Le nom de cette opération, « Jour de Rédemption », fait référence à Yom Kippour. Des dizaines d’appareils de l’armée de l’air, dont des chasseurs, des ravitailleurs et des avions espions, ont participé à cette « complexe » mission à quelque 1 600 kilomètres d’Israël.
Tsahal a déclaré que les frappes avaient donné à l’armée de l’air « une plus grande liberté d’action aérienne en Iran » et qu’elle disposait d’une vaste banque de cibles qu’elle pourrait atteindre à l’avenir si nécessaire.
« Le régime iranien et ses mandataires dans la région attaquent Israël sans relâche depuis le 7 octobre [2023], sur sept fronts, y compris des attaques directes depuis le sol iranien », a rappelé l’armée. « Comme tout autre pays souverain dans le monde, l’État d’Israël a le droit et le devoir de répondre. »
À la suite des frappes, l’armée a déclaré procéder à une évaluation de la réaction potentielle de l’Iran à l’attaque, mais qu’à ce jour, les consignes de sécurité concernant les civils n’avaient pas été modifiées. Tsahal a ajouté que ses « capacités défensives et offensives sont pleinement mobilisées » et qu’elle « fera tout ce qui est nécessaire pour défendre l’État d’Israël et le peuple d’Israël ».
L’Iran s’attendait à des représailles israéliennes après sa dernière attaque directe contre Israël, au cours de laquelle il a tiré 201 missiles balistiques qui ont envoyé la plupart des Israéliens dans des abris anti-atomiques le 1er octobre, tué un Palestinien en Cisjordanie et causé des dégâts dans des zones résidentielles et sur des bases militaires – bien que l’armée ait déclaré que l’attaque n’avait pas eu d’impact opérationnel.
L’Iran a déclaré que l’attaque du 1er octobre était une réponse aux frappes au Liban qui ont éliminé le mois dernier le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et une grande partie des hauts dirigeants du groupe terroriste chiite libanais, ainsi qu’à l’assassinat du chef du bureau politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, le 31 juillet, dans une explosion qui a été largement imputée à Israël malgré son silence sur la question.