L’ultimatum de Trump s’adresse au Hamas, mais c’est aussi une réprimande directe à Netanyahu
Le président rejette ouvertement la libération des otages par étapes, une approche initiée par le Premier ministre qui cherchait à éviter la confrontation avec certains élus de sa coalition

L’avertissement inhabituel qui a été lancé par le président américain Donald Trump, lorsqu’il a dit que le groupe terroriste palestinien du Hamas avait jusqu’à samedi midi pour libérer tous les otages – faute de quoi « l’enfer se déchaînerait » – a été au centre de la réunion du cabinet de sécurité israélien de mardi. Mais cette déclaration a aussi été, en réalité, une réprimande publique à l’adresse de Benjamin Netanyahu.
Assis derrière son secrétaire dans le Bureau ovale lundi, face à un grand groupe de journalistes, Trump était manifestement furieux de l’approche progressive de l’accord de libération des otages, qui a été initiée et promue par Netanyahu.
« Tous », a souligné Trump, évoquant l’impératif de libérer d’urgence les otages. « Pas au compte-gouttes, pas deux et un et trois et quatre et deux. » Avec cette déclaration, le président s’est aligné sur les familles des otages qui ont manifesté mardi devant le bureau du Premier ministre, en criant : « Tous, maintenant ! »
Il n’est pas certain que la menace de Trump serve en fin de compte les intérêts des familles des otages, mais elle sert très certainement Bezalel Smotrich.
« Nous travaillons sur le plan de migration de Trump [pour que tous les Gazaouis soient définitivement déplacés de Gaza] », a déclaré mardi le ministre des Finances, le chef du parti HaTzionout HaDatit.
« Gaza fera partie de l’État d’Israël. Nous avons le soutien de Trump. Il faut dire au Hamas que pour chaque otage exécuté, nous annexerons 5 % supplémentaires de la bande de Gaza. » Smotrich a également répété ce positionnement lors de la réunion du cabinet de sécurité et a proposé un retour rapide aux combats intensifs.

Les paroles de Trump résonnant encore dans leurs oreilles, les membres du cabinet de sécurité se sont réunis pendant plus de quatre heures. Les ministres qui étaient en route pour la réunion ont pu entendre les appels des familles des otages qui étaient rassemblées à l’extérieur – avec notamment Einav Zanguaker, dont le fils Matan est détenu par le Hamas. Il ne devrait pas être libéré dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu en cours.
Le cabinet avait été initialement convoqué pour discuter de l’accord actuel sur les otages, mais il a dû se rallier au véritable Premier ministre d’Israël : le président Trump.
La discussion, et surtout les annonces formulées et publiées les unes après les autres après la fin de la réunion, ont montré à quel point les dirigeants politiques israéliens avancent désormais sur la pointe des pieds sous les gouttes de pluie qui tombent de Washington.
Trump a donc rejeté l’accord échelonné que lui et son envoyé au Moyen-Orient, Steve Witkoff, avaient réussi à faire passer. Cette approche laborieuse avait été initiée par Netanyahu, qui cherchait à éviter une confrontation avec Smotrich et avec l’ancien ministre Itamar Ben Gvir, qui avaient tous deux menacé de faire tomber la coalition si la guerre se terminait sans que le Hamas ne soit vaincu.
Le président américain Donald Trump s’adressant aux journalistes des otages détenus par le Hamas, dans le Bureau ovale, le 11 février 2025.
La formule de l’accord de libération des otages aurait dû être « libération totale en échange d’un retrait total » – mais Netanyahu aura finalement choisi de prolonger les pourparlers et certains de ses ministres ont déclaré qu’il n’y aurait pas de deuxième phase.
Nous voyons maintenant les conséquences insupportables des libérations « au compte-gouttes » qui ont lieu chaque semaine. Les familles des otages sont hors d’elles. Et Trump a perdu patience.
Les déclarations publiées après la réunion du cabinet de sécurité ont visé à s’aligner sur Trump, qui a doublé la mise mardi en répétant son ultimatum.
Tout d’abord, un responsable israélien a déclaré que le cabinet de sécurité avait soutenu « à l’unanimité » l’appel de Trump à la libération des otages samedi, dans des déclarations soigneusement formulées en hébreu qui n’ont pas totalement soutenu la position du président américain, et qui ne faisaient notamment pas référence à « tous » les otages.

Ensuite, une autre source a déclaré que le cabinet s’attendait à la libération des « neuf otages… dans les prochains jours ». Dix-sept otages doivent encore être libérés au cours de la première phase actuelle du cessez-le-feu. Neuf seraient encore en vie.
Netanyahu en personne a ensuite publié une vidéo (en hébreu) dans laquelle il a déclaré : « Si le Hamas ne nous rend pas nos otages d’ici samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin et l’armée israélienne reprendra les combats intenses jusqu’à ce que le Hamas soit finalement vaincu. »
Le Premier ministre s’est également abstenu de préciser « tous » les otages.
Cependant, environ une heure plus tard, une « source gouvernementale de haut rang » a annoncé qu’Israël exigeait en fait la libération de tous les otages, comme l’avait déclaré Trump. « Le Premier ministre Netanyahu et le cabinet s’en tiennent au message du président américain Trump concernant la libération des otages », a déclaré ce responsable.
« Autrement dit, ils sortiront tous ce Shabbat. »
Les enjeux ne cessent d’augmenter.
L’armée a exprimé son mécontentement face à ces menaces, qui ne font que compliquer la libération des otages et le sort de ceux qui sont toujours retenus en captivité. Mardi soir, des sources anonymes de l’establishment de la Sécurité auraient déclaré qu’Israël devait faire tout son possible pour achever la mise en œuvre de la première phase et libérer le plus grand nombre possible d’otages.
Le Hamas a par la suite signalé qu’il n’était pas intéressé par la reprise de la guerre, sans préciser s’il lèverait la suspension de la libération des otages qu’il avait annoncée lundi. Il s’agit toutefois d’un groupe terroriste imprévisible et irrationnel. Compte tenu de la situation à Washington et à Jérusalem, il n’est pas certain que nous agissions nous-mêmes avec le plus grand discernement.

Certains ministres du gouvernement croient que l’ultimatum de Trump fonctionnera – un ministre a même qualifié Trump de « représentant du Messie » – et, à tout le moins, le Hamas reprendra la libération des otages conformément aux conditions de la phase un. Mardi soir, Trump lui-même, en recevant le roi Abdallah de Jordanie, a cependant estimé que le Hamas ne libérerait pas tous les otages restants avant la date limite qu’il avait fixée.
Lors d’une conversation avec le Times of Israel, un ministre du cabinet a déclaré : « L’approche de la menace fonctionne. Le Hamas fait maintenant marche arrière, le roi Abdallah se rallie aux exigences de Trump et l’Iran se tait. C’est le langage du Moyen-Orient. Je suis convaincu que nous verrons trois otages libérés samedi prochain, peut-être même plus. »
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