M. Adelson aurait refusé les demandes de S. Netanyahu de lui offrir des cadeaux
La propriétaire d'Israël Hayom a aussi refusé de virer un journaliste qui était jugé pas assez enthousiaste sur le Premier ministre

Miriam Adelson, la personne la plus riche d’Israël et la propriétaire du tabloid Israël Hayom, aurait déclaré à la police que Sara, la femme du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a essayé de lui faire acheter des cadeaux onéreux, mais aussi de faire virer le correspondant politique du journal.
Les commentaires d’Adelson proviennent de transcriptions qui ont fuité et qui ont été diffusées sur la Douzième chaîne vendredi. Les transcriptions font partie du dossier de l’enquête pour corruption contre Netanyahu qui est impliqué dans trois affaires car il aurait reçu des centaines de milliers de shekels de cadeaux de la part de riches bénéficiaires. Netanyahu aurait également essayé d’influencer illégalement sa couverture médiatique.
Selon les transcriptions, Adelson a dit aux enquêteurs qu’elle « m’a montré un collier une fois. Elle a dit qu’Arnon (Milchan) lui avait offert, Tiffany, ou quelque chose dans le genre ».
Interrogé par l’enquêteur sur la manière dont elle avait fait allusion à un cadeau, Adelson a répondu : « Si quelqu’un vous montre… et vous êtes un milliardaire et quelqu’un vous indique une montre et dit, ‘regarde cette Rolex, c’est celle que quelqu’un m’a achetée’, est-ce que cela ne laisse pas entendre que vous la voulez aussi ? »

A une autre occasion, elle a demandé un sac à main, a déclaré Adelson aux enquêteurs, précisant qu’elle avait refusé toutes les demandes parce qu’elle et son mari, le milliardaire américain Sheldon Adelson, gèrent des casinos et devaient éviter toute pratique ambiguë.
« Je lui a dit, Sarahleh, j’ai une licence de casino et je ne peux pas faire des choses dans le genre », a-t-elle dit aux enquêteurs, qualifiant ce genre d’actions de « zone grise ».
« Elle est élue… c’est la femme d’un officiel élu et je ne peux pas lui donner des choses, a-t-elle dit. Je dois agir de manière transparente partout dans le monde », a-t-elle dit en soulignant que puisque les Adelson ont des casinos en Chine, elle ne peut même pas inviter des officiels chinois à diner.
Dans l’affaire 1 000, surnommée le scandale des cadeaux, Netanyahu est suspecté d’avoir « systématiquement » demandé des avantages à hauteur d’un million de shekels (253 000 euros) à des milliardaires, y compris Arnon Milchan et le riche propriétaire immobilier australien James Packer, en échange de faveurs.
Netanyahu affirme que recevoir des cadeaux d’amis ne constitue pas un conflit d’intérêts.
Adelson a également expliqué comment Sara avait fait pression pour faire virer le journaliste politique Shlomo Cesana parce qu’il n’était pas assez enthousiaste sur Netanyahu lors de sa couverture des voyages du Premier ministre en Russie.
Adelson a dit que le bureau du Premier ministre avait refusé de laisser Cesana participer à d’autres voyages. En réaction, le journal a refusé d’envoyer un autre journaliste. Le Bureau du Premier ministre a finalement cédé et l’a laissé participer à d’autres visites.
« Le fait qu’elle l’a appelé et lui a hurlé dessus ‘Mira va te virer’, cela m’a gêné. Quel culot d’appeler un journaliste au journal et de lui hurler dessus, seulement de hurler », a dit Adelson.

Le Bureau du Premier ministre a fustigé le reportage de la Douzième chaîne déclarant : « ce sont de nouvelles fuites de tabloid déformées qui sont publiées à l’approche des élections afin de nuire au Premier ministre Netanyahu et au Likud. Au moins le public sait maintenant comment
250 000 shekels ont été gaspillés pour mener une enquête sur le Premier ministre ».
Les reportages présentent une vision différente de la relation entre les Adelson et les Netanyahu. Le magnat des casinos et sa femme ont été vus comme des soutiens clefs de Netanyahu et la création du journal a été perçue comme une démarche visant à donner une couverture médiatique positive à Netanyahu ».
Il s’agissait de la deuxième fois que des transcriptions ont fuité sur le témoignage d’Adelson.

Jeudi, on a révélé que leur relation a évolué de quelque chose d’amical à des « plaintes constantes » et même à des « cris au téléphone » de la part des Netanyahu, surtout de Sara, au point où Miriam Adelson posait le téléphone pour ne pas avoir à entendre les cris.