« Droit de tuer des Français »: Twitter retire le post de Mahathir Mohamad
Twitter a maintenu, dans un premier temps, l'appel au meurtre de Français estimant qu'il pouvait présenter "un intérêt pour le public"
L’ex-Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, a déclaré sur Twitter jeudi que les musulmans avaient le droit « de tuer des millions de Français », peu après un attentat au couteau à Nice (sud-est).
La plateforme avait auparavant maintenu pendant un certain temps ce tweet, invoquant un « intérêt pour le public », tout en l’accompagnant d’un avertissement.
Twitter, pressé par le gouvernement français, a finalement retiré jeudi un message de l’ex-Premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, estimant peu après un attentat à Nice que les musulmans avaient le droit « de tuer des millions de Français ».
Le secrétaire d’Etat français au numérique Cédric O a appelé la plateforme américaine à suspendre le compte et à retirer le message mentionnant que les musulmans auraient « le droit de tuer des millions de Français ».
« Je viens de m’entretenir avec le Directeur Général de Twitter France. J’ai exigé que le compte de (Mahathir Mohamad) soit immédiatement suspendu. Twitter ne saurait se rendre complice d’un appel au crime », a-t-il indiqué sur son compte personnel, en français et en anglais.
Twitter a maintenu, dans un premier temps, le message en y ajoutant la mention suivante : « Ce tweet a enfreint les règles relatives à la glorification de la violence. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peut présenter un intérêt pour le public ».
Puis le tweet en question a finalement été retiré. Les autres propos mis en ligne par Mahathir Mohamad restaient eux visibles.
Facebook, où le message avait aussi été publié, l’a également supprimé. « Nous n’autorisons pas les discours de haine sur Facebook et condamnons fermement tout soutien ou appel à la violence, au meurtre ou aux atteintes physiques », a indiqué la filiale française du réseau social.
Cet épisode intervient au lendemain d’une audition mouvementée des patrons des réseaux sociaux dominants, Facebook, Twitter et Google (YouTube), devant le Sénat américain.
Leur politique de régulation des contenus publiés par des tiers y a été critiquée de toutes parts, les Républicains leur reprochant d’en faire trop, et les Démocrates pas assez, alors qu’approche l’élection présidentielle.
Twitter et Facebook, notamment, qui se sont longtemps défendu avec virulence d’être des « arbitres de la vérité », se montrent de plus en plus interventionnistes sur leurs contenus. Mais ils ne veulent pas être tenus légalement responsables des publications, comme le seraient des journaux par exemple.
Trois personnes ont été tuées jeudi, dont au moins une égorgée, dans une église de Nice lors d’une attaque terroriste.
Peu après, celui qui fut Premier ministre de Malaisie, pays à majorité musulmane, jusqu’à la chute de son gouvernement en février, a posté sur son compte Twitter des propos incendiaires.
Se référant à la décapitation le 16 octobre d’un enseignant français qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves, dans le cadre de son enseignement, M. Mahathir a déclaré qu’il n’approuvait pas l’attentat mais que la liberté d’expression n’incluait pas « les insultes à l’égard d’autrui ».
« Quelle que soit la religion mise en cause, les gens qui sont en colère tuent », a affirmé l’ex-Premier ministre, âgé de 95 ans, auteur dans le passé de déclarations très controversées sur les Juifs et les homosexuels.
« Au cours de leur histoire, les Français ont tué des millions de gens. Beaucoup étaient musulmans. Les musulmans ont le droit d’être en colère et de tuer des millions de Français pour les massacres du passé », a-t-il ajouté.
M. Mahathir, qui a occupé à deux reprises le fauteuil de Premier ministre pendant une durée cumulée de 24 ans, a estimé que le président français Emmanuel Macron était « très primitif ».
« Les Français devraient enseigner à leurs citoyens le respect des sentiments d’autrui. Puisqu’on accuse tous les musulmans et la religion des musulmans pour ce qu’une personne en colère a fait, les musulmans ont le droit de punir les Français », a-t-il poursuivi. « Le boycott ne peut pas compenser les méfaits commis par les Français toutes ces années ».
Il n’a fait aucune référence à l’attaque de Nice, commise selon une source française proche de l’enquête au cri d' »Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand », en arabe).
Après la décapitation de l’enseignant français, Samuel Paty, par un jeune de 18 ans Russe tchétchène, Emmanuel Macron a promis que la France ne renoncerait pas aux caricatures, au nom de la liberté d’expression et ne céderait pas à l’islamisme.
Ses propos ont entraîné dans plusieurs pays musulmans de vives tensions, allant de manifestations massives jusqu’au boycott de produits français.