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Malka Leifer : Délinquante sexuelle en Israël avant son départ en Australie ?

Selon un ancien responsable de l'Education, les chefs communautaires ont préféré transférer la femme à Melbourne plutôt que de la dénoncer

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Malka Leifer, (au centre), est amenée dans la salle d'audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018. (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)
Malka Leifer, (au centre), est amenée dans la salle d'audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018. (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)

Deux nouvelles accusations portant sur des actes de harcèlement sexuel qui seraient survenus dans une école israélienne il y a plusieurs décennies ont fait surface contre l’ancienne directrice d’établissement scolaire Malka Leifer, qui risque l’extradition vers l’Australie où elle doit répondre de multiples accusations d’abus sexuels dans des écoles pour filles là-bas.

Les accusations – qui portent sur des actes survenus à Bnei Brak, une banlieue de Tel Aviv, il y a environ 20 ans – semblent indiquer que les chefs ultra-orthodoxes, dont certains ont continué à protéger Leifer, ont préféré l’envoyer en Australie plutôt que de la dénoncer aux autorités. Ce qui, selon les militants, est une pratique commune au sein de cette communauté fermée.

Ces accusations sont les premières à émerger contre Leifer concernant la période qui a précédé son départ en Australie. Elle ne pourra pas être poursuivie en justice, les faits étant prescrits.

Les allégations contre Leifer se sont largement concentrées jusqu’à présent sur la période où elle avait vécu à Melbourne et au cours de laquelle elle occupait le poste de principale de l’école ultra-orthodoxe pour filles Adass Israel entre les années 2000 et 2008. Elle doit répondre dans le pays de 74 chefs d’accusation relatifs à des comportements sexuels répréhensibles.

Au mois de juillet, un homme vivant dans l’implantation d’Emmanuel, dans le nord de la Cisjordanie, où vivait Leifer au moment où les accusations ont été rendues publiques, avait affirmé que la femme avait tenté d’agresser sa fille.

Leifer, actuellement détenue au sein de la prison pour femmes Neve Tirza, à Ramle, et qui risque l’extradition, avait enseigné dans un lycée pour filles appartenant à la communauté hassidique Gur à Bnei Brak, au centre du pays, une ville ultra-orthodoxe, à la fin des années 1990.

Une ancienne élève de ce séminaire a déclaré à la chaîne Kan lundi que Leifer « s’accrochait » à elle.

« Elle voulait avoir des conservations privées, seule à seule… dans l’abri anti-aérien. On s’asseyait dedans et elle me touchait la jambe », a expliqué la femme qui a refusé d’être identifiée.

La principale de l’école ultra-orthodoxe pour filles Adass Israel Malka Leifer, à gauche, avec ses élèves, et parmi elles Nicole Meyer, au centre, en 2003 (Autorisation)

« Elle était folle de moi. Elle me touchait… allant et venant sur ma jupe », a-t-elle raconté.

La victime présumée a confié que Leifer l’avait invitée chez elle à une occasion mais qu’elle ne parvient pas à se souvenir de ce qu’il s’est passé là-bas.

« Je me rappelle avoir couru pour rentrer chez moi… J’ai essayé d’oublier ces années », a-t-elle dit.

Le Times of Israel a confirmé lundi qu’il y avait une deuxième ancienne élève à Bnei Brak qui accusait Leifer de lui avoir fait des avances sexuelles inappropriées il y a presque deux décennies maintenant.

Un responsable de l’organisation à but non-lucratif Jewish Community Watch, un observatoire qui lutte contre les abus pédophiles, a expliqué que la victime présumée n’était pas encore prête à rendre publiques ses accusations.

Une ancienne responsable chargée de l’éducation à Bnei Brak a expliqué qu’elle pensait que plutôt que de la dénoncer, les leaders de la communauté avaient préféré l’envoyer en Australie après avoir appris ses abus.

La communauté orthodoxe a été mise en cause dans le passé pour d’autres cas où des enseignants et autres individus accusés d’avoir eu des comportements répréhensibles ont apparemment été transférés dans d’autres communautés pour éviter une dénonciation auprès des autorités suivie d’un éventuel procès.

Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman arrive à la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 3 juin 2018. (Marc Israel Sellem/POOL)

Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman, chef du parti HaYadout HaTorah, fait l’objet d’une enquête, soupçonné d’avoir aidé Leifer à se soustraire aux audiences d’extradition grâce à de faux certificats médicaux.

Liefer est parvenue à échapper à une confrontation avec un juge pendant des années, avant 2018, en clamant qu’elle était malade, suscitant l’indignation parmi ses anciennes victimes.

Répondant aux dernières allégations rendues publiques contre leur ancienne directrice, trois des victimes présumées d’Adass Israel ont expliqué dans un communiqué qu’elles se sentaient « encouragées et réconfortées par le courage de celles qui se sont exprimées ».

Photo d’illustration : Des barrières érigées à l’entrée de la ville de Bnei Brak pour empêcher l’entrée lors du Shabbat, le 21 janvier 2018 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Chaque nouvelle voix qui s’élève au-delà de la peur et qui brise le silence est précieuse et importante pour rendre le monde meilleur. Plus nous saurons apporter de courage au monde, plus il sera sûr et juste », ont déclaré les soeurs Dassi Erlich, Ellie Sapper et Nicole Meyer.

Dans son propre communiqué, l’observatoire JCW a estimé qu’il est « inspirant qu’une communauté qui, historiquement, s’est montrée si fermée, puisse avoir aujourd’hui un dialogue sur les abus et les agressions sexuelles ».

A LIRE : Les pédophiles de la Diaspora utilisent de plus en plus Israël comme ‘refuge’, déplorent les militants

L’avocat de Leifer, Yehuda Fried, a déclaré que « la cour en Israël ne débat que de la question de l’aptitude de Leifer de subir un procès et elle ne traite pas de la question de la réalité de ces plaintes ».

« Nous sommes certains qu’aucun bruit en coulisse n’empêchera la cour d’établir la vérité avec les meilleurs outils professionnels qui se trouvent à sa disposition et nous rejetons toute tentative des parties intéressées d’influencer le tribunal en utilisant des publications mensongères ».

Leifer, citoyenne israélienne, avait quitté l’Australie pour revenir au sein de l’Etat juif en 2008, quelques jours avant que les accusations d’abus sexuels à son encontre ne soient connues – un plan qui avait été orchestré par les responsables de l’école Adass Israel où elle travaillait.

Malka Leifer, à droite, est amenée dans une salle d’audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018 (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)

Après le début des poursuites par les autorités de Melbourne, l’Australie avait officiellement déposé une demande d’extradition en 2012.

Deux ans plus tard, Leifer avait été arrêtée en Israël avant d’être finalement libérée et assignée à domicile.

Les juges avaient estimé qu’elle était inapte à comparaître en raison de son état mental et ils avaient ensuite levé toutes les restrictions contre elle, concluant qu’elle était trop malade pour sortir même de son lit.

Elle aura été de nouveau appréhendée en février 2018 après une opération d’infiltration de la police qui avait mis en doute l’instabilité réelle de son état psychologique.

L’opération avait été lancée après l’obtention d’images la montrant se déplacer dans sa ville de résidence sans difficulté apparente. L’ONG Jewish Community Watch avait en effet engagé des détectives privés, lesquels avaient caché des caméras dans l’implantation ultra-orthodoxe d’Emmanuel où Leifer et sa famille avaient trouvé refuge.

Nouveaux soupçons contre Litzman

Au début du mois, le dossier – qui est étroitement suivi par les Australiens mais qui est peu traité par les médias en hébreu – a connu un rebondissement majeur.

Après une opération sous couverture qui a duré des mois, les enquêteurs de l’unité anti-corruption de la police ont convoqué le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman pour un interrogatoire. Il est soupçonné d’avoir cherché à obtenir un rapport psychiatrique falsifié qui aurait empêché l’extradition de Leifer pour des raisons médicales.

Cette dernière a enseigné dans le passé dans une école affiliée à la communauté hassidique de Gur, dont Litzman est membre.

Lundi, la Treizième chaîne a fait savoir que la police enquêtait sur Litzman et sur son chef de cabinet Haim Justman pour déterminer s’ils avaient exercé des pressions sur un autre psychiatre du district, Moshe Briger, pour qu’il place un délinquant sexuel qui se trouvait en détention dans un programme accéléré de libération anticipée.

Selon le reportage – dont la véracité a été confirmée au Times of Israel par un représentant du système judiciaire — Briger aurait déclaré à la police qu’après avoir initialement décliné la requête de Litzman, le vice-ministre lui avait demandé de fournir des détails sur d’autres délinquants sexuels qui devaient participer au programme accéléré. L’homme placé en détention était un membre de la secte hassidique Gur de Litzman.

Le bureau de Litzman a nié ces informations et les autres allégations à l’encontre du vice-ministre. « Litzman n’exerce de pressions sur personne et il fait attention à ne pas intervenir auprès des professionnels », a-t-il fait savoir.

La semaine dernière, un juge de la cour de district a rejeté un appel des avocats de Leifer qui demandaient que leur cliente soit assignée à domicile le temps des procédures.

Fried avait dit au Times of Israel, à ce moment-là, qu’il prévoyait de faire appel de la décision devant la cour suprême. Une initiative qui ne devrait pas reporter les audiences d’extradition, programmées le 6, le 13 et le 24 mars.

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