Manifestation devant le MoMA en raison de ses liens avec Israël
Ron Lauder, Leon Black, Steven Tananbaum et d'autres membres du conseil d'administration sont accusés de "blanchir l'art" de "l'occupation de la Palestine"
Près de 300 personnes ont signé une lettre de protestation contre le conseil d’administration du Museum of Modern Art de New York (MoMa), car certains de ses membres entretiennent des liens avec Israël.
La semaine dernière, un rassemblement devant le musée a attiré plusieurs centaines de pro-palestiniens.
La lettre a été publiée dans le contexte de 11 jours de combats entre Israël et le groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza, qui a fait pleuvoir plus de 4 000 roquettes sur l’Etat juif.
Israël a répondu par des frappes aériennes intensives contre des cibles du Hamas et du Jihad islamique palestinien dans l’enclave palestinienne.
La lettre, publiée vendredi, le jour même du début d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, indique qu’elle « vise à construire une solidarité décoloniale au-delà des frontières, en attirant l’attention sur l’enchevêtrement du MoMA avec les projets de renforcement mutuel du colonialisme, de l’impérialisme et du capitalisme racial en Palestine, aux Etats-Unis et dans le monde entier. »
Elle était organisée par un groupe pro-palestinien appelé Strike MOMA, – une coalition d’activistes qui, depuis une dizaine de semaines, protestent contre le conseil d’administration du musée.
TOMORROW IS REALLY IMPORTANT???? Direct action + de-occupation @ 4 pm sharp with friends, family and comrades???? TURN UP FOR PALESTINE, and connected to the MoMA all the violence, including the our peoples in the DOMINICAN REPUBLIC, PUERTO RICO????????????✌???? #strikemoma pic.twitter.com/fwDuubyLmO
— @StrikeMoMA (@strikemoma) May 20, 2021
Les activistes, qui se nomment eux-mêmes l’International Imagination of Anti-National Anti-Imperialist Feelings, protestent contre les liens des membres du conseil d’administration avec des pays impliqués dans toute une série de conflits et de problèmes des droits de l’homme.
Parmi les signataires de la lettre, figurent la militante Angela Davis et l’artiste Michael Rakowitz, ainsi que Korakrit Arunandchai, Chloe Bass, Meriem Bennani et les universitaires Ariella Azoulay, Claire Bishop et Fred Moten.
La lettre nomme les administrateurs du MOMA, Leon Black, Paula Crown, Ronald Lauder, Daniel Och et Steven Tananbaum, et les accuse d’être « directement impliqués dans le soutien au régime d’apartheid d’Israël, en faisant du blanchiment d’art, non seulement sur l’occupation de la Palestine, mais aussi sur des processus plus larges de dépossession et de guerre dans le monde entier. »
L’association reproche à M. Tananbaum les dons faits par sa fondation pour aider à envoyer de jeunes adultes en Israël via l’Art Institute of Chicago.
Och et Black ont été nommés pour leurs liens avec la fondation Taglit-Birthright, qui fait également voyager de jeunes adultes gratuitement en Israël.
Crown, dont « la richesse vient de son mari », a été nommée parce que son conjoint James Crown est directeur de General Dynamics, un producteur d’armement qui fournit Israël.
Elle est dénoncée pour avoir fait pression sur les chefs d’Etat afin qu’ils adoptent la définition de l’antisémitisme de l’association internationale pour la mémoire de la Shoah (IHRA) qui, selon la lettre, est « largement utilisée pour confondre la critique d’Israël avec l’antisémitisme » et a entraîné « la criminalisation des discours en faveur de la libération palestinienne. »
« Le MOMA ne peut pas prétendre se tenir à l’écart de l’attaque contre Gaza ou de l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem de manière plus générale », estime la lettre.
« Parce que le pouvoir et la richesse des entreprises qui siègent au sommet du musée imprègnent toutes ses opérations, il n’y a pas de mains propres. »
« Nous dénonçons sans équivoque la poursuite du projet colonial des colons israéliens, son régime d’apartheid, et les technologies de pouvoir et de violence qui s’entremêlent et qui le rendent possible. »
Strike MOMA a organisé une manifestation pour le jour même de la publication de la lettre, le 21 mai, devant le musée. Environ 300 manifestants se sont présentés et se sont rassemblés devant le musée pendant une heure.
Dans le cadre de sa campagne de publicité pour la manifestation, le groupe a publié sur ses comptes de médias sociaux une carte montrant la Palestine englobant la totalité de l’Etat moderne d’Israël.
Ce type d’image est largement utilisé pour indiquer qu’Israël n’a pas le droit d’exister.