Marseille : Un rabbin Habad jugé pour abus de confiance
Emmanuel Taubenblatt est accusé d’avoir perçu à titre personnel des dons de fidèles, ce qu’il dément fermement
Le rabbin Emmanuel Taubenblatt comparaissait devant le tribunal de Marseille mercredi 11 décembre pour des faits d’abus de confiance commis selon l’accusation entre le 1er janvier 2017 et le 30 septembre 2022.
L’homme est accusé d’avoir perçu sur son compte personnel au moins 407 171 euros de dons de fidèles, dont une partie a été versée à ses enfants, alors qu’il dirigeait l’association Beth Habad Orh Menahem, à la tête d’un centre communautaire dans le 12e arrondissement de Marseille. L’enquête avait été ouverte à la suite de signalements du service antifraude de Bercy.
Lors de l’enquête, 93 000 euros ont été saisis des comptes du rabbin. « J’ai littéralement donné mon mari à la communauté. On nous a pris notre argent, on parle de prison… Nous sommes des gens honnêtes. Je trouve cela honteux », a témoigné l’épouse de l’homme lors du procès.
« Monsieur Taubenblatt est un rabbin populaire et important à Marseille », a plaidé son avocat, Olivier Rosato. « Il incarne cette association et il y a donc eu une confusion. Les dons n’ont pas été orientés correctement mais ont été redistribués systématiquement aux nécessiteux. Il n’y a pas eu d’enrichissement personnel. L’argent est passé sur son compte à lui mais il est ressorti de suite derrière. On n’a d’ailleurs pas retrouvé chez lui d’écran plasma ou de montres de luxe. »
« Je n’ai rien à me reprocher », a affirmé Emmanuel Taubenblatt. « Je n’ai jamais pris un euro à titre personnel pour un enrichissement quelconque. Je suis un homme de Torah à l’écoute de sa communauté. Je reconnais pleinement, même si ça ne part pas d’une mauvaise intention, une mauvaise gestion financière. J’aurais dû distinguer les choses. En 2013, j’ai acheté un bien pour la communauté car les précédents locaux étaient en location. Il me manquait une partie de la somme. J’ai dû faire un crédit personnel pour cet apport. Il était convenu que le crédit soit payé par un tiers, mais ça n’a pas été fait. Je me suis retrouvé à payer le crédit, ce qui explique qu’il y a des montants qui arrivent de l’association sur mon compte personnel. »
Selon lui, une procédure de redressement judiciaire a compliqué les choses : « Je ne pouvais pas utiliser le compte de l’association. Le maintien de la structure devait passer par mon compte personnel », a-t-il affirmé.
Sur les sommes versées à ses enfants, il explique avoir dû leur emprunter de l’argent pendant cette période compliquée financièrement pour l’association, nécessitant des remboursements – qui apparaissent ainsi sur leurs comptes.
La procureure Tania Rizzo a requis une peine de dix mois de prison avec sursis contre le religieux, une amende de 20 000 euros et une interdiction de gérer une structure pendant cinq ans.
Le rabbin comparaissait aux côtés de son ancien trésorier, Eliahu Attia. Il a été demandé huit mois de prison avec sursis et la même amende contre lui, renvoyé pour recel. Leurs deux avocats ont sollicité une relaxe. Le délibéré doit être rendu le 15 janvier.
Le 22 janvier, un autre rabbin marseillais, Jojo Oyahon, sera lui convoqué devant le tribunal correctionnel pour des faits similaires concernant une salle du culte du 6e arrondissement de Marseille.