Médine : Les maires EELV de Bordeaux et Strasbourg n’iront pas aux journées d’été
"Nous avons trop de défis à relever pour nous disperser dans de vaines polémiques", a rappelé Pierre Hurmic
Les maires écologistes de Bordeaux, Pierre Hurmic, et de Strasbourg, Jeanne Barseghian, ne participeront pas aux journées d’été de leur parti cette semaine au Havre, en raison de la venue du rappeur controversé Médine, a-t-on appris lundi auprès de leurs proches, confirmant une information de L’Express.
La rentrée des Verts se fera sans Mme Barseghian, qui considère que « Médine a une position trop ambiguë sur l’antisémitisme », a expliqué à l’AFP une porte-parole de la maire de Strasbourg.
Une allusion au récent tweet du rappeur controversé, qui a relancé les accusations récurrentes à son encontre en qualifiant l’essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déportés, de « resKHANpée » dans un message sur X (ex-Twitter).
Le rappeur avait présenté ses excuses pour cette « formule pas adaptée, qui a certainement dû heurter des personnes ».
L’édile alsacienne « avait plaidé pour l’annulation de la participation » du rappeur aux journées d’été du parti écologiste, « mais ce n’est pas l’option qui a été retenue », a ajouté cette même source.
En avril 2022, à l’occasion de Yom HaShoah, le CRIF Alsace avait dénoncé la trop discrète commémoration de la Shoah à Strasbourg. Un hommage sans aucun représentant de la communauté juive avait été organisé.
Peu avant, la municipalité de Strasbourg avait été vivement critiquée pour avoir rejeté l’adoption de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA – avant de finalement l’adopter – en partie.
Du côté de la Gironde, M. Hurmic s’est lui fendu d’un bref communiqué pour annoncer qu’il « resterai(t) aux côtés des Bordelais cette semaine » pour cause de canicule, tout en affirmant « l’antisémitisme, d’où qu’il vienne, est une infamie à combattre ».
« Nous avons trop de défis à relever pour nous disperser dans de vaines polémiques », a rappelé le maire de Bordeaux, son entourage confirmant que cette décision est « notamment liée à la polémique qui est née » du tweet en question.
Pour la direction du parti, ces deux absences ne sont « pas du tout un acte de revendication ou d’opposition » interne, a affirmé à l’AFP l’organisatrice des journées d’été, Léa Balage El Mariky.
« Chacun a le droit d’exprimer une sensibilité différente », tempère un proche de la secrétaire générale Marine Tondelier.
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, a d’ailleurs confirmé sa présence au Havre en dépit de la querelle sur Médine : « J’irai l’écouter et je me ferai ma propre opinion, loin des commentaires et des bavardages », a-t-il affirmé samedi sur BFMTV.
La mairie de Lyon avait invité Salah Hamouri, franco-palestinien reconnu coupable de terrorisme par la justice israélienne, à une conférence le 1er février. Doucet avait dû finalement annoncé l’annulation de la conférence après que du fait des « risques de troubles à l’ordre public », la préfecture du Rhône eut mis en demeure la mairie d’annuler la conférence.
Plusieurs ténors écologistes ont toutefois exprimé leur malaise la semaine dernière, de Julien Bayou à Sandrine Rousseau, en passant par Karima Delli et Noël Mamère.
Malgré ces dissensions, Mme Tondelier a maintenu son débat avec l’artiste jeudi en fin de journée, tout en assurant qu’elle serait « extrêmement attentive à ce que Médine dira » à cette occasion et « les jours qui suivront ».