Israël en guerre - Jour 564

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Mémorial de la Shoah : des ateliers de provenance des œuvres spoliées

Ces ateliers visent à aider les familles "qui pensent avoir été victimes d’éventuels pillages et spoliations artistiques" durant la Seconde Guerre mondiale

Affiche apposée le 17 juillet 1941 à l’entrée de l’hôtel des ventes aux enchères publiques de la rue Drouot interdisant aux Juifs l’accès aux salles des ventes. (Crédit : Mémorial de la Shoah, Paris)
Affiche apposée le 17 juillet 1941 à l’entrée de l’hôtel des ventes aux enchères publiques de la rue Drouot interdisant aux Juifs l’accès aux salles des ventes. (Crédit : Mémorial de la Shoah, Paris)

L’an dernier, dans le cadre de l’exposition « Le Marché de l’art sous l’Occupation » au Mémorial de la Shoah, à Paris, étaient organisés des « ateliers de provenance ». Bien que l’exposition ait fermé en novembre dernier, ceux-ci ont perduré et les deux prochaines rencontres auront lieu les 13 février et 19 mars prochains, de 19h30 à 21h. S’ils sont gratuits, l’inscription est nécessaire sur les pages des évènements.

Ces ateliers, organisés par l’institution et l’historienne de l’art Emmanuelle Polack, auteure du livre de référence Le marché de l’art sous l’Occupation paru en février 2019, visent à aider les familles « qui pensent avoir été victimes d’éventuels pillages et spoliations artistiques » durant la Seconde Guerre mondiale et les années qui l’ont précédée. Les participants y trouvent ainsi « aide, conseil et écoute » et obtiennent « une première orientation méthodologique dans la recherche de provenance du patrimoine en déshérence ».

« La demande [de ces ateliers] était forte car de nombreuses familles cherchent à savoir de quelle manière elles pourraient connaître le sort des œuvres spoliées ou pillées à leurs familles pendant l’Occupation », expliquent Emmanuelle Polack et Sophie Nagiscarde, responsable du service Activités culturelles du Mémorial de la Shoah.

Elles expliquent qu’il existe « plusieurs entrées possibles pour traiter un dossier » de spoliation. « Le métier de chercheur de provenance est complexe : on peut démarrer depuis une œuvre, depuis le dossier de la famille, depuis son histoire. »

Interrogées sur le déroulement du processus, elles affirment que « la première réunion avec les familles est dédiée à l’écoute de leur histoire, de leur traumatisme ». « Ce dont elles ont besoin, c’est d’obtenir la reconnaissance des exactions dont elles ont été victimes. Nous les revoyons deux mois plus tard et elles reviennent avec des documents personnels après des recherches : ces ateliers sont des cellules d’orientation vers d’éventuelles ouvertures de dossier en restitution auprès de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations ou bien de la Mission pour la recherche et la restitution des œuvres d’art spoliées entre 1933 et 1945 », ajoutent-elles.

75 ans après la libération de la France, elles indiquent que leur travail reste de grande utilité : « La spoliation des objets culturels aux familles juives s’inscrit dans le continuum qui va de la stigmatisation d’une population à son éradication de la vie économique, à son pillage, à sa spoliation, à son internement dans les camps français, puis sa déportation et son extermination. C’est donc un travail de mémoire, une des principales missions du Mémorial de la Shoah, que l’on doit poursuivre. »

À compter de l’été 1941, les administrations françaises ont confisqué aux Juifs biens immobiliers, financiers et œuvres d’art. Leurs comptes ont été bloqués et leurs galeries « aryanisées ».

Privés de ressources qui leur auraient permis de fuir, des milliers de Juifs ont été « pris dans la nasse » de la persécution nazie. De nombreuses œuvres ont ensuite été vendues dans des salles de vente, notamment à l’hôtel Drouot et au Saovy-Palace de Nice, au profit du régime de Vichy.

Des œuvres d’art ont été rendues à leurs propriétaires à l’issue de longs combats juridiques : c’est le cas de tableaux de John Constable ou Thomas Couture, qui ont été exposés durant l’exposition de l’an dernier.

Celle-ci a fait revivre le destin de quatre galeries illustres : la galerie de Paul Rosenberg (le grand-père d’Anne Sinclair), un des principaux collectionneurs de l’avant-garde, dont une cinquantaine d’œuvres restent aujourd’hui en déshérence ; celle de Berthe Weill, découvreuse appréciée de tableaux émergents ; celle de René Gimpel, qui meurt au camp de Neuengamme en janvier 1945 ; celle enfin de Pierre Loeb, qui, émigré à Cuba, s’entend avec un confrère resté à Paris pour qu’il prenne les rênes de la galerie, lui évitant d’être spolié. Quand, à son retour, ce confrère ne veut plus lui rendre la galerie, c’est Pablo Picasso qui ordonnera à ce dernier d’obtempérer…

Alors qu’Emmanuelle Polack appelle les musées nationaux à intensifier les recherches des œuvres spoliées dans leurs collections sur cette période 1940/44, elle estime que ceux-ci gagneraient en considération en coopérant.

Elle voit un premier pas dans le fait que quatre œuvres issues de la collection de l’avocat Armand Isaac Dorville, mort en 1941, ont été prêtées par le Louvre, le Musée d’Orsay et le Musée des Arts décoratifs durant l’exposition. Aujourd’hui, une douzaine des tableaux qui sont issus de cette collection se trouvent encore dans les collections nationales.

« Cela montre la volonté de travailler ensemble. On est à l’aube de nouvelles prises de positions des musées qui vont travailler sur l’origine des provenances », estime-t-elle.

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