Meurtre de Lital Yael Melnik: la police mise en cause par les avocats d’Edward Kachura
La défense affirme que la police a tenté de cacher les résultats d'une expérience montrant que la victime avait pu s'ensevelir seule - renforçant l'argument avancé par le suspect
Les avocats de la défense d’un infirmier actuellement jugé pour le meurtre présumé d’une jeune fille de 17 ans dont il avait la charge dans le cadre de son travail a accusé le parquet, lundi, d’avoir tenté de couvrir les enquêteurs de police, soupçonnés d’avoir essayé de dissimuler des informations favorables à leur client.
Edward Kachura avait été accusé en 2021 de meurtre aggravé après avoir tué Lital Yael Melnik, avec laquelle il avait des relations sexuelles illicites. Selon les procureurs, Kachura avait enterré Melnik vivante dans le cadre d’une thérapie de « renaissance » – en lui disant qu’elle pourrait utiliser un tuyau pour respirer. Toutefois, une fois que sa tête avait été recouverte de terre, il avait ôté le tuyau pendant plusieurs minutes, empêchant Melnik de prendre la fuite et de respirer, affirme le parquet. Il avait ensuite quitté le chantier désert où tous les deux s’étaient rendus.
Des inquiétudes portant sur de possibles manipulations d’informations figurant dans le dossier avaient fait leur apparition il y a quelques mois. A ce moment-là, le responsable de l’unité de laboratoire mobile avait dit aux procureurs que le chef de la Division des interrogatoires, au sein du District côtier de la police, s’était opposé à la réalisation d’une expérience qui aurait permis de déterminer si l’argument qui avait été avancé par l’équipe de la défense de Kachura – qui affirme que Melnik s’est ensevelie seule – était plausible.
Une expérience qui avait finalement été menée sous les ordres de la Division des investigations des forces de l’ordre, selon les médias israéliens qui n’avaient par ailleurs fait part de l’identité d’aucun agent. Dans le cadre de l’expérience, un agent a tenté de s’enterrer seul – reproduisant ce que Melnick avait fait, selon Kachura.
Les résultats de l’expérience auraient soutenu la version avancée par Kachura – mais l’enquêteur principal du District côtier aurait tenté d’exercer des pressions sur les autorités pour qu’elles ne les inscrivent pas dans le dossier. Le parquet a fait savoir que ces résultats avaient néanmoins bien été transmis dans les documents fournis à l’équipe de la défense en vue du procès.
« Nous avons été très choqués d’apprendre qu’un responsable de l’unité chargée des enquêtes a cherché à dissimuler des preuves qui soutenaient clairement la version de l’histoire narrée par Edward – cette version où, affirme-t-il, n’a pas pas été à l’origine de la mort malheureuse de feu Lital », ont noté les avocats de la défense dans une déclaration.
La défense a demandé à la Cour de district de Haïfa de suspendre les témoignages jusqu’à ce que le dossier soit clarifié et elle a demandé à avoir le droit d’accéder à un plus grand nombre d’éléments reccueillis dans le cadre de l’enquête, des éléments qui se trouvent entre les mains des procureurs.
« Au vu de la gravité de cette information, nous appelons la Cour à procéder à un examen approfondi de l’affaire pour garantir qu’aucune autre preuve supplémentaire ne soit cachée par l’unité chargée des investigations », a-t-elle déclaré.
Le Bureau du procureur de l’État a indiqué qu’une enquête interne avait été ouverte sur le principal enquêteur en charge du dossier au mois de mars, mais que cette information n’avait pas été communiquée à l’équipe de la défense pour éviter de compromettre les investigations. Elle avait finalement été abandonnée après l’audition du chef du laboratoire et l’information avait été transmise aux avocats de la défense peu après.
« Il doit être clairement établi que l’expérience à laquelle le chef de laboratoire s’est référé, ainsi que ses résultats, ont figuré parmi les éléments de l’enquête qui ont été remis à la défense au début des poursuites judiciaires et qu’ils ont même été soumis à la Haute-cour », a précisé le Bureau du procureur de l’État.
Le parquet affirme que Kachura s’occupait de Melnik dans le cadre de la prise en charge de cette dernière dans un centre psychiatrique. Tous les deux avaient commencé à avoir des relations sexuelles illégitimes lorsqu’elle avait quitté l’établissement.
Selon les enquêteurs, Kachura, qui avait 49 ans à l’époque, avait assassiné Melnik en date du 2 octobre 2021. Le corps sans vie de la jeune fille avait été découvert lorsqu’un gardien de la sécurité avait appelé la police en disant qu’il avait vu un homme et une jeune femme arriver sur un chantier, à proximité de son propre lieu de travail, mais que l’homme seul en était reparti. Les forces de l’ordre, qui s’étaient rendues sur les lieux, avaient retrouvé le corps de Melnik à moitié enterré dans une tombe fraîchement creusée. Le parquet déclare qu’elle avait été enterrée vivante.
La police israélienne, pour sa part, a rejeté les accusations des avocats de Kachura, disant qu’elles étaient « fausses et déconnectées de la réalité, ce qui trompe le public et ce qui s’apparente à une diffamation à l’encontre d’un responsable compétent et professionnel ».
Elle a souligné que l’enquête interne de la police n’a jamais débouché sur le lancement d’investigations pleines et entières, ajoutant que les résultats de l’expérience d’ensevelissement avaient finalement renforcé les arguments avancés par les procureurs.
Elle a aussi accusé la défense de tenter de gagner des points auprès du public en diffusant les accusations dans les médias.
Les avocats de la famille de Melnik, pour leur part, ont dénoncé les arguments avancés par la défense de Kachura.
« Au lieu d’assumer ses responsabilités dans ce meurtre abominable, Kachura a recours à la ruse avec des arguments qui semblent être sortis tout droit d’Alice au pays des merveilles », a déploré un communiqué émis au nom de la famille de la victime. « Il est temps que Kachura cesse d’utiliser ce type de stratagème qui n’a qu’un seul objectif, celui de retarder sa condamnation ».