Michael Herzog: L’isolationnisme républicain impactera davantage l’Ukraine qu’Israël
Malgré la promotion de JD Vance, tenant de la ligne « America First » en politique étrangère, l'ambassadeur assure que le parti républicain va continuer à soutenir Israël

MILWAUKEE, Wisconsin – L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Herzog, a fait savoir jeudi qu’il n’était pas très inquiet de la montée de l’aile isolationniste du parti républicain suite au choix de l’ex-président Donald Trump de prendre JD Vance comme colistier.
« Il y a effectivement une aile isolationniste au sein du parti, mais de tous les signes que j’ai pu percevoir lors de mes entretiens ici, elle aura peu d’influence sur Israël. Elle pourrait en avoir davantage avec l’Ukraine », a déclaré Herzog au Times of Israël lors d’une interview en marge de la Convention nationale Républicaine à Milwaukee, dans le Wisconsin.
Vance, qui a accepté mercredi la nomination de son parti à la vice-présidence, est l’un des 15 sénateurs républicains à avoir voté contre le plan d’aide à l’Ukraine et à Israël en raison de son opposition à la poursuite de l’intervention américaine dans la guerre contre la Russie.
Il a fait d’Israël une exception à « America First », son mantra en politique étrangère, en apportant son soutien à un plan spécial pour Israël et non à celui adopté par le Congrès, composé de milliards d’aide pour les deux pays.
Pour Herzog, les propos tenus par Trump lors du débat présidentiel du mois dernier selon lesquels les États-Unis devaient permettre à Israël de « finir le travail » à Gaza lui permettent de tirer une conclusion : « Je pense que l’aile isolationniste aura moins d’influence sur la question. »
La position de Trump a été reprise par Vance, lundi, lorsqu’il a déclaré à Fox News que les États-Unis devaient permettre à Israël de gagner la guerre contre le Hamas « le plus vite possible », afin de permettre aux « Israéliens et aux États arabes sunnites » de former un front contre l’Iran.

L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis a également tenu à clarifier la vision du monde de Vance en matière de politique étrangère.
« Il n’est pas totalement défavorable à l’aide étrangère. Il veut juste que les gouvernements étrangers prennent leur part de la charge afin que les États-Unis ne soient pas les seuls à payer », explique Herzog.
Dans son discours de mercredi soir au Congrès du parti républicain, Vance s’est engagé à « partager avec nos alliés la charge de la paix mondiale : plus de passe-droit pour les nations qui profitent de la générosité des contribuables américains ».
Selon Herzog, cela ne concerne pas Israël.
« On ne peut pas dire qu’Israël ne prend pas ses responsabilités. Nous menons cette guerre par nous-mêmes. Nous n’avons jamais demandé aux États-Unis de se battre pour nous. Nous faisons l’essentiel du travail contre l’axe iranien et ses attaques dirigées contre nous », poursuit l’envoyé israélien.
« Cela n’a rien à voir avec le cas d’un pays qui demanderait aux États-Unis de l’argent, des armes ou des hommes, et qui ne donnerait rien en retour », ajoute-t-il.

Quelque peu à l’écart de l’aile isolationniste du parti républicain, on trouve un flanc plus populiste dont les membres sont proches de discours antisémites entre autres complotismes.
On trouve parmi eux la représentante Marjorie Taylor Greene ainsi que Tucker Carlson, qui ont tous deux pris la parole et se trouvaient très près de Trump lors de la convention, cette semaine.
Le fondateur de Turning Point USA, Charlie Kirk, et le lieutenant-gouverneur de Caroline du Nord, Mark Robinson, eux aussi impliqués dans des polémiques antisémites, ont eux aussi pu prendre la parole.
« Je suis bien conscient de l’existence de cette aile au sein du parti républicain, mais je ne pense pas qu’elle soit centrale, et cela ne m’inquiète pas vraiment », ajoute Herzog.
Il préfère évoquer les déclarations de membres du parti et orateurs du Congrès favorables à la lutte contre l’antisémitisme.
En effet, la profession de foi du parti républicain adoptée cette semaine stipule que « les Républicains condamnent l’antisémitisme et promeuvent la révocation des visas des ressortissants étrangers favorables au terrorisme et au djihadisme… Nous demanderons des comptes à ceux qui commettent des violences contre le peuple juif. »

L’envoyé israélien évoque par ailleurs le discours prononcé par Shabbos Kestenbaum, ancien élève juif orthodoxe de Harvard, critiqué pour avoir porté plainte contre son alma mater à laquelle il reproche de ne pas en avoir suffisamment fait pour protéger les étudiants pro-israéliens.
« Quelqu’un a décidé de lui passer la parole, c’est un signe fort », estime Herzog.
Le PDG de la Coalition juive républicaine, Matt Brooks, a été ovationné lorsqu’il a demandé à la foule d’applaudir en signe de soutien à Israël. Il a plaisanté en disant que cette question donnerait lieu à des huées lors de la convention démocrate.
Interrogé sur ce point, Herzog répond : « Certains applaudiraient, d’autres non. »
« Bien sûr, il y aura des manifestations pro-palestiniennes et des pressions de la part de l’aile progressiste [pour critiquer Israël] lors de la convention démocrate », admet l’ambassadeur.

Il reste tout aussi mesuré sur l’influence réelle de l’aile progressiste au sein du parti démocrate.
Selon lui, la profession de foi du parti démocrate annoncée lors de la Convention de cette semaine, a mis l’accent sur le soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas. « L’aile progressiste n’a pas obtenu ce qu’elle aurait voulu. Les positions sont très fidèles à la ligne démocrate traditionnelle. »
« Au final, c’est la haute direction qui donne le la. C’est Biden – je ne sais pas où il en sera d’ici là – et d’autres hauts responsables du parti », poursuit-il en rappelant les positions pro-israéliennes du président et de son cercle proche.
« Il y a un flanc progressiste bruyant et agressif, mais elle ne représente pas la majorité et elle n’est pas décisive pour le moment », ajoute l’ambassadeur israélien, avec une formule qui laisse la porte ouverte à de possibles changements – contrairement à son analyse de la situation au sein du parti républicain.
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