Miki Zohar déplore l’Oscar remporté par « No Other Land »
Dans son discours, le co-réalisateur israélien a évoqué ce qu'il a appelé " l'atroce destruction de Gaza et de son peuple, qui doit cesser, et les otages israéliens brutalement pris lors du crime du 7 octobre qui doivent être libérés"

La ministre de la Culture, Miki Zohar, a exprimé son mécontentement après l’Oscar décerné au documentaire israélo-palestinien « No Other Land », qui relate les démolitions israéliennes dans le village palestinien de Masafer Yatta, situé en Cisjordanie.
« La victoire aux Oscars du film ‘No Other Country’ est un triste moment pour le monde du cinéma. Au lieu de présenter la complexité de notre réalité, les cinéastes ont choisi de faire écho à des récits qui déforment l’image d’Israël dans le monde », a écrit Zohar sur X.
« La liberté d’expression est une valeur importante, mais transformer la diffamation d’Israël en un outil de promotion internationale ne relève pas de la créativité, mais du sabotage de l’État d’Israël, et après le massacre du 7 octobre et la guerre en cours, cela fait doublement mal », regrette-t-il.
Zohar a déclaré que cette victoire démontrait la nécessité d’une législation « pour garantir que les ressources publiques soient affectées à des œuvres qui s’adressent au public israélien, et non à une industrie qui fait carrière en diffamant le pays dans des festivals étrangers ».
Zohar a promu une réforme visant à orienter les fonds publics vers les films à vocation commerciale plutôt que vers les films artistiques et documentaires qui mettent en avant la périphérie et les minorités d’Israël, le financement allant aux films en fonction de l’audience et des ventes de billets.
Mais cette proposition est considérée par les professionnels comme une tentative du gouvernement israélien de faire taire les voix libérales et de limiter les possibilités d’entendre des points de vue non conventionnels.

Sur la scène des Oscars à Los Angeles, deux des quatre co-réalisateurs du film, un Israélien et un Palestinien, ont profité de la tribune pour défendre les droits des Palestiniens et une solution négociée au conflit israélo-palestinien.
« Il y a environ deux mois, je suis devenu père, et j’ai fait part de mon espoir à ma fille : qu’elle n’ait pas à vivre la même vie que celle que je vis actuellement », a déclaré Basel Adra, un Palestinien qui vit en Cisjordanie.
« Je ressens constamment la violence des colons, les démolitions de maisons et les déplacements forcés que ma communauté, Masafer Yatta, vit et affronte chaque jour sous l’occupation israélienne. »
« Nous appelons le monde à prendre des mesures sérieuses pour mettre fin à l’injustice et à l’épuration ethnique du peuple palestinien », a-t-il ajouté.
Dans son discours, son co-réalisateur, l’Israélien de gauche Yuval Avraham, a évoqué « l’atroce destruction de Gaza et de son peuple, qui doit cesser, et les otages israéliens, brutalement pris lors du crime du 7 octobre, qui doivent être libérés ».
Il a également critiqué le traitement « inégal » d’Israël envers les Palestiniens de Cisjordanie et déclaré que la politique américaine dans la région jouait un rôle négatif.
« Il existe une autre voie, une solution politique, sans suprématie ethnique, avec des droits nationaux pour nos deux peuples », a-t-il estimé.
« Et je dois dire, puisque je suis ici, que la politique étrangère de ce pays contribue à bloquer cette voie. Ne voyez-vous pas que nous sommes liés ? Que mon peuple peut être vraiment en sécurité si le peuple de Basel est vraiment libre et en sécurité ? Il y a une autre voie. Il n’est pas trop tard pour la vie, pour les vivants. »
"No Other Land" director Basel Adra: "We call on the world to take serious actions to stop the injustice and to stop the ethnic cleansing of Palestinian people." | #Oscars pic.twitter.com/NzoqLKiBSJ
— Variety (@Variety) March 3, 2025
L’Israélienne Rachel Szor et le Palestinien Hamdan Ballal ont également remporté l’Oscar.
La victoire aux Oscars est d’autant plus significative que le film n’a pas encore trouvé de distributeur aux États-Unis, bien qu’il ait été salué par plusieurs critiques de cinéma.
Cette cérémonie des Oscars, la deuxième depuis le pogrom du 7 octobre 2023 mené par le Hamas et le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, est également la deuxième consécutive à inclure un discours sur Israël.
L’année dernière, dans son discours de remerciement pour le drame sur la Shoah « The Zone of Interest », l’écrivain et réalisateur Jonathan Glazer avait suscité la controverse en déclarant qu’en « ce moment-même, nous sommes ici en tant qu’hommes qui réfutent que leur judéité et la Shoah soient détournées par une occupation qui a conduit à un conflit pour tant de personnes innocentes, qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de l’attaque en cours contre Gaza ». Des propos qui ont été répétés en France lors de la cérémonie des César 2025, sous un tonnerre d’applaudissements.