Mimran (re)fait volte-face dans son témoignage
Le fraudeur présumé français a déclaré à la police en 2015 avoir donné des fonds au Premier ministre pour préparer les élections, en contradiction avec d’autres de ses déclarations

Arnaud Mimran, juif français et fraudeur présumé, a déclaré en 2015 aux enquêteurs avoir donné au Premier ministre Benjamin Netanyahu 200 000 dollars en 2009, quand il faisait campagne.
L’aveu aux autorités françaises contredit la version des évènements du Premier ministre, ainsi qu’une déclaration de Mimran lui-même le mois dernier, où il affirmait avoir donné 40 000 dollars à Netanyahu en 2001, quand il n’était pas Premier ministre.
Interrogé au sujet d’un Israélien qui est l’un des personnages cruciaux de l’affaire de fraude pour laquelle il est poursuivie en France, Mimran a déclaré qu’il l’avait « rencontré pour la première fois en Israël début 2009. J’y allais souvent, parce que c’était le moment des élections, et j’étais proche de Netanyahu, à qui j’ai donné 200 000 dollars », selon un article de Haaretz publié mercredi.
Si l’affirmation de Mimran devant la police est vraie, cela violerait la loi de financement des campagnes israélienne, soulignait l’article. Selon la loi, il est illégal d’obtenir plus de 11 480 shekels (2 642 euros) d’un seul donateur pour une campagne pour la Knesset, et plus de 45 880 shekels (10 500 euros) pour une primaire.
L’article a annoncé que Mimran était venu deux fois en Israël en février 2009, et était dans le pays pendant les élections, que Netanyahu a gagné.

En juin, Mimran a fait volte-face dans son témoignage sur la somme d’argent donnée au Premier ministre. Il avait d’abord déclaré avoir donné à Netanyahu un million d’euros en 2009, quand il faisait campagne pour être Premier ministre, pour financer sa course électorale. Netanyahu avait démenti ce témoignage, affirmant que la contribution avait été faite en 2001, portait sur un montant bien inférieur de 40 000 dollars, et avait servi à financer des efforts de diplomatie publique et non une campagne personnelle.
Mimran avait ensuite révisé son propre témoignage, contredisant Netanyahu et affirmant lui avoir donné environ 200 000 dollars. Il s’était ensuite rétracté, disant que le Premier ministre avait les bons chiffres et qu’il s’était trompé.
« Tout ce que dit Bibi est vrai », avait déclaré Mimran sur la Deuxième chaîne à ce moment. « Il est possible que je me sois trompé dans les chiffres parce que cela fait plus de 10 ans. »
« C’était il y a longtemps, donc il est possible que j’ai fait une erreur sur la somme, avait-il déclaré. Dans tous les cas, ce n’était rien d’illégal, il n’y a rien eu d’illégal de la part de Bibi. Je lui ai transféré une somme d’argent et je l’ai invité en vacances à Monaco et dans un domaine de ski dans les Alpes françaises. »
Il a déclaré que, au total, cela faisait une somme de 150 000 euros, soit un million de francs.
La police israélienne a lance une enquête sur ces accusations contre Netanyahu le mois dernier, suivant les instructions du procureur général, a annoncé la Deuxième chaîne.
Le tribunal de Paris rendra jeudi son jugement dans cet énorme dossier d’escroquerie à la taxe carbone portant sur 283 millions d’euros impliquant douze prévenus dont six, absents, sont présumés en fuite en Israël.
Les six présents, qui comparaissent libres, encourent jusqu’à dix ans de prison. Le procureur a requis la peine maximale, assortie d’un million d’euros d’amende, contre les trois principaux prévenus: un golden-boy, Arnaud Mimran, Marco Mouly qui a grandi dans un quartier populaire de Paris, et un courtier polonais, Jaroslaw Klapucki.
L’escroquerie qui remonte à 2008 et 2009 et implique la pègre franco-israélienne, avait pour cadre le marché européen des quotas de carbone conçus pour lutter contre le réchauffement climatique.
Elle consistait à acheter des quotas d’émissions de CO2 hors taxe dans un pays étranger, avant de les revendre en France à un prix incluant la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), puis d’investir les fonds dans une nouvelle opération. La TVA, elle, n’était jamais reversée à l’État. Un « vol dans la poche du peuple », a fait valoir le Parquet national financier (PNF) dans son réquisitoire.
Le dossier examiné au tribunal correctionnel de Paris en mai est le plus important dans cette affaire qui porte au total sur 1,6 milliard d’euros. D’autres dossiers sont encore en cours d’instruction.
Considéré par l’accusation comme l’un des principaux organisateurs, Marco Mouly, 51 ans, a affirmé que son rôle n’avait consisté qu’à ouvrir des comptes bancaires à Chypre, Hong Kong et Tunis à la demande d’un associé, Samy Souied. Celui-ci, envers qui Marco Mouly avait une dette de 900 000 euros, a été assassiné en 2010 à Paris.
Les millions d’euros sur les comptes de Marco Mouly provenaient, dit-il, de ses gains au poker ou à la Bourse.
As de la finance au train de vie « tape à l’œil », Arnaud Mimran met également en cause Samy Souied et concède un simple rôle de receleur.