Mogherini a instamment demandé à Netanyahu de reprendre les pourparlers
Pour la chef de la diplomatie de l'UE, les appels d'Abbas à annuler les accords d'Oslo sont 'une sonnerie d'alarme'

NEW YORK – Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré mercredi soir à New York la chef de la politique étrangère de l’Union européenne (UE) Federica Mogherini pour discuter du processus de paix bloqué entre Israël et l’Autorité palestinienne.
Lors de la réunion, Netanyahu a « exprimé son mécontentement face à la décison de l’Union européenne concernant les produits des implantations [de Cisjordanie], » selon un communiqué bureau du Premier ministre diffusé jeudi matin.
« Le Premier ministre a dit et expliqué que ce developpement symbolise pour beaucoup d’Israéliens des jours sombres en Europe et est mal perçu dans l’opinion publique israélienne, » a ajouté le communiqué.
Bien que la rencontre ne figurait pas dans le calendrier public de Netanyahu, le bureau du Premier ministre a confirmé sa tenue peu de temps avant qu’elle ne débute et a dit qu’elle avait été planifiée à l’avance.
Pour sa part, Mogherini a annoncé la rencontre après une longue réunion du Quartet pour le Moyen-Orient tenue au Conseil de sécurité des Nations Unies plus tôt mercredi.
Après la séance du Quartet, la chef de la politique étrangère de l’UE a appelé à un renouvellememt des efforts pour relancer les pourparlers entre les deux parties et a suggéré qu’un cadre multilatéral tel que l’Initiative de paix arabe de 2002 pourrait être une solution possible.
Mogherini a dit qu’elle allait discuter de ce sujet avec Netanyahu lors de leur conversation mercredi soir.
Selon le cabinet du Premier ministre israélien, les deux ont en effet discuté de la réunion du Quartet, et Netanyahu a informé Mogherini « des nouvelles difficultés et défis pour la sécurité » auquels Israël est confonté.
Il « a souligné encore une fois qu’il est prêt à reprendre les négociations sans conditions préalables, et le fait qu’Abu Mazen [Abbas] n’ait pas répondu à cette [volonté] est la preuve qu’il ne cherche pas la paix « .
Mogherini a réagi dans ses commentaires publics mercredi au discours que le président Mahmoud Abbas avait prononcé plus tôt dans la journée à la session de l’Assemblée générale de l’ONU, en disant que ses commentaires exprimaient une urgence.
Mogherini a dit qu’elle avait écouté « très attentivement » le discours, et que le dirigeant palestinien l’avait informé de ses intentions deux jours auparavant.

« J’ai interprété ses paroles comme un scénario qui va se passer si – et il y a un si. Maintenant, sur ce ‘si’ nous devons travailler, » a-t-elle dit, ce qui suggère que ses propos étaient un avertissement plutôt qu’un ultimatum, « parlant de l’urgence de la communauté internationale et régionale à s’engager ».
La chef de la politique étrangère de l’Union européenne a appelé les dirigeants israéliens à prendre « des mesures concrètes sur le terrain pour mettre en œuvre les accords qui existent déjà » et appelé les dirigeants palestiniens « à se livrer à la réconciliation nationale et à des négociations directes. »
Le discours d’Abbas, a-t-elle souligné, était « une sonnerie d’alarme. »
« Elle est grave, et je pense que tout le monde, de l’Extrême-Orient à l’Amérique latine, la regarde parce qu’il a un fort pouvoir symbolique pour tout le monde, » a-t-elle dit, soulignant que le conflit israélo-palestinien n’était « pas quelque chose sans rapport » à la lutte contre le terrorisme islamique.
Elle a souligné que les récents troubles à Jérusalem ont augmenté le sentiment d’urgence à œuvrer pour une solution au conflit israélo-palestinien, avertissant que ne rien faire pourrait engendrer une radicalisation accrue.
Elle a noté qu’ « un cadre régional de sécurité peut être extrêmement utile et intéressant » pour toutes les parties impliquées dans un effort pour éviter une conflagration « dramatique ».
« Si nous n’agissons pas, si les dirigeants sur le terrain n’agissent pas, cela risque d’être une source majeure de la radicalisation dans le monde. Il y a urgence et il existe un effort international visant à encourager le soutien. »
« Ce qui a déjà été convenu peut être mis en œuvre. Allez-y », a-t-elle ajouté.
Bien que dans son discours Abbas ait averti que l’Autorité palestinienne cesserait d’honorer tous les accords antérieurs conclus avec Israël, Mogherini a souligné que la « façon la plus viable, si ce n’est la seule viable » pour aller de l’avant « est de se concentrer sur des mesures concrètes sur le terrain, en particulier à encourager les parties à commencer à appliquer les accords déjà signés.
« Cela peut être une étape très importante dans la bonne direction afin de préserver la possibilité d’une solution pour deux Etats et de commencer à rétablir la confiance tant en Israël qu’en Palestine, dans l’autre partie et [dans] le processus lui-même. »