Israël en guerre - Jour 423

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Mohammad Chtayyeh nommé Premier ministre de l’AP par Mahmoud Abbas

Le Hamas a annoncé qu'il ne reconnaissait "pas le gouvernement séparatiste car il a été formé sans consensus national"

Mohammad Shtayyeh, en juin 2011. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Mohammad Shtayyeh, en juin 2011. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a nommé dimanche l’un de ses proches, Mohammad Chtayyeh, Premier ministre et l’a chargé de former un nouveau gouvernement, a indiqué à l’AFP
Mahmoud Al-Aloul, le vice-président du Fatah, le parti de M. Abbas.

Fin janvier, le précédent Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah avait remis sa démission.

La nomination de M. Chtayyieh, un membre du Fatah, et la décision de former un nouveau gouvernement sont largement perçues par les analystes comme un moyen supplémentaire pour Mahmoud Abbas d’isoler ses rivaux islamistes du Hamas, qui dirigent la bande de Gaza.

Ce dernier a annoncé dimanche qu’il ne reconnaissait « pas le gouvernement séparatiste car il a été formé sans consensus national ».

Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé dans un communiqué un nouveau gouvernement qui « reflète l’unilatéralisme d’Abbas et son monopole du pouvoir », mettant en garde contre la volonté du président de l’AP de séparer la bande de Gaza de la Cisjordanie.

Le Hamas avait été consulté lors de la formation du précédent gouvernement en 2014.

Né en 1958 à Naplouse, en Cisjordanie, Mohammed Chtayyeh a étudié à l’Université de Bir Zeit en Cisjordanie puis décroche un doctorat en développement à l’université de Sussex (Grande-Bretagne) avant de retourner dans les Territoires palestiniens à la fin des années 1980.

Ce proche de Mahmoud Abbas a participé aux négociations avec Israël sous l’égide des Etats-Unis en 1991 et plus tard entre 2013 et 2014.

Il défend la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, c’est-à-dire la création d’un état palestinien indépendant aux côtés d’Israël.

Il a déjà été deux fois ministre et a occupé des postes dans des institutions économiques et de développement palestiniennes tout en enseignant à l’Université Bir Zeit.

Que signifie cette nomination ?

 

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Rami Hamdallah, arrive à une réunion du cabinet dans la ville de Gaza le 3 octobre 2017. (AFP Photo/ Mohammed Abed)

Mohammad Chtayyeh remplace Rami Hamdallah qui dirigeait le gouvernement palestinien depuis 2014 et qui était perçu comme plus indépendant politiquement.

Avec la nomination de M. Chtayyeh, Mahmoud Abbas choisit un fidèle de son parti, le Fatah, et s’oriente, selon les analystes, vers un gouvernement dominé par ce mouvement, contrairement au précédent qui s’appuyait sur un consensus entre les différents courants palestiniens.

Le gouvernement palestinien est l’émanation de l’Autorité palestinienne, entité intérimaire internationalement reconnue et censée préfigurer un Etat indépendant qui comprendrait la Cisjordanie et la bande de Gaza, séparées de quelques dizaines de kilomètres par le territoire israélien.

Le Hamas, groupe terroriste islamiste qui dirige Gaza, et le Fatah sont à couteaux tirés depuis que le premier a pris le contrôle de l’enclave palestinienne en 2007 en évinçant le second, au prix d’une quasi-guerre civile.

Le Hamas avait remporté les élections législatives un an auparavant. Depuis, toutes les tentatives de réconciliation ont échoué et la vie politique palestinienne est comme figée, puisqu’aucune élection, ni législative, ni présidentielle, n’a été organisée depuis.

En 2014, les deux frères ennemis palestiniens avaient entamé des discussions et le gouvernement Hamdallah était le vestige du cabinet de personnalités indépendantes que le Fatah et le Hamas s’étaient entendus pour créer, avant que le rapprochement ne vole en éclats.

Nabil Abu Rudeinah, porte-parole de Mahmoud Abbas, lors d’une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie, le 5 décembre, suite à un entretien téléphonique entre Abbas et le président américain Donald Trump. (Crédit : Flash90)

Cette fois-ci, le porte-parole du président palestinien, Nabil Abou Roudeinah, a affirmé que le nouveau gouvernement sera formé en raison de l’échec des négociations avec le groupe terroriste islamiste islamiste.

« Si le Hamas ne veut pas de la réconciliation, si le Hamas ne veut pas d’élections, si le Hamas veut toujours former avec d’autres un mini-Etat à Gaza pour les Frères musulmans, si c’est leur stratégie, nous devons mettre fin à la relation. C’est pourquoi nous devons former un nouveau gouvernement », a-t-il déclaré à des journalistes le mois dernier.

Le risque est que ce nouveau gouvernement soit perçu par certains comme un coup de force du Fatah, explique à l’AFP Hugh Lovatt, expert au centre de réflexion European Council of Foreign Relations.

« Il y avait une volonté de remplacer le gouvernement précédent, qui était perçu comme peu efficace, par un gouvernement plus politique, mais cela va aussi totalement exclure le Hamas du processus de décision et affaiblir davantage la démocratie palestinienne », souligne-t-il.

Fin décembre, le président palestinien a annoncé son intention de dissoudre le Parlement palestinien (Conseil législatif) qui ne s’est pas réuni depuis 2007, pour se conformer, selon lui, à une décision de la Cour constitutionnelle. Celle-ci avait également appelé à des élections législatives dans les six mois mais les analystes jugent cette hypothèse peu probable.

Qui seront les ministres ?  

Le gouvernement est théoriquement composé des factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cette organisation est dirigée par le Fatah mais comprend plusieurs autres partis. Le Hamas n’en fait pas partie.

Deux grandes factions de gauche ont déjà exprimé leur opposition au nouveau gouvernement et ne devraient pas y participer. Cela renforcera l’impression que le Fatah dirige désormais pleinement l’OLP.

Quelles orientations politiques ? 

Aucun changement politique majeur n’est attendu, que ce soit sur les relations des Palestiniens avec Israël, les États-Unis ou d’autres acteurs. Les gouvernements de l’Autorité palestinienne sont depuis longtemps considérés comme subordonnés à Mahmoud Abbas et au comité exécutif de l’OLP.

« Le gouvernement n’a jamais été le décideur ici. L’OLP est la seule partie qui doit prendre des décisions », a estimé Nabil Abou Roudeinah.

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