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Netanyahu : Bernard Lewis, « un grand érudit, robuste défenseur d’Israël »

"La sagesse du professeur Lewis continuera à nous guider pour les années à venir", a déclaré le Premier ministre après la mort de l'influent historien de l'islam et du Moyen-Orient

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, rencontre l'historien du Moyen Orient Bernard Lewis au bureau du Premier ministre (Crédit : Bureau de presse du gouvernement)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, rencontre l'historien du Moyen Orient Bernard Lewis au bureau du Premier ministre (Crédit : Bureau de presse du gouvernement)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rendu hommage dimanche à Bernard Lewis, saluant l’un des plus grands historiens du Moyen-Orient de l’époque suite à la mort, à 101 ans, de cet homme qui fut professeur à Princeton pendant longtemps.

« Bernard Lewis a été l’un des grands spécialistes de l’islam et du Moyen-Orient de notre ère. Nous serons pour toujours reconnaissants de sa défense robuste d’Israël », a indiqué le bureau de Netanyahu dans un communiqué.

« Je me sentirai toujours privilégié d’avoir été directement témoin de son érudition extraordinaire et j’ai glané des connaissances précieuses lors de nos nombreuses rencontres au cours des années. J’ai été également profondément ému par ses conversations sur tous les sujets avec feu mon père, le professeur Ben Zion Netanyahu », a-t-il ajouté.

« La sagesse du professeur Lewis continuera à nous guider pour les années à venir », a-t-il poursuivi.

L’historien américain Bernard Lewis, dont les livres ont influencé des générations de spécialistes de l’islam mais qui fut aussi au coeur de vives polémiques, est décédé samedi à l’âge de 101 ans, selon le Washington Post.

Lewis « a erré dans les souks et dans les arrières-rues pour les renseignements britanniques au cours de la Seconde guerre mondiale ; il a bu le thé avec Golda Meir, dans sa cuisine, en l’honneur de son soutien ardent à Israël ; il a dîné avec le pape Jean-Paul II et il a été accueilli au trône du paon de l’ancien Shah d’Iran », a écrit le Post.

« Il s’est également « construit une réputation parallèle qui est allée au-delà des universités. Ce qui l’a amené dans les sphères des négociateurs du pouvoir à Washington, et des stratèges politiques après son départ de l’université de Princeton en 1974 ».

Interviewé en Israël en 2011, lorsque le Printemps arabe était à son apogée, Lewis avait mis en garde contre la possibilité d’une prise de contrôle de l’Egypte par les partis musulmans et vivement recommandé aux démocraties du monde de ne pas considérer – à tort – à des élections à travers la région comme à une panacée. Il avait plutôt préconisé que les pays occidentaux encouragent le développement d’institutions locales d’auto-gouvernance qui, selon lui, s’accordaient à la tradition islamique de « consultation ».

Dans cette conversation — avec David Horovitz, fondateur du Times of Israel qui était alors directeur du Jerusalem Post — Lewis avait épousé la théorie selon laquelle une raison centrale « de l’obscurantisme relatif du monde islamique en comparaison avec l’Occident est son traitement des femmes ». Il avait affirmé qu’ « un enfant qui grandit dans un foyer musulman traditionnel est habitué à des règles autoritaires et autocratiques dès le départ. Je pense que la position des femmes a une importance cruciale ».

Interrogé sur la manière dont Israël devait répondre aux protestations, Lewis avait déclaré : « Observez avec soin, gardez le silence, faites les préparations nécessaires. Et tendez la main. Tendez la main. Il y a une réelle possibilité de nos jours. Il y a un nombre croissant de gens, dans le monde arabe, qui regardent… et je dirais même avec émerveillement ce qu’ils voient en Israël, le fonctionnement d’une société libre et ouverte ».

Il avait cité deux choses qui, pensait-il, aideraient à établir une meilleure compréhension entre les Arabes et Israël : « L’une de ces choses est bien connue, c’est la perception d’un grand danger », avait-il expliqué, certains dans le monde arabe « considérant Israël comme une barrière contre la menace iranienne ».

Et l’autre, « probablement plus importante, est le fait d’envisager Israël comme un modèle de fonctionnement démocratique. Un modèle de société libre et ouverte avec des droits pour les femmes – un point qui est de plus en plus important, en particulier dans la perception des femmes », avait ajouté Lewis. « A ces deux sujets, je pense qu’il y a des signes d’espoir pour l’avenir ».

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a également salué la mémoire de Lewis dimanche. « Le monde a perdu un vrai érudit et un grand homme, Bernard Lewis, la semaine passée. Aujourd’hui, avec ce décès, il y a un peu moins de connaissance et d’esprit dorénavant dans notre monde », a-t-il dit dans un communiqué.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo durant une conférence de presse à Amman, en Jordanie, le 30 avril 2018 (Crédit : AFP Photo/Stringer)

Pompeo a expliqué n’avoir rencontré Lewis qu’à une seule occasion, « mais j’ai beaucoup lu ce qu’il a écrit. Je dois beaucoup en termes de compréhension du Moyen-Orient à son travail. M. Lewis était également un défenseur ardent des démocraties dans le monde – y compris au Moyen-Orient. Il était un homme qui croyait, comme c’est également mon cas, que les Américains doivent avoir davantage confiance dans la grandeur de notre pays, pas moins ».

Né à Londres dans une famille juive, Bernard Lewis, qui a longtemps enseigné à l’université de Princeton, dans le New Jersey, était résolument pro-Israël et proche des néo-conservateurs américains. Il avait de l’influence à la Maison Blanche et avait pesé sur les planificateurs de l’invasion de l’Irak, en 2003.

Bernard Lewis (Crédit : (Moshe Shai/Flash90)

Parmi les livres qu’il avait écrit, « Les Arabes dans l’histoire » (1950), « L’émergence de la Turquie moderne » (1961), et « l’Islam en crise » (2003).

Certains critiques déploraient ce qui s’avoisinait, selon eux, à une vision euro-centrée de « choc des civilisations » face au Moyen-Orient.

« Pour certains, je suis un génie immense. Pour d’autres, je suis le diable incarné », déclarait-il dans un entretien accordé en 2012 au Chronicle of Higher Education.

Il avait également contesté la réalité du génocide des Arméniens par les Turcs en 1915, apportant sa caution intellectuelle à la Turquie en affirmant que la thèse du génocide était « la version arménienne » de l’histoire.

Un critique, feu l’expert du Moyen-Orient de l’université de Columbia Edward Said, avait fustigé Lewis, disant qu’il était un « scientifique politique actif, un lobbyiste et un propagandiste » dans une réponse écrite à Lewis en 1982 dans le New York Review of Books.

Lewis, à son tour, avait accusé Said – auteur du livre influent « Orientalisme » (1978) — d’afficher un « mélange douteux de moquerie et de diffamation, de fanfaronnade et d’insinuations ».

L’AFP a contribué à cet article.

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