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Analyse

Netanyahu exhorte les Israéliens à mener une « guerre contre l’ennemi invisible »

Le Premier ministre a dévoilé une nouvelle série de restrictions, d'une portée considérable mais moins drastique que prévu, pour lutter contre la pandémie de coronavirus

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tient une conférence de presse au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 12 mars 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tient une conférence de presse au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 12 mars 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Après des heures de spéculations fiévreuses, d’innombrables fausses informations diffusées par les médias sociaux et une ruée post-Shabbat dans les supermarchés du pays, la série de nouvelles mesures pour tenter de lutter contre la pandémie de coronavirus annoncée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu samedi soir a été considérable : fermeture des centres commerciaux, bars, restaurants, cinémas, clubs de santé et bien d’autres encore.

Mais cela est resté moins drastique que ce qui avait été prévu.

Netanyahu et ses collègues, s’exprimant lors d’une intervention retardée devant la nation qui laissait entrevoir des désaccords entre divers responsables, n’ont pas déclaré l’état d’urgence. Ils n’ont pas imposé de bouclage, empêchant les Israéliens de quitter leurs maisons. Ils n’ont pas bloqué le secteur privé.

Mais ils ont clairement laissé entendre qu’ils se réservaient le droit de faire l’une de ces choses dans un avenir proche. Et Moshe Bar Siman Tov, le directeur général du ministère de la Santé qui, de l’avis général, a fait pression pour une fermeture complète du secteur privé, a déclaré catégoriquement, immédiatement après la diffusion en direct, que des mesures plus strictes seraient effectivement imposées « dans les prochains jours ».

Avec ce virus qui infecte de manière exponentielle, Bar Siman Tov a déclaré : « vous pouvez perdre le contrôle en une seconde, et ensuite il n’y a plus de retour en arrière. Regardez l’Italie ».

Au moment où j’écris ces lignes, samedi soir, Israël – ses frontières sont pratiquement fermées, ses rassemblements limités, quelque 40 000 citoyens en auto-quarantaine – a évité ne serait-ce qu’un seul décès dû au coronavirus, et ne connaît « que » quelque 200 personnes qui sont infectées par ce virus.

Si ces chiffres avaient été nettement plus élevés, a laissé entendre M. Siman Tov, des restrictions plus importantes sur la circulation du public et l’interaction sociale seraient déjà en vigueur. Si ces chiffres augmentent sensiblement, certaines des mesures envisagées mais rejetées jusqu’à présent entreront sans doute en vigueur.

Des Israéliens font la queue devant le supermarché Rami Levy à Ashdod, le 14 mars 2020. (Flash90)

Nombre des nouvelles restrictions spécifiques introduites hier soir ont été énoncées non pas par Netanyahu mais par Shai Babad, le directeur général du Trésor, dans une déclaration d’un seul trait. Non seulement les fermetures d’écoles annoncées la semaine dernière seront étendues à l’ensemble du réseau éducatif, mais tout le secteur du divertissement et de la culture sera fermé dès dimanche matin, a déclaré Babad, précisant sans tarder les centres commerciaux, cinémas, hôtels, mariages, voyages de groupe, conférences, clubs de santé et autres.

Ce que Netanyahu a choisi de mettre en lumière, c’est la nouvelle réalité de la « distanciation sociale » qui est au cœur de la lutte d’Israël contre le virus. Après avoir demandé aux Israéliens la semaine dernière d’arrêter de s’embrasser, de s’étreindre et de se serrer la main et, de manière générale, de « garder leurs distances » les uns par rapport aux autres, le Premier ministre a maintenant spécifié un minimum de deux mètres pour prévenir la contagion.

Selon les estimations, le virus, que ce soit en toussant ou en éternuant, ne peut franchir cette distance de deux mètres, ce qui est au cœur des restrictions imposées par Israël, a-t-il déclaré – restrictions qui interdisent désormais également tout rassemblement de plus de 10 personnes. La clé de ce qu’il a appelé « une guerre contre un ennemi invisible… est de ne pas contaminer, et de ne pas être contaminé ». Mais, a-t-il indiqué, même tous ces changements dans la routine sociale normale pourraient ne pas être suffisants. « Nous sommes encore en train d’apprendre à connaître ce virus », a-t-il souligné.

Respectez les mesures d’hygiène, lavez-vous les mains, nettoyez les surfaces et gardez ces deux mètres de distance, a-t-il souligné, et Israël se sortira de la pire pandémie du siècle. Ignorez ces principes de base, a-t-il mis en garde, « et cela pourrait s’aggraver avant de s’améliorer ».

Un homme soumis à un test de fièvre à son arrivée pour la conférence de presse du Premier ministre Benjamin Netanyahu au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 12 mars 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Netanyahu a également annoncé qu’Israël utilisera une technologie numérique hautement invasive pour « localiser l’ennemi », c’est-à-dire pour suivre les mouvements des Israéliens contaminés – afin de tester et d’imposer une quarantaine si nécessaire à ceux avec qui ils sont entrés en contact, et d’éviter ainsi d’avoir à placer toute la nation en isolement. Il a déclaré qu’il s’était abstenu d’utiliser ce type de technologie dans le domaine civil tout au long de ses années de Premier ministre, mais que dans le contexte de cette crise, l’intérêt général l’exigeait, et qu’il avait donc obtenu l’approbation du ministère de la Justice.

Il a précisé que tous les services essentiels continueraient à fonctionner, que les supermarchés resteraient ouverts, de même que les pharmacies, les banques et les stations-service. Dans le secteur privé, lui et ses collègues ont exhorté les patrons à user de leur faculté d’appréciation – à ne pas obliger les travailleurs à venir si ce n’est pas absolument nécessaire ; à tout faire pour garantir cette distance de deux mètres.

Ces derniers temps, Netanyahu a fait le point avec la nation presque tous les soirs, émaillant ses remarques de mentions de tel ou tel dirigeant étranger qui a complimenté sa politique, louant la population pour sa discipline, essayant d’approfondir le sentiment de son caractère indispensable au bien-être d’Israël – l’atout crucial que son rival politique Benny Gantz tente depuis un an de briser.

Samedi également, Netanyahu s’est vanté à plusieurs reprises du fait que les politiques qu’il a introduites ces dernières semaines étaient « en avance sur tous les autres pays du monde », et qu’Israël se trouve donc actuellement dans « l’une des meilleures situations au monde ».

Sa gestion de la crise a en effet été largement saluée, y compris par des sources aussi improbables qu’Ofer Eini, l’ancien chef de la Histadrout, le principal syndicat de travailleurs israéliens. Opposé de longue date au Premier ministre, Eini a déclaré dans une interview télévisée samedi après-midi que la gestion de Netanyahu était manifestement à l’avantage d’Israël dans sa lutte contre la pandémie, et il a exhorté les rivaux du Premier ministre à le rejoindre dans un gouvernement d’unité.

Le chef du parti Kakhol lavan, le député Benny Gantz, lors d’un rassemblement électoral à Ramat Gan, le 25 février 2020. (Miriam Alster/Flash90)

Netanyahu a réitéré un appel similaire samedi soir, et le parti Kakhol lavan de son principal rival, l’ancien chef de Tsahal Gantz, a répondu avec un assentiment prudent – à condition, a-t-il dit, que les responsabilités soient partagées équitablement. Mais Gantz, qui jusqu’à il y a une semaine espérait obtenir une majorité à la Knesset pour remplacer Netanyahu après la troisième impasse électorale consécutive du 2 mars, n’est plus en mesure de formuler aucune exigence particulière.

Manifestement en pleine forme dans la crise, Netanyahu assure aux Israéliens que lui et eux sont en tête de la lutte mondiale contre un ennemi invisible et mortel. Le « roi Bibi », le « magicien », pour reprendre deux de ses surnoms, était dans les cordes de la politique il n’y a pas si longtemps. Au grand dam de ses adversaires, une pandémie mondiale lui a permis de rebondir. Le vétéran des Premiers ministres n’est pas près d’être délogé, ni par Gantz ni par qui que ce soit d’autre.

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