Netanyahu fait allusion à de possibles annexions en Cisjordanie
Le Premier ministre a dit qu'il préfère "des solutions négociées", mais agira si nécessaire. Il a aussi qualifié d' "odieux" l'étiquetage des produits par l'UE
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait allusion mercredi à l’éventualité d’une annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie.
« Il y a toutes sortes de mesures unilatérales et de sortes de directions. Attendons voir. Et elles ne sont pas nécessairement dans le sens que les gens pensent », a-t-il dit, refusant de donner des précisions.
Netanyahu avait évoqué la semaine dernière des mesures unilatérales, lorsqu’il avait été interrogé sur ses plans pour empêcher Israël de devenir un Etat binational si une solution à deux Etats avec les Palestiniens continuait à se révéler inaccessible.
« L’unilatéralisme … je suppose que c’est aussi possible, mais cela devra répondre à des critères de sécurité israéliennes et cela nécessiterait également des garanties internationales plus grandes que celles qui existent, » avait-il dit lors d’un événement à Washington.
Plus tard, ses collaborateurs ont précisé qu’il avait fait référence à des mesures unilatérales pour améliorer la position d’Israël sur le terrain – pas, comme initialement rapporté, à d’eventuels retraits unilatéraux en Cisjordanie.
Prenant la parole mercredi devant la Conférence diplomatique du Jerusalem Post, Netanyahu a déclaré qu’il y a trois aspects à prendre en compte pour parvenir à la paix: les accords politiques, la sécurité et la prospérité.
Interrogé par Herb Keinon le correspondant diplomatique du journal s’il envisageait des mesures unilatérales si un accord de paix reste insaisissable, le Premier ministre a répondu qu’Israël met déjà en œuvre des mesures unilatérales dans les domaines sécuritaire et économique.
« Je préfère les mesures bilatérales, négociées », a dit Netanyahu.
« Mais en l’absence de sécurité et d’économie, c’est envisageable. Politiquement, je pense que c’est plus compliqué [et] pas souhaitable. »
Plus tôt dans son discours, il avait réitéré sa volonté de négocier avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
« Je ne veux pas gouverner les Palestiniens. Je préfère qu’ils se gouvernent eux-mêmes », a-t-il dit, ajoutant que tout accord de paix devra veiller à ce que le territoire dont Israël se retirerait ne soit pas utilisé pour lancer des attaques contre lui.
Netanyahu a également commenté les propos controversés de la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström, qui avait invoqué la frustration des Palestiniens à propos des attentats terroristes de vendredi à Paris, qui ont tué 129 personnes.
Sans mentionner Wallström par son nom, le Premier ministre a dit qu’Israël n’est pas à blâmer pour le terrorisme, qu’il se produise au Moyen-Orient ou en Europe.
« Nous ne sommes pas à blâmer, pas plus que les Parisiens ne sont à blâmer pour les attaques qui sont portées contre eux », a-t-il ajouté.
« Alors, évidemment, nous rejetons cela. Mais maintenant il y a une nouvelle approche : Non seulement nous sommes à blâmer pour le terrorisme qui est dirigé contre nous. Nous sommes aussi à blâmer pour le terrorisme qui est dirigé contre eux, à Paris. Voilà un degré d’absurdité qui … serait presque comique si cela n’était pas si tragique ».
Netanyahu a également réitéré ses critiques sur l’étiquetage par l’Union européenne des produits des implantations, le qualifiant d’ « odieux » – un terme réservé dans le langage diplomatique aux crimes violents ou aux attentats terroristes.
« C’est absolument absurde. C’est moralement répréhensible parce que sur le sol de l’Europe, de mémoire d’homme, des produits juifs avaient été marqués.
Des magasins juifs avaient été marqués. Et j’attends de l’Europe, avec toute la frustration, de ne pas appliquer cette décision odieuse qui a d’horribles connotations historiques », a-t-il dit.
Mais l’étiquetage des produits des implantations n’aura pas d’impact négatif significatif sur l’économie d’Israël, a continué Netanyahu en expliquant qu’il concerne une « infime partie de nos exportations ».
L’économie d’Israël est forte, a-t-il ajouté.
Le plan de l’UE portera essentiellement atteinte aux Palestiniens employés par les usines dans les implantations israéliennes. En revanche, a-t-il souligné, il va accélérer le fait qu’Israël se tourne vers d’autres marchés, comme l’Asie et l’Amérique latine.
« Il y a une diversification de notre économie. Elle se déroule de toute façon. Elle s’accélère en raison de cela », a-t-il dit.
Il y a 200 conflits territoriaux dans le monde, mais l’UE a choisi de distinguer Israël pour l’étiquetage, a déploré le Premier ministre.
« Vous savez combien de Cisjordanies il y a dans le monde, et dans des circonstances beaucoup plus difficiles, beaucoup plus graves ? »