Netanyahu : « Les liens avec l’Italie vont se développer de manière spectaculaire »
Après avoir rencontré son homologue italienne, le Premier ministre n'a pas mentionné la menace iranienne, bien que des sources aient affirmé qu'elle a dominé leurs discussions
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
ROME – Après avoir rencontré la Première ministre italienne Giorgia Meloni vendredi après-midi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a prédit que les relations entre Israël et l’Italie étaient sur le point de se développer de manière significative.
« L’amitié entre l’Italie et Israël existe depuis longtemps et ne cesse de se développer, mais je pense qu’elle est sur le point de prendre une dimension encore plus grande », a déclaré Netanyahu à l’issue de leur entretien au Palazzo Chigi, la résidence officielle de la Première ministre italienne.
« Je pense qu’il y a de la place pour une collaboration et une amélioration considérables », a-t-il poursuivi.
Il a indiqué qu’une grande réunion de gouvernement à gouvernement entre les deux parties se tiendrait en Israël dans les mois à venir et qu’elle porterait sur la coopération dans les domaines du gaz naturel, de l’eau, de l’agriculture, de l’innovation et bien d’autres encore.
Étonnamment, Netanyahu n’a pas mentionné l’Iran dans sa déclaration aux côtés de Meloni, bien que le rapprochement des puissances européennes avec la position d’Israël sur le programme nucléaire de Téhéran ait été l’un des principaux objectifs de la réunion. Des responsables de l’entourage de Netanyahu ont déclaré au Times of Israel que l’Iran avait été longuement discuté lors des entretiens bilatéraux.
Sa rencontre avec Meloni a eu lieu juste après que l’Iran et l’Arabie Saoudite ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques. L’ancien Premier ministre Naftali Bennett et d’autres membres de l’opposition ont sévèrement critiqué vendredi cet accord irano-saoudien, affirmant qu’il représentait l’échec des efforts israéliens visant à créer une alliance régionale contre Téhéran. Ils ont accusé Netanyahu de donner la priorité à la mise en œuvre de sa réforme judiciaire controversée au détriment de la lutte contre l’Iran.
Netanyahu avait précédemment fait part de son espoir de parvenir à un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
La politique intérieure israélienne s’est également immiscée dans sa visite en Italie, des centaines d’Israéliens et de membres de la communauté juive locale ayant manifesté contre lui. Ils ont brandi des drapeaux israéliens et scandé « Dé-Mo-Cra-Tie », alors qu’ils étaient rassemblés devant l’hôtel de Netanyahu.
רבים הגיעו לרומא להפגין נגד ביבי כעת
צילם יפתח תלמי pic.twitter.com/ELIYoXAHN0— לירי בורק שביט (@lirishavit) March 10, 2023
Le Premier ministre n’a pas non plus mentionné la possibilité que l’Italie transfère son ambassade à Jérusalem lors de sa déclaration, mais un haut fonctionnaire israélien a déclaré au Times of Israel que ce sujet avait également été abordé lors de leur rencontre.
S’exprimant en italien devant Netanyahu, Meloni a exprimé sa solidarité après l’attentat terroriste de jeudi à Tel-Aviv et s’est dite inquiète de la montée de la violence en Israël.
« L’Italie est prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour désamorcer la violence, qui est préoccupante pour tout le monde », a-t-elle déclaré.
Meloni, première femme à occuper le poste de Premier ministre en Italie depuis octobre, a souligné que Rome était prête à soutenir tout processus politique entre Israël et les Palestiniens.
Netanyahu a été accueilli au palais par une garde d’honneur vêtue de noir et de rouge. Une fanfare militaire a joué l’Hatikvah et l’hymne national italien avant que Netanyahu et Meloni ne passent en revue les soldats mobilisés pour l’occasion.
Plus tôt dans la journée, Netanyahu avait déclaré à un forum de chefs d’entreprise italiens qu’Israël souhaitait augmenter ses exportations de gaz vers l’Italie et l’Europe.
PM @netanyahu listening to Hatikvah at Palazza Chigi before his meeting with PM Meloni pic.twitter.com/O4Ln5vzozE
— Lazar Berman (@Lazar_Berman) March 10, 2023
« Nous coopérons déjà avec votre compagnie nationale (Eni, NDLR) en matière de gaz, mais nous voulons développer », a-t-il déclaré au ministre italien des Entreprises Adolfo Urso. « Je crois que nous devrions examiner attentivement et rapidement la possibilité d’ajouter un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), peut-être à Chypre, pour accroître les capacités d’exportation de gaz d’Israël vers l’Italie, et de l’Italie vers l’Europe », a-t-il ajouté.
A l’instar d’autres pays européens, l’Italie a multiplié les initiatives pour sortir de sa dépendance au gaz russe depuis le début de la guerre en Ukraine.
Israël est entré dans le cercle des pays producteurs et exportateurs de gaz après la découverte au début des années 2010 de plusieurs réservoirs gaziers au large de ses côtes, en Méditerranée.
En matière de gaz, « je crois qu’il existe un besoin stratégique en Italie et en Europe, et Israël est prêt à en faire davantage avec vous dans cette optique », a souligné Netanyahu.
Urso s’est félicité de ces commentaires. « L’Italie vise à devenir la plaque tournante du gaz en Europe et Israël doit être le point de force pour la production de gaz. »
Parmi les autres options pour acheminer le gaz israélien en Europe figure le projet EastMed, la construction d’un gazoduc en grande partie sous-marin de près de 1 900 km, permettant de relier les champs gaziers offshore d’Israël avec le sud européen en passant par Chypre et la Grèce.
Le gaz serait ensuite transporté par le gazoduc Poséidon jusqu’à Otrante, dans le sud de l’Italie. Mais ce projet, chiffré à six milliards d’euros, est onéreux, et devrait être terminé et mis en service seulement entre 2025 et 2027.
Netanyahu a été la cible de critiques concernant le calendrier de ce voyage, le deuxième en deux mois durant lequel il a rencontré le dirigeant d’un pays dans une capitale européenne, puis passer le Shabbat dans un chic hôtel aux frais du contribuable. La délégation a réservé 60 chambres.
Un haut fonctionnaire israélien a rejeté cette allégation, affirmant qu’Israël avait dit aux Italiens que Netanyahu ne pouvait pas venir du lundi au mercredi en raison des votes à la Knesset, et que le vendredi après-midi était le seul moment qui convenait aux deux parties.
Netanyahu est rentré dans la nuit de samedi à dimanche. Il est prévu qu’il se rende à Berlin mercredi prochain et à Londres à la fin du mois.