Netanyahu : les Palestiniens ne sont pas prêts pour la paix
Le Premier ministre accuse Abbas de ne pas lutter contre le fanatisme islamiste et assure qu’Israël a échappé à un mauvais accord concernant l’Iran
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Les pourparlers de paix de l’année dernière avec l’Autorité palestinienne n’ont pas réussi, non pas à cause de l’expansion des implantations, mais parce que les Palestiniens ne sont tout simplement pas encore prêts pour la paix, a déclaré dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
S’adressant au 11è Forum Saban de la Brookings Institution à Washington via une vidéo préenregistrée, le chef de l’exécutif israélien a déclaré que l’incitation à la haine constante prouvait que Ramallah n’était pas prête à faire la paix avec Israël, et il a exposé trois des principales exigences d’Israël envers les Palestiniens.
« Les discussions ont pris fin parce que les Palestiniens entre eux voulaient y mettre fin, » a déclaré Netanyahu.
Les négociations auraient achoppé, d’après lui, parce que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est entré dans un gouvernement d’unité avec le groupe terroriste du Hamas et parce que les Palestiniens ont rejeté les mesures de sécurité qu’Israël leur avait demandés.
« Malheureusement, la direction palestinienne n’est tout simplement pas préparée, et j’espère que cela changera, mais elle n’est pas encore prête à affronter la violence et le fanatisme au sein de la société palestinienne, » a ajouté Netanyahu.
« Pendant neuf mois, nous avons négocié avec les Palestiniens, mais ils ont refusé systématiquement de s’engager sur nos préoccupations légitimes de sécurité, tout comme ils ont refusé de discuter de reconnaître Israël comme l’État-nation du peuple juif, tout en exigeant, dans le même temps, qu’Israël reconnaisse un État-nation du peuple palestinien. »
Le Premier ministre a accusé la direction de l’AP d’alimenter la violence contre Israël. « Celle-ci s’est engagée chaque jour dans l’incitation à la haine, » a-t-il assuré. « Je pense qu’il est primordial de faire face à cela. Je ne pense pas que mettre la tête dans le sable favorise une paix réelle et je ne crois pas que de faux espoirs promeuvent une paix réelle. Je pense que cela ne fait juste pousser la paix un peu plus loin. »
La vraie paix ne viendra que lorsque les Palestiniens accepteront « les trois piliers de la paix » a encore affirmé Netanyahu : reconnaissance d’Israël comme l’État-nation du peuple juif ; mettre un terme à l’exigence du droit au retour ; et accepter à long terme une présence sécuritaire israélienne en Cisjordanie.
« Je ne céderai rien sur ces trois piliers, » a-t-il promis.
Dans ses commentaires, Netanyahu n’a pas directement abordé les rapports sur la frappe israélienne présumée sur des sites militaires en Syrie quelques heures avant. Mais il a répété qu’Israël devait faire face à « l’instabilité sans précédent qui frappe l’ensemble de la région ».
« Là où il y avait autrefois des nations apparemment cohérentes et des frontières clairement définies, nous voyons aujourd’hui le chaos – en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen et au Liban, » a-t-il poursuivi.
L’effondrement de l’ordre ancien au Moyen-Orient a contribué à créer « des gouvernements arabes pragmatiques » qui ont compris qu’Israël n’était pas leur ennemi, a déclaré le Premier ministre, en estimant que Jérusalem et ses voisins arabes modérés avaient beaucoup à gagner en coopérant. « Et cette coopération pourrait, à son tour, ouvrir une porte pour la paix. »
Netanyahu a également dit qu’Israël avait aidé à contrer une mauvaise affaire avec l’Iran le mois dernier. « La date limite du 24 novembre a été annulée et c’est une bonne chose, » a-t-il fait savoir.
« Notre voix et nos préoccupations ont joué un rôle crucial dans la prévention d’un mauvais accord. Nous devons utiliser le temps disponible pour augmenter la pression sur l’Iran et l’empêcher de développer une capacité d’armement nucléaire. »
Les grandes puissances et l’Iran ont convenu de prolonger la date limite pour un accord dans les négociations au 30 juin. Israël a objecté de manière persistante à tout accord qui laisserait l’Iran avec une capacité d’enrichissement d’uranium. Les États-Unis et d’autres puissances affirment qu’une capacité minimale est probable dans un accord final.
Malgré le fait qu’Israël se dirige vers de nouvelles élections, et que les projets soumis à législation sont gelés, Netanyahu a également promis qu’il ne ferait pas passer une loi « portant atteinte au caractère démocratique d’Israël, » afin de répondre aux critiques de son projet de loi consacrant le caractère juif de l’Etat d’Israël.
Les Israéliens sont fiers d’avoir créé « un état véritablement démocratique » qui garantit « l’égalité des droits pour tous ses citoyens, sans distinction de race, de religion ou de sexe, » a-t-il clamé.
« Et cela ne changera pas. Je n’accepterai jamais une législation qui porte atteinte au caractère démocratique d’Israël. Ni aujourd’hui, ni demain. Jamais. »