Netanyahu salue le veto américain contre un émissaire palestinien de l’ONU
Le Premier ministre refroidit “l’excitation” de sa droite avant sa rencontre avec Trump, et affirme qu'il serait une erreur de penser que le président américain n'a pas de limite
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est félicité dimanche de la décision américaine de bloquer la nomination du Palestinien Salam Fayyad comme émissaire des Nations unies en Libye, plaidant pour la « réciprocité » et la nomination de responsables israéliens au sein de l’institution internationale.
« Il y a quelques jours, on a évoqué devant moi la possibilité de nommer à une fonction au sein de l’ONU Salam Fayyad », ancien Premier ministre de l’Autorité palestinienne, a-t-il affirmé lors de la réunion hebdomadaire de ses ministres. J’ai répondu qu’il était temps qu’il y ait une réciprocité en faveur d’Israël et qu’il n’était pas possible de faire constamment des cadeaux aux Palestiniens. »
« Il est temps que l’on accorde un statut et des nominations pour Israël » à l’ONU, a-t-il ajouté selon un communiqué de son bureau.
Il faisait allusion à des informations parues dans les médias selon lesquelles Israël pourrait accepter la nomination de Salam Fayyad si Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères et députée de l’opposition, obtenait un poste de secrétaire générale adjointe des Nations unies.

D’autre part, Netanyahu a repoussé dimanche les ministres qui faisaient pression sur lui pour qu’il utilise sa première rencontre avec le président américain pour revenir sur son soutien à un état palestinien. Il a déclaré pendant la réunion hebdomadaire du cabinet que la seule « élaboration de politiques responsables » est de protéger les intérêts israéliens.
« C’est une rencontre extrêmement importante pour la sécurité d’Israël, à la fois pour notre image internationale de plus en plus forte, et pour nos intérêts internationaux généraux », a déclaré le Premier ministre à propos de sa réunion prévue mercredi avec Trump à la Maison Blanche.
Samedi soir, le ministre de l’Education Naftali Bennett, qui préside le parti HaBayit HaYehudi, a déclaré sur Facebook que la rencontre avec Trump serait « le test de la vie de Netanyahu », et déterminerait la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens pour les années à venir.
Bennett a déclaré que si les deux hommes mentionnaient « une obligation de mettre en place [un état de] Palestine ou ‘deux états’ sous une forme ou une autre, cela nous impactera directement pour les années à venir. Ce sera un tremblement de terre. »
Sous-entendant que les demandes de Bennett avaient des motifs politiques, Netanyahu a dit à ses ministres que les besoins de sécurité d’Israël devaient être plus importants que toute autre considération pendant ses discussions avec le nouveau président américain.
« Je comprends qu’il y ait une grande excitation avant cette réunion, causée par différentes motivations. Mais je n’ai qu’une motivation. Ma considération la plus importante est de garantir la sécurité d’Israël et de renforcer notre relation avec les Etats-Unis, ainsi que les intérêts communs qui en sont à l’origine », a déclaré Netanyahu.
Ajoutant qu’il avait toujours mené les relations avec les Etats-Unis de « manière rationnelle », le Premier ministre a déclaré que, tout comme avec les administrations précédentes, traiter avec Trump nécessitait une approche « responsable et équilibrée ».
Netanyahu a demandé aux ministres de s’abstenir de diffuser leurs opinions avant que Trump ne lui dise, à huis clos, ses propres positions. De telles remarques des politiciens israéliens avant la rencontre de mercredi « risquent de saboter » les discussions, a déclaré samedi soir un responsable du bureau du Premier ministre.
La ministre de la Justice Ayelet Shaked, du parti HaBayit HaYehudi de Bennett, a néanmoins déclaré dimanche matin à des journalistes que les propres positions des républicains signifiaient que Netanyahu n’avait pas besoin de faire de compromis sur le sujet palestinien avec Trump.
« Les républicains ont supprimé l’état palestinien de leur programme, il n’y a pas de raison qu’un gouvernement israélien de droite les dépasse par la gauche », a-t-elle déclaré.
S’adressant aux ministres du Likud juste avant la réunion du cabinet, Netanyahu aurait déclaré qu’il serait mal avisé de sous-estimer Trump. « Penser qu’il n’y a pas de limite avec Trump est une erreur », a-t-il déclaré selon le site d’information Ynet.
« Après huit ans de manœuvre compliquée pendant l’ère Obama, nous devons continuer à agir judicieusement pendant l’ère Trump », a-t-il déclaré selon Haaretz.
Dans un entretien publié vendredi et dimanche par le quotidien israélien Israël Hayom, Trump a pu surprendre certains ministres de droite en déclarant que les implantations israéliennes en Cisjordanie « n’aident pas le processus » de paix.
« Chaque fois que vous prenez des terrains pour des implantations, il reste moins de territoire, a-t-il déclaré. Mais nous étudions cela, et nous étudions d’autres options que nous verrons. Mais non, je ne suis pas quelqu’un qui pense que promouvoir ces implantations est une bonne chose pour la paix. »

Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump exprime ses réserves sur les constructions dans les implantations israéliennes, mais il s’agit de la première remarque du président sur le sujet. Ces propos sont plus critiques que ceux de son porte-parole.
En début de semaine dernière, la Maison Blanche avait subtilement critiqué la série d’annonces de constructions israéliennes dans des implantations, prévenant que l’extension dans des régions que les Palestiniens revendiquent pour leur propre état « pourrait ne pas être utile » aux efforts de paix.
« Bien que nous ne pensions pas que l’existence des implantations soit un obstacle à la paix, la construction de nouvelles implantations ou l’extension des implantations existantes au-delà de leurs limites actuelles pourraient ne pas être utile », avait déclaré Sean Spicer, l’attaché de presse de la Maison Blanche, le 3 février.
L’AFP, Raphael Ahren et l’équipe du Times of Israël ont contribué à cet article.