Netanyahu s’éloigne de Trump et ne soutient pas sa candidature à la présidence
Sur NBC, le futur Premier ministre a qualifié de "terrain miné" la question de savoir s’il soutiendrait la candidature de Trump et a condamné le dîner de Trump avec des antisémites
Le leader du Likud, Benjamin Netanyahu, a évité de répondre dimanche à la question concernant son soutien à la candidature de l’ancien président américain Donald Trump à la Maison Blanche. Il a exprimé à la fois son appréciation pour son ancien allié et sa condamnation en ce qui concerne les rencontres récentes de ce dernier avec des personnalités antisémites.
S’exprimant dans l’émission « Meet the Press » de la chaîne NBC, Netanyahu a catégoriquement refusé de soutenir Trump, marquant ainsi un changement radical, mais prévisible, par rapport à son engagement passé et sans réserve envers l’ancien dirigeant américain.
Netanyahu a plaisanté lorsque Chuck Todd lui a demandé s’il souhaitait voir Trump revenir dans le bureau ovale, qualifiant la question de « terrain miné ».
« Je traiterai avec celui qui sera élu président, qui qu’il soit… Avec ceux avec qui j’ai travaillé dans le passé, et tout nouveau venu, parce que le lien entre Israël et l’Amérique… c’est vraiment un lien entre les peuples et un lien civilisationnel, et c’est un lien fort », a ajouté Netanyahu qui devrait reprendre son poste de Premier ministre avec le soutien de ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes.
Des propos tenus alors que Trump fait l’objet de nombreuses critiques en raison d’un récent dîner auquel étaient conviés le rappeur antisémite Kanye West et Nick Fuentes, un négationniste de la Shoah, poussant nombre d’anciens partisans de Trump à prendre publiquement leurs distances avec l’ex-président. Ce dernier est également accusé d’avoir fomenté la violente prise d’assaut du Capitole par ses partisans en 2021, et il continue de contester le résultat des élections qui ont été l’occasion de son départ de la Maison Blanche.
Netanyahu – qui a été accusé ces dix dernières années de favoriser les républicains par rapport aux démocrates, avec lesquels il était souvent en désaccord – a entretenu des liens étroits avec Trump pendant toute la présidence de ce dernier.
Alors qu’il était Premier ministre, Netanyahu n’avait pas tari d’éloges sur Trump, le qualifiant de « plus grand ami » connu par Israël à la Maison Blanche et affirmant que les liens entre Jérusalem et Washington n’avaient jamais été aussi bons que sous le règne du magnat de l’immobilier, qu’il avait salué pour avoir transféré l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, pour la reconnaissance de la ville comme capitale d’Israël et pour la reconnaissance de l’annexion du plateau du Golan par Israël. Il avait aussi revu à la baisse les liens entretenus avec les Palestiniens.
Il a répété ces éloges lors de l’interview sur NBC, mais il a également critiqué le dîner avec West et Fuentes, affirmant que c’était « une erreur ».
« Dans cette affaire, qui concerne Kanye West et cet autre invité inacceptable, je pense que ce n’est pas uniquement inacceptable, mais que c’est carrément une erreur. Et j’espère qu’il saura se tenir à l’écart de tout cela et condamner ces individus », a déclaré Netanyahu.
Tout en admettant que les récents débordements de West peuvent être dus à des problèmes de « personnalité » plutôt qu’à des opinions, Netanyahu a souligné que « ceux qui font l’éloge d’Hitler, pour quelque raison que ce soit, ont tort. Hitler a été le plus grand tueur de masse de tous les temps ».
« Quiconque fait son éloge a tort. Quiconque le rencontre et lui confère une légitimité a tort », a-t-il déclaré.
Netanyahu a ajouté cependant douter que Trump continue à frayer avec des antisémites notoires « parce qu’il comprend probablement que cela transgresse une limite. »
Dans sa récente autobiographie, qu’il a pitchée pendant l’interview, Netanyahu a décrit les difficultés qu’il a eues à faire comprendre à Trump son point de vue sur la situation au Moyen-Orient et la paix avec les Palestiniens, et en particulier ses difficultés à convaincre l’ancien président de son désir véritable de faire la paix avec les Palestiniens et que c’était ces derniers qui ne la souhaitaient pas, plutôt que l’inverse.
Lors d’une rencontre avec le président israélien de l’époque, Reuven Rivlin, Trump avait « lâché : ‘Bibi ne veut pas la paix’ », écrit Netanyahu. « Ce n’était pas ‘Houston, nous avons un problème’. C’était ‘Houston, nous sommes le problème !' »
Pour sa part, Donald Trump avait accusé Netanyahu de « déloyauté » pour avoir félicité le président américain Joe Biden de sa victoire électorale, qui a évincé le républicain.
Selon Trump, le message de félicitations de Netanyahu à Biden avait été envoyé trop rapidement après l’annonce des résultats de l’élection, résultats qu’il continue de contester à ce jour.
« C’était un des premiers. Genre avant la plupart des autres. Je ne lui ai pas parlé depuis. Qu’il aille se faire foutre », avait déclaré Donald Trump dans une interview accordée en 2021 au journaliste Barak Ravid.
Netanyahu a également été interrogé dans l’interview de dimanche sur sa relation avec le président russe Vladimir Poutine et l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Il a déclaré que la question de l’Ukraine était l’un des premiers dossiers sur lesquels il se pencherait s’il devenait Premier ministre, mais a souligné l’importance de trouver un équilibre entre les préoccupations de l’Ukraine et les questions de sécurité avec la Russie pour les opérations d’Israël au Moyen-Orient.
Netanyahu a déclaré qu’il avait été approché pour servir de médiateur dans le cadre d’une résolution entre la Russie et l’Ukraine « il y a environ un an », mais qu’il avait refusé parce qu’il n’était pas le Premier ministre d’Israël à l’époque. Il n’a pas précisé qui l’avait approché.
« Je peux vous dire que j’ai été approché, il y a environ un an, pour intervenir et j’ai dit ‘non’, il y avait un Premier ministre à l’époque. Notre Premier ministre a tenté de le faire à l’époque, sans succès, et je ne voulais marcher sur les plates-bandes de personne », a déclaré Netanyahu.
Le Premier ministre de l’époque, Naftali Bennett, a tenté à plusieurs reprises de servir de médiateur entre Kiev et Moscou peu après le début de l’invasion en février.
Sur le plan de la politique intérieure israélienne, et sur fond d’inquiétudes croissantes suscitées par l’accord de coalition conclu avec le parti homophobe Noam, qui confère au président de la faction l’autorité sur le département du ministère de l’Éducation chargé des programmes extrascolaire dans les écoles israéliennes, Netanyahu a juré qu’il ne permettrait pas que les droits des LGBT en Israël soient bafoués.
« Je n’accepterai rien de tout cela. Ce n’est pas quelque chose que je dis maintenant – j’ai un historique à présent et la réputation de bien tenir le volant à deux mains… C’est moi qui décide de la politique à la fin de la journée « , a déclaré Netanyahu, en réponse aux questions sur le député Avi Maoz, qui devrait devenir un vice-ministre avec un certain contrôle des programmes d’éducation pour les étudiants.
Cette interview est l’une des trois que Netanyahu a accordées ces derniers jours à la presse américaine. Un certain nombre d’organes de presse américains ont souligné les craintes suscitées par les législateurs radicaux appelés à occuper des postes clés au sein du prochain gouvernement israélien.
Le leader du Likud n’a pas encore accordé d’interviews similaires à la presse israélienne.