Olmert accuse Netanyahu de faire taire les voix dissidentes de l’establishment de la sécurité
Selon l'ex-Premier ministre, depuis 15 ans, "tout haut responsable de la sécurité qui dit quelque chose [de critique] devient la cible de calomnies et de censure"
Témoignant devant une commission d’enquête civile indépendante sur les événements entourant le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, l’ancien Premier ministre Ehud Olmert a accusé jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu de faire taire les voix dissidentes au sein de l’establishment de la sécurité, conduisant les hauts responsables à se retenir de l’informer de faits désagréables.
« Depuis 15 ans, il existe un concept selon lequel tout haut responsable de la sécurité qui dit quelque chose [de critique] devient la cible de calomnies et de censure de la part du Premier ministre lui-même et de tout son entourage. Un climat a ainsi été généré dans lequel les gens ne lui communiquent pas les faits ni leurs opinions afin d’éviter de déclencher des querelles qui nuiraient à leur statut et à leur capacité d’action », a affirmé Olmert.
Olmert a déclaré qu’un des chefs de la sécurité israélienne lui avait dit que Netanyahu le « discréditait et le rabaissait » et que l’ancien Premier ministre avait dû le convaincre de ne pas démissionner.
Olmert a également défendu son propre bilan en tant que membre du gouvernement qui a mis en œuvre le désengagement de Gaza en 2005, déclarant que contrairement aux affirmations selon lesquelles le retrait « nous a exposés à des risques de sécurité » et a provoqué le terrorisme, le Hamas tirait des roquettes sur Israël « même avant le désengagement et a continué à le faire après également ».
Il a toutefois admis avoir manqué une occasion de vaincre le Hamas lors de l’Opération « Plomb Durci » entre 2008 et 2009.
« J’avais ordonné à l’armée de préparer un plan qui nous permettrait d’entrer dans la bande de Gaza et d’y rétablir l’ordre », a-t-il expliqué.
« Dans la première phase, nous avions parlé de l’occupation de la partie nord et d’une tentative d’épuration des éléments du Hamas, suivie du nettoyage du [corridor Philadelphi] et de l’axe de Rafah. Les forces présentes dans le sud seraient ensuite reliées aux troupes occupant la moitié nord de Gaza afin d’éliminer le pouvoir du Hamas dans l’ensemble de la bande de Gaza. »
Cependant, « ce qui s’est passé, c’est que le ministre de la Défense de l’époque, Ehud Barak, a pensé qu’il y avait une chance de parvenir à un accord avec le Hamas qui permettrait un cessez-le-feu ou une trêve prolongée », a-t-il poursuivi.
« J’ai demandé au général en chef combien de temps il nous faudrait pour prendre le contrôle du corridor Philadelphi, et il m’a répondu ’48 heures’. J’ai demandé combien de temps il nous faudrait pour Rafah, et il m’a répondu ‘trois semaines’. J’ai demandé combien de personnes seraient tuées, et il m’a répondu ’75’. Lors de la réunion du cabinet, ils ont présenté des chiffres différents et encore plus exagérés. »
« Il était clair qu’il y avait une situation ici un mois et demi avant les élections, avec un Premier ministre qui avait démissionné et tout un establishment de sécurité qui s’était opposé à l’action militaire », a souligné Olmert, arguant qu’il n’avait pas la légitimité pour approuver le plan plus ambitieux d’occupation de Gaza.