Otages du Hamas : la douleur qui broie les mères
A l'initiative du Forum des familles des otages et disparus, deux mères israéliennes sont venues sensibiliser l'opinion sur le sort des plus de 240 otages aux mains du Hamas
« Cela fait 30 jours maintenant et nous n’avons aucune nouvelle de lui ». Le sourire éclatant du jeune homme illumine la photo posée devant Galia David, une Israélienne qui témoigne à Athènes de l’enlèvement de son fils cadet Evyatar lors de l’attaque sanglante du Hamas il y a un mois.
« Je suis sûre que vous tous ici avez des familles et que vous pouvez comprendre ce que cela fait quand un frère, une mère, une grand-mère, une personne que vous chérissez vous est arrachée », ajoute cette femme qui balaie ses larmes derrière ses fines lunettes ovales.
A l’initiative du Forum des familles des otages et disparus, cette Israélienne originaire de Kfar Saba (centre) est venue lundi en Grèce, accompagnée de son fils aîné Ilay, 26 ans, sensibiliser l’opinion sur le sort des plus de 240 otages aux mains du groupe terroriste islamiste, selon Israël.
Dans cette salle de conférence d’un grand hôtel d’Athènes, une autre mère a disposé elle aussi une photo d’un jeune homme tout sourire. Almog Meir, 21 ans, originaire d’Or Yehuda, à l’est de Tel Aviv, enlevé par le groupe terroriste islamiste palestinien.
Cauchemar
« Mon fils est allé à une fête et il a été kidnappé (…) Notre vie est devenue un cauchemar mais ce cauchemar est notre réalité », souffle Orit Meir, la voix brisée par la douleur.
Des milliers de terroristes du Hamas se sont infiltrés le 7 octobre sur le sol israélien où ils ont commis l’attaque la plus barbare depuis la Shoah.
Plus de 1 400 personnes ont péri dans des circonstances atroces, majoritairement des civils tués le jour de l’attaque. Le group terroriste islamiste palestinien a également fait plus de 240 otages, emmenés à Gaza.
« La dernière fois que j’ai vu (Almog), c’était le vendredi à 23 heures (le 6 octobre, NDLR) quand il a quitté la maison avec ses amis pour se rendre dans un grand festival dans le sud d’Israël », raconte Orit Meir.
C’était « une fête de la paix et de l’amour », insiste-t-elle. Une rave party où des centaines de jeunes, comme son fils et Evyatar David, ont dansé et se sont amusés avant que 270 d’entre eux ne tombent sous les tirs du Hamas.
Le 7 octobre, à 7h45 du matin, la sonnerie du portable de Mme Meir retentit. Almog.
« Maman, les roquettes tombent de partout. Je ne sais pas ce qui se passe. Maman, je t’aime ».
Dans la salle de conférences, la voix d’Orit Meir se brise encore. Mais elle se reprend et raconte les heures noires qui ont suivi. Une courte vidéo postée par le Hamas dans laquelle elle reconnaît « immédiatement » Almog. « Il était allongé sur le sol. Il était terrifié, terrifié ».
Depuis, plus rien.
« Nous ne savons pas s’il est vivant », lâche cette femme blonde venue à Athènes avec l’oncle de son fils, Aviram.
La mère d’Evyatar David et son frère décrivent eux aussi l’angoisse qui les broie, jour et nuit, les prive de sommeil, les empêche de se nourrir.
« J’ai perdu la notion de temps », assure Galia David. Et c’est son fils aîné Ilay qui raconte les deux vidéos postées le 7 octobre dans lesquelles apparaît Evyatar, 22 ans.
Dans l’une, ses geôliers brutalisent le jeune homme qui a les mains attachées dans le dos. Dans la seconde, « il est allongé sur le sol dans une pièce sombre (…) Ils sont cinq gars, ils sont tous terrifiés », explique son frère.
« Nous ne nous consacrons qu’à un seul objectif : ramener notre fils, notre bien-aimé, à la maison », ajoute Galia David, dont les propos en hébreu sont traduits en anglais.
L’oncle d’Almog Meir, Aviram, souligne qu’avec l’attaque du 7 octobre et les prises d’otages, le Hamas « a bafoué les lois de l’humanité ».
Mais de sa voix forte et déterminée, cet homme qui vit dans le kibboutz de Bahan, veut délivrer un message avant de rentrer en Israël.
« Nous voulons vivre en paix avec les Palestiniens (…) Nous devons trouver un chemin pour une vie en paix, une longue vie ensemble ».