Israël en guerre - Jour 466

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Ouverture critiquée d’un centre de recherche de l’université de Columbia à Tel Aviv

L'ouverture de ce nouveau pôle mondial entraîne la polémique parmi les professeurs américains ; il servira à "entrer en lien avec les individus et avec les institutions"

La façade de la bibliothèque Butler sur le campus de l'université Columbia. (Crédit : Wikimedia Commons)
La façade de la bibliothèque Butler sur le campus de l'université Columbia. (Crédit : Wikimedia Commons)

JTA — L’université de Columbia a annoncé qu’elle allait ouvrir un « pôle mondial » à Tel Aviv alors que les personnels de la vénérable institution d’enseignement supérieur américaine se divisent entre partisans et opposants à cette décision.

Ce centre universitaire servira de pôle pour les chercheurs et pour les universitaires locaux désireux de travailler avec les personnels académiques, les étudiants et les anciens élèves de Columbia sur un certain nombre de problématiques locales et internationales. Il y a déjà dix centres de ce type qui ont été ouverts par l’université privée de la ville de New York sur tout le globe.

Le pôle mondial de Tel Aviv permettra à l’université « d’entrer en lien avec les individus et avec les institutions, ainsi qu’avec la communauté des anciens élèves en Israël, les rapprochant de la vie actuelle au sein de l’université », a commenté le président de Columbia, Lee C. Bollinger, dans une déclaration faite lundi. Il a ajouté que le centre se focalisera sur les questions du changement climatique, sur les technologies, sur l’entrepreneuriat, sur les arts, sur les sciences humaines, sur la biologie, sur la santé et sur la médecine.

Columbia a d’ores et déjà tissé des liens avec Tel Aviv par le biais de l’université de Tel Aviv. Les deux établissements d’enseignement supérieur ont mis en place un programme de double diplôme en 2019, même si ce dernier a dû faire face aux objections des étudiants et des professeurs.

Depuis des décennies, l’université américaine est plongée dans un débat animé sur le conflit israélo-palestinien, à la fois de la part de ses professeurs et de ses étudiants et dans les mois qui avaient précédé l’annonce de l’ouverture du pôle, un groupe d’enseignants de Columbia avait vivement recommandé à l’institution de renoncer à son projet à Tel Aviv. En février, Katherine Franke, professeure de droit, avait fait circuler une lettre ouverte dénonçant l’ouverture du centre. Ce courrier avait été signé, mardi, par 95 enseignants, selon le Columbia Daily Spectator, une publication étudiante.

La lettre fait référence à des violations aux droits de l’Homme commises par Israël ainsi qu’aux politiques mises en place par la coalition au pouvoir, qui comprend des partis d’extrême-droite et qui fait avancer actuellement un projet de réforme radicale du système judiciaire en Israël, un plan qui a entraîné des manifestations massives et des troubles dans le pays.

« Nous sommes particulièrement inquiets à l’idée que l’université de Columbia prenne cette initiative téméraire d’ouvrir un pôle mondial à Tel Aviv à ce moment très précis, avec ce nouveau gouvernement élu qui est largement considéré – voire par tout le monde – comme le plus conservateur, le plus réactionnaire, le plus à droite de toute l’histoire d’Israël », continue la lettre. « Que Columbia investisse dans un nouveau centre en Israël au moment même où la communauté du pays et la communauté nationale s’éloignent dans un contexte d’opposition concertée et forte aux politiques mises en place par le gouvernement pourrait faire de Columbia non seulement une exception, mais également une collaboratrice de ces mêmes politiques. »

Si le courrier note, de manière générale, que les pôles mondiaux de l’université ont servi « d’empreinte académique libérale » dans d’autres pays où les régimes peuvent être stricts, il n’évoque pas les antécédents en matière de droits de l’Homme des autres États où ils sont installés. Les autres dix pôles de Columbia se trouvent à Amman, en Jordanie ; à Athènes, en Grèce ; à Pékin ; à Istanbul; à Mumbai en Inde ; à Nairobi, au Kenya; à Paris; à Rio de Janeiro; à Santiago, au Chili et à Tunis, en Tunisie.

La lettre affirme également qu’Israël interdira les anciens élèves ou affiliés sur la base de leur nationalité, de leur identité ou de leurs idéologies politiques.

Franke elle-même avait eu l’interdiction d’entrer sur le territoire en 2018, aux côtés de Vincent Warren, du Centre pour les droits constitutionnels, parce qu’ils avaient été accusés d’avoir soutenu le mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions) anti-israélien. Tous les deux avaient nié, à l’époque, être des partisans du mouvement BDS, selon Haaretz. A peu près au même moment, avait signalé une chronique écrite par Roger Cohen dans le New York Times, Bollinger se trouvait lui-même au sein de l’État juif pour évoquer son projet de pôle mondial.

La lettre fait aussi remarquer qu’il y a « des inquiétudes substantielles sur le pouvoir des donateurs finançant l’université à prendre en son nom des décisions majeures, comme c’est le cas avec l’établissement de ce pôle mondial à Tel Aviv, au détriment des consultations avec les personnels de l’université. » La lettre ouverte ne mentionne pas les noms spécifiques des donateurs et elle ne détaille pas la manière dont des pressions auraient ainsi été exercées.

En réponse à la lettre d’opposition, des personnels académiques favorables au projet du pôle mondial de Tel Aviv ont formulé leur propre communiqué. Ils ont affirmé que les pôles étaient indépendants des gouvernements des pays où ils sont installés et qu’ils ne signalent pas une adhésion aux valeurs prônées par les dirigeants en place dans chaque nation.

« La décision d’ouvrir un centre dans chacun de ces pays ne s’est jamais basée sur des considérations politiques, mais plutôt sur la nécessité de renforcer le statut de Columbia en tant qu’université de recherche mondiale », a dit le communiqué. « Pour un pays de sa taille, Israël possède une infrastructure d’universités et autres ressources académiques, culturelles, religieuses, scientifiques, technologiques, juridiques et artistiques inhabituellement riches, et les universités israéliennes entretiennent des liens intellectuels avec toutes les facultés qui forment l’université de Columbia. »

Ce communiqué de soutien, qui a été signé par plus de 170 professeurs à plein-temps, a été écrit par Ester R. Fuchs, enseignante en sciences politiques ; Nicholas Lemann, doyen émérite de l’école de journalisme de Columbia; David M. Schizer, doyen émérite et professeur de droit à la faculté de droit de Columbia et Matthew C. Waxman, professeur de droit.

Il a aussi noté qu’Israël avait de meilleurs antécédents en matière de droits de l’Homme que d’autres pays accueillant des pôles de l’université – comme la Chine et la Jordanie – ajoutant que de nombreux signataires n’approuvent pas les politiques du gouvernement actuel.

« Il n’est pas nécessaire de soutenir les politiques du gouvernement actuel en Israël – ce n’est pas le cas pour un grand nombre d’entre nous – pour reconnaître qu’une telle mise au ban d’Israël n’est pas justifiée », a fait remarquer le communiqué. « Appliquer un double standard à Israël, et à Israël seulement, peut être perçu par un grand nombre comme une forme de discrimination, ce qui est largement compréhensible ».

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