Paula Padani, la « danseuse palestinienne » juive, est présentée dans une exposition à Paris
Cette danseuse, née en Allemagne et exilée en Palestine mandataire avec la montée du nazisme, a parfait son art à Tel Aviv avant de se produire en Europe et devant des rescapés de la Shoah
Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris inaugurera, à partir du 14 novembre 2024, une nouvelle exposition consacrée à la danseuse au destin hors-norme Paula Padani.
Née à Hambourg au sein d’une famille juive polonaise, Paula devient orpheline à l’âge de douze ans. La danse, qu’elle pratique depuis son plus jeune âge, lui donne la force de se reconstruire. Elle décide d’étudier à Dresde auprès de Mary Wigman, figure emblématique de la danse moderne allemande.
Mais l’avènement du IIIe Reich détruit ses espoirs d’un avenir professionnel en Allemagne et elle décide de s’exiler en 1935.
Elle rejoint clandestinement la Palestine mandataire en 1936 et intègre un groupe d’exilés germanophones au sein de la bohème de Tel Aviv. D’abord danseuse sous la direction de Gertrud Kraus, elle se lance rapidement dans la création de ses propres spectacles solo, influencés par l’expressionnisme, l’histoire biblique, les traditions orientales et les paysages palestiniens.
Entre 1947 et 1948, elle reçoit une invitation de l’American Joint Distribution Committee et se produit dans des camps de personnes déplacées de la zone d’occupation américaine en Allemagne, offrant son art aux survivants de la Shoah.
Cet engagement humanitaire donne naissance à une période prolifique de récitals à Paris, en Europe et à New York, où elle est célébrée par la presse comme la « danseuse palestinienne », symbole d’espoir dans la période d’après-guerre.
Au début des années 1950, elle s’installe à Paris avec son époux, le peintre Michael Gottlieb, et se consacre à l’enseignement. Elle meurt en 2001.
Le musée présente 140 photographies, affiches et costumes qui ravivent l’essence des solos de Paula Padani, grâce au don effectué par sa fille Gabrielle Gottlieb de Gail.
L’exposition retrace le parcours atypique de la chanteuse, de ses années à l’école de danse de Dresde à son passage par la scène émergente de Tel Aviv, puis son retour en Europe et ses représentations devant les rescapés de la Shoah.
De nombreux photographes, tels que Himmelreich, Goldman, Triest ou Hausdorff, ont suivi sa carrière en Palestine, et leurs images témoignent de l’effervescence artistique de Tel Aviv dans un contexte international tragique.
L’histoire de Paula Padani sera racontée au musée pendant un an, jusqu’à novembre 2025.