Israël en guerre - Jour 478

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Pour certains maires, les inculpations n’empêchent pas une réélection

Sous le coup d'une enquête de police, le chef du conseil de Tamar conserve son poste. C'est le cas aussi dans les villes de Netanya, Hadera et Nazareth

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Miriam Feirberg-Ikar, maire de Netanya, pose pour une photo dans une rue de Netanya, le 6 mars 2017. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)
Miriam Feirberg-Ikar, maire de Netanya, pose pour une photo dans une rue de Netanya, le 6 mars 2017. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Le chef d’un conseil régional qui a plaidé coupable dans une affaire d’abus de confiance, deux candidats condamnés pour des violations aux législations sur la construction et les maires en place de Netanya, Hadera, et Nazareth, qui font tous l’objet d’enquêtes criminelles, ont été réélus mardi lors du scrutin local qui a eu lieu dans le pays.

Ces résultats sont survenus alors que l’issue de plusieurs des courses électorales les plus scrutées, impliquant des responsables locaux en proie à des poursuites judiciaires – notamment le maire d’Ashkelon, Itamar Shimoni, qui passe actuellement devant les tribunaux en raison de pots-de-vin – n’était pas encore définitivement arrêtée mercredi après-midi.

Le chef du conseil régional de Tamar, Dov Litvinoff, se maintient à son poste malgré une inculpation en date du 11 octobre. Sous les termes d’un arrangement passé avec la justice, Litvinoff reconnaîtra avoir approuvé un transfert de fonds publics à hauteur de 400 000 shekels de la Division des implantations de l’Organisation sioniste mondiale à une entreprise privée, apparemment une société-écran. Cet argent était une commission de 25 % payée à Alex Wiznitzer, alors président de la compagnie des eaux de Mekorot, qui avait obtenu un important dédommagement au conseil régional de la part du parti Yisrael Beytenu.

Litvinoff levait des fonds pour construire un centre de recherche dans le secteur de la mer Morte. Il est également accusé d’avoir procédé à un autre abus de confiance.

Le chef du conseil régional de Tamar, Dov Litvinoff pousse le ministre du Tourisme Yariv Levin sur une chaise roulante sur la promenade d’Ein Boqek, le 3 avril 3, 2017. La promenade a été conçue avec des facilités d’accès pour les personnes à mobilité réduite. (Crédit : Mickey Lengental)

Les procureurs souhaitent une peine de neuf mois d’emprisonnement pour Litvinoff. Ils veulent assortir un facteur de conduite immorale à leur condamnation. Le procureur général a tenté de le faire suspendre en demandant à un panel spécial du ministère de l’Intérieur de se réunir pour lui faire quitter son poste – une demande rejetée par la commission.

Sous la loi israélienne, les candidats peuvent se présenter à des postes dans les autorités locales malgré des inculpations et des condamnations, et leurs noms ne peuvent être disqualifiés qu’en cas de condamnation pour un crime associé à une conduite immorale reconnue.

A Netanya, la maire Miriam Feirberg-Ikar a remporté un cinquième mandat avec environ 50 % des votes. Soutenue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa campagne, Feirberg-Ikar est au centre d’une enquête criminelle depuis 2016. Les procureurs doivent encore annoncer s’ils envisagent une inculpation dans son dossier, qui tourne autour de fraudes présumées et d’abus de confiance au bénéfice de promoteurs immobiliers.

Le maire de Nazareth Ali Salam, qui avait fait savoir au mois de mai qu’il faisait l’objet d’une enquête, a également été réélu. La police avait indiqué au printemps avoir placé en détention un certain nombre de responsables municipaux en vue d’interrogatoires portant sur des soupçons de vol, de fraudes et d’abus de confiance.

Ali Salam, maire de Nazareth, comparaît devant la Cour suprême à Jérusalem le 30 janvier 2014 (Crédit : Flash90).

A Hadera, le maire en exercice Tzvika Gendelman va conserver lui aussi ses fonctions après avoir engrangé 40 % des voix. Au mois de juin 2018, Gendelman avait fait partie des suspects qui avaient été interrogés par l’unité de police anti-corruption, le Lahav 433, après un raid mené à l’aube dans leurs habitations et dans leurs bureaux. Il avait dû répondre aux questions des agents sur des pots-de-vins présumés, des délits fiscaux et de corruption et il était resté une semaine en détention.

Le chef du conseil de Turan, dans le nord d’Israël, Imad Dahla, soupçonné d’avoir promis des nominations politiques en échange d’un soutien lors du scrutin local en 2013, l’a emporté avec une majorité de 75 % des votes.

Deux autres candidats avaient été par le passé, condamnés pour avoir contrevenu aux législations sur la construction.

A Haïfa, Einat Kalisch Rotem est devenue la première femme maire de cette ville côtière du nord du pays. Il s’agit d’un bouleversement majeur qui a sanctionné le départ du maire en exercice, Yona Yahav, après 15 ans à ce poste. Urbaniste et architecte de métier, Kalisch Rotem avait été condamnée au mois de mars dernier pour avoir construit une maison de trois étages à Zichron Yaakov sans permis de construire, selon le quotidien économique The Marker. Elle avait écopé d’une amende de 30 000 shekels.

A Beer Yaakov, le chef du conseil Nissim Gozlan a été réélu malgré une condamnation en 2015, pour avoir fait avancer un projet sans permis de construire. Gozlan avait été condamné à payer une amende de 17 000 shekels et il lui avait été interdit, comme à d’autres responsables municipaux impliqués dans l’affaire, de se rendre aux réunions de planification de la municipalité pendant deux ans. Gozlan lui aussi, a été soutenu par Netanyahu.

D’autres candidats faisant l’objet d’une enquête ont échoué.

Le maire de Nahariya, Jacky Sabag, quitte ainsi ses fonctions après presque trois décennies. En 2008, il avait été condamné pour avoir écoulé des eaux usées dans la mer Méditerranée, et il avait dû s’acquitter d’une amende de 8 000 shekels. Le maire, âgé de 74 ans, avait une nouvelle fois attiré l’attention de la police au mois de juillet 2018, avec un interrogatoire portant sur des soupçons d’abus de confiance dans le cadre d’une enquête qui, selon les médias israéliens, remonterait à 2013 et reste encore ouverte.

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri (G) avec le maire de Nahariya Jacky Sabag le 8 décembre 2016. (Crédit : Yaacov Cohen/Flash90)

A Zichron Yaakov, l’ancien chef du conseil régional Eli Aboutboul a été battu par son opposant Ziv Deshe. En 2016, Aboutboul avait démissionné après que la police a recommandé qu’il passe devant la justice pour extorsion de fonds. Cette recommandation n’a toutefois jamais débouché sur une inculpation de la part des procureurs.

Alors que le décompte des bulletins n’est pas terminé, les autorités doivent encore déterminer le résultat final de Shimoni à Ashkelon, actuellement en procès pour pots-de-vins et abus de confiance, et qui a été suspendu de ses fonctions par le ministère de l’Intérieur.

Au mois de février 2017, Shimoni avait été accusé d’avoir accepté des pots-de-vin pour un montant total de 466 000 shekels, et d’abus de confiance pour avoir accepté la somme supplémentaire de 575 000 shekels de la part de sources inconnues alors qu’il était maire de la ville. Il avait été également accusé de fraude fiscale. Des accusations de harcèlement sexuel contre lui avaient été pour leur part abandonnées.

La maire d’Ashkelon Itamar Shimoni à la cour des magistrats de Rishon Lezion, le 12 janvier 2016 (Crédit : Flash90)

Un panel du ministère de l’Intérieur avait suspendu Shimoni de ses fonctions au mois de février 2017 pendant un an, prolongeant sa suspension ultérieurement jusqu’à la fin du mois de novembre 2018. Shimoni a fait de son avocat le numéro deux de sa liste de parti pour faire de lui son suppléant en cas de victoire. Mercredi matin, Shimoni se trouvait à la traîne derrière son rival, l’actuel maire d’Ashkelon, de 200 voix seulement – même si les bulletins des soldats de l’armée israélienne et des prisonniers n’ont pas encore été pris en compte.

Shimoni, 50 ans, avait été élu maire en 2013 avec 52 % des voix.

La candidature de Yossi Ben David à Yehud, reste également indéterminée. Au mois d’août, l’ancien maire de Yehud avait été accusé de fraude, d’abus de confiance et de délits fiscaux pour avoir fait avancer des accords immobiliers entre 2009 et 2013, qui auraient favorisé son ami, un entrepreneur, dont il était « dépendant financièrement de manière significative », selon l’acte d’accusation.

Pour le moment, le maintien de Khaled Tatur, chef du conseil Reineh israélo-arabe en Galilée, reste également incertain. Il avait été accusé d’extorsion, d’abus de confiance et de fraude au mois de novembre 2017 en raison d’un incident qui avait eu lieu au début de l’année 2014, peu après sa prise de fonction.

Dans la ville de Rishon Lezion, dans le centre du pays, le maire Dov Zur est également dans l’attente des résultats finaux du vote, même s’il semble qu’il soit prêt à se diriger vers un second tour au milieu du mois de novembre car aucun autre candidat n’est parvenu à réunir au moins 40 % des voix. Zur avait été suspendu pendant 45 jours lorsqu’il avait été arrêté au début du mois de décembre, pour son implication présumée dans une affaire de pots-de-vin qui avait impliqué le député du Likud David Bitan — ancien adjoint au maire de Rishon Lezion – et d’autres personnalités de haut rang au sein des municipalités de Rishon Lezion et de Tel Aviv.

Dov Zur, maire de Rishon Lezion, arrive devant le tribunal de première instance de Rishon Lezion pour la prolongation de sa suspension provisoire, le 7 décembre 2017 (Crédit : Avi Dishi / Flash90)

Zur est soupçonné de pots-de-vin, de fraude et d’abus de confiance pour avoir fait la promotion de certains projets de construction dans la ville avec des prestataires, avait indiqué la police à ce moment-là.

Avant l’élection, le bureau du procureur de l’Etat, ces derniers mois, a terminé les enquêtes impliquant des responsables locaux, mettant un terme à une grande partie de ces affaires sans retenir d’accusations – et dévoilant le nombre vertigineux de responsables locaux ayant fait l’objet d’une enquête de police ces dernières années.

Au cours des six derniers mois seulement, des affaires ont été closes sans retenir d’accusations pour de nombreux responsables en quête d’une éventuelle réélection : le maire de Safed, Ilan Shochat; le maire de Kiryat Shemona, Nissim Malka; celui de Ramat Gan, Yisrael Zinger; le maire de Mevasseret Zion, Yoram Shimon (qui a été le seul à se présenter); le maire de Kiryat Motzkin, Chaim Tzuri; le maire de Dimona, Beny Biton; le chef du conseil local de Har Adar, Chen Filipovich; le chef du conseil régional de Hevel Modiin, Shimon Sosan; le responsable du conseil de Hatzor HaGlilit Council, Shimon Suissa; le membre du conseil de Jérusalem et candidat à la mairie Moshe Lion, et le candidat à la tête de la municipalité de Petah Tikva, Rami Greenberg.

La liste interminable des candidats faisant l’objet d’une enquête de police est devenue un test de Rorschach pour les militants anti-corruption et pour ceux qui fustigent la police, les premiers affirmant qu’elle est la preuve de la corruption rampante et systémique au sein des conseils locaux israéliens, et les derniers critiquant ce qu’ils décrivent comme une police avide de s’attaquer aux conseils locaux – pour finalement ne rien trouver.

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